6 avril 2020

Iron Mike, une déclaration d’amour à la danse

A l’issue du Battle Opsession qui se déroulait les 21 et 22 février au Lieu Unique, Fragil est allé à la rencontre du danseur rennais Mike Hayford (alias Iron Mike), vainqueur de la catégorie Popping avec plus de 20 ans de carrière à son actif.

Iron Mike, une déclaration d’amour à la danse

06 Avr 2020

A l’issue du Battle Opsession qui se déroulait les 21 et 22 février au Lieu Unique, Fragil est allé à la rencontre du danseur rennais Mike Hayford (alias Iron Mike), vainqueur de la catégorie Popping avec plus de 20 ans de carrière à son actif.

Fragil : Le début de ton parcours en quelques mots ?

Iron Mike : J’ai vraiment commencé la danse en 1997 à Rennes, d’abord avec le break puis après en debout. J’ai commencé dans le groupe « imperial 35 » puis Rencontre du troisième style (avec Hon, bboy Bruce et bboy Junior, Rudboy Cesar, Jeff, Yann) avec lequel on a remporté beaucoup de titres. On a été les premiers à s’exporter en France et à faire parler de la Bretagne.

« … il mettait de la musique tout le week-end, il arrêtait que le dimanche soir. »

Fragil : Peux-tu nous raconter comment tu as découvert la danse hip hop ?

Iron Mike : Par mon père et mon grand frère. C’était naturel, mon père nous faisait écouter de tout, il collectionnait plus de 10 000 vinyles. Du coup, je terminais l’école le vendredi à 16h30 et il mettait de la musique tout le week-end, il arrêtait que le dimanche soir. Pendant les vacances aussi, c’était musique à fond. Parfois on regardait une série américaine à la télé, c’était sans le son juste les images avec la musique en fond. Quand on faisait des soirées chez d’autres familles, il y avait des battles entre les parents et les enfants, je me souviens de la boule à lumière violette qui faisait ambiance de soirée, c’était un délire. Du coup tous les albums, que ce soit funk, hip-hop, soul, r&b ou rhythm and blues, pas besoin de trier, il les avait tous. Les références vraiment underground, c’est mon père qui me les a apprises.

Un moment qui m’a marqué à vie, c’est quand j’ai vu mon frère danser pour un concours à Villejean : personne n’en revenait. C’est là que j’ai réalisé que ce qu’il faisait c’était magique parce que comme je restais toujours chez moi, pour moi tout le monde dansait comme ça. C’était normal alors qu’en fait il avait un niveau de fou ! Je m’en souviendrais toujours, j’avais 5 ans et demi. 

Après dès qu’il y avait des soirées en famille, je restais regarder tout le temps. Il faisait plein de moves que je vois toujours personnes faire aujourd’hui… On disait qu’on dansait “le funk”, parce que le terme “popping” n’existait pas à l’époque.

« J’étais le plus ancien du line-up, double pression pour moi »

Fragil : Et te voilà vainqueur de la catégorie Popping, en 2020 au Battle Opsession. Quelle est ta réaction quand tu le remporte après plusieurs participations ?

Iron Mike : J’étais super content, je réalise que maintenant en fait. Hier quand [Nasty] a dit 3, 2, 1 et qu’il m’a désigné je ne me rendais pas compte. Je réalise mieux maintenant mais ça prend du temps de redescendre après avoir été concentré comme pour ce battle. J’étais le plus ancien du line-up, double pression pour moi, ce n’était pas évident car on est très peu de ma génération à participer encore en battle, c’était un challenge supplémentaire

© CLACK

Fragil : Comment se présentait la demi-finale contre Sonya ?

Iron Mike : J’étais déjà tombé contre elle en demi-finale, mais hier elle a vraiment mis la barre haute : c’était la MVP qu’il fallait battre. Pour moi, c’était la finale.

© CLACK

Fragil : La finale était serrée, comment l’as-tu sentie face à Joël Brown ?

Iron Mike : Contre Joël j’avais vu ça comme un échange car il fait parti de cette nouvelle génération que j’apprécie en tant que danseur et en tant que personne. La fierté était aussi présente derrière tout ça car nous sommes tous les deux d’origine ghanéenne et je trouvais vraiment cool d’avoir une finale de ce genre. Donc je me sentais bien et détendu pour montrer mon expérience dans mes passages. J’aime aussi beaucoup son style, il dégageait de la confiance et il ne s’est pas laissé faire, ce que je respecte… C’est le futur ! 

« … c’était vraiment symbolique pour moi de remporter le titre 20 ans après. »

Fragil : Tu as déjà été juge de la catégorie popping en 2010 et 2017, quelle est ta motivation pour continuer de te challenger en tant que participant ?

Iron Mike : En fait j’avais déjà participé plusieurs fois mais je n’avais jamais remporté le titre. L’année dernière j’étais arrivé jusqu’en finale, j’étais vraiment près du but et j’avais perdu. En 2019, ça faisait exactement 20 ans que j’avais joué pour la première fois à Hip Opsession. A l’époque c’était des soirées showcase auxquelles je participais avec Imperial 35. Donc c’était vraiment symbolique pour moi de remporter le titre 20 ans après.


Battle Opsession 2019, finale popping à 2h03 : Iron Mike vs Cintia

Fragil : Quand on a déjà été juge de la catégorie, on a de grande chance de remporter le battle, non ?

Iron Mike : Non pas vraiment, on commence rarement par remporter le battle avant d’être juge du même événement. On gagne des prix à côté, on commence à être reconnu et c’est de là qu’on nous appelle pour juger. Celui-là [le Battle Opsession] je ne l’avais jamais gagné, je l’avais jugé directement et en France c’était l’un des titres que je n’avais jamais eu et que je voulais vraiment cocher. Le fait de l’avoir raté en 2019 m’a donné encore plus envie de le gagner cette année, c’était vraiment ma bête noire. J’aime bien sentir que j’ai tout fait dans un événement, Hip Opsession j’avais tout fait sauf gagner.

© CLACK

« … je veux continuer ma recherche dans la technique de popping pur et dur. »

Fragil : C’est chose faite ! Tu danses en tant que pro depuis tes 16 ans, est ce que ça t’arrives d’être en manque d’inspiration ?

Iron Mike : Première chose c’est la musique. Certains danseurs ne cherchent plus qu’à être efficace en battle. Moi je veux continuer ma recherche dans la technique de popping pur et dur. Je travaille davantage ma condition physique aussi parce que les années passent, mais c’est vrai que ce n’est pas toujours évident de trouver l’inspiration. C’est pour ça que la demi-final d’hier contre SonYa était intéressante, ce n’est pas une danseuse de la nouvelle génération, elle a de l’expérience, c’est ça qui a fait que la magie a opéré ce soir là.

© CLACK

Fragil : Dernière question, pourquoi danses-tu ?

Iron Mike : Parce que j’aime ça… C’est en moi, je l’aime la danse.

Merci beaucoup pour tes réponses et peut-être à l’année prochaine pour la 17e édition du Battle Opsession !

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Ne ratez aucun événement sur le site d’Hip Opsession ou sur la page Facebook du festival.

Dédicaces à sa soeur Linda (cie Insideout), au groupe Avengers, la cie Zombeavers, doc Brown (avec qui il a fondé l’association Westcoast project), Frédéric Damato (son coach mental qui lui a beaucoup apporté), Groove Control, Panel large family et sa famille : son fils Isaia et tous ses proches, amis et acteurs du hip hop en Bretagne.

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Etudiante en communication, passionnée par les arts et le spectacle vivant. Je danse et j’écris un peu, parfois.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017