• MidiMinuitPoésie par la Maison de la Poésie - Nantes (2 rue des Carmes)
9 octobre 2023

Le festival MidiMinuitPoésie 2023 ouvre une fenêtre aux ressources positives de la fragilité

La 23ème édition de MidiMinuitPoésie démarre cette semaine. Du 10 au 14 octobre, La Maison de la Poésie de Nantes propose une programmation généreuse et riche en rencontres. Auteur·es, artistes nous connecteront au monde réel ou à l’imaginaire par leurs lectures à voix nue, musicales… Un marathon poétique, trois thématiques, cinq jours, neuf lieux, une quarantaine d’invité·e·s et entrée libre pour toutes et tous !

Le festival MidiMinuitPoésie 2023 ouvre une fenêtre aux ressources positives de la fragilité

09 Oct 2023

La 23ème édition de MidiMinuitPoésie démarre cette semaine. Du 10 au 14 octobre, La Maison de la Poésie de Nantes propose une programmation généreuse et riche en rencontres. Auteur·es, artistes nous connecteront au monde réel ou à l’imaginaire par leurs lectures à voix nue, musicales… Un marathon poétique, trois thématiques, cinq jours, neuf lieux, une quarantaine d’invité·e·s et entrée libre pour toutes et tous !

Fragil a rencontré Magali Brazil, la directrice de la Maison de la Poésie Nantes et directrice artistique du festival pour explorer le programme de cette 23e édition et plus particulièrement la première thématique abordée, l’ « Éloge de la fragilité ».

Éloge de la fragilité

En fait, MidiMinuitPoésie s’est emparé de la thématique actuelle du Passage Sainte Croix, « Éloge de la fragilité » parce les deux structures sont souvent partenaires. Sur ses murs, vous trouverez d’ailleurs accrochée, depuis le 28 septembre, Fragiles, l’exposition de photos du collectif Tendance Floue.

Exposition Fragiles au Passage Sainte-Croix

Le Passage Sainte-Croix accueille, en plus de son exposition photo « Fragiles – Tendance Floue », une installation et des lectures et lecture-concert du festival MidiMinuitPoésie à partir du 6 octobre 2023.

Pour Magali Brazil, « la fragilité est souvent perçue comme une faiblesse dans notre monde d’aujourd’hui très compétitif ». Et son projet, c’est de prendre le contrepied et d’en faire l’éloge puisque effectivement il y a toujours une dimension de fragilité très présente dans la plupart des écrits poétiques. Ici, la fragilité s’entend donc au sens positif du terme « dans une approche sensible, empathique du rapport à l’autre». Elle ne manque pas de rappeler : « l’idée du festival, c’est quand même de proposer une poésie vivante, engagée sur des sujets cruciaux. Et donc on choisit des auteurs en connexion avec nos réalités et pour cette année lors du festival, des sujets très universels d’où la fragilité, le rêve, par ailleurs dans des approches un peu plus politiques aussi.».

La fragilité lors du festival est principalement abordée dans la thématique, et elle concerne aussi les personnes. Et Magali Brazil de préciser « nous sommes tous sensibles, mais finalement nous le développons ou l’exprimons de façon très différente. Donc les poètes comme nous tous, nous sommes tous fragiles. Souvent on le dissimule puisqu’il faut être fort. » Pendant le festival, les auteurs invités traitent cette question de fragilité dans un sens très positif. L’idée est de montrer que « la fragilité est une force ». Ainsi à travers les livres et les lectures, la fragilité devient une force fondatrice et féconde dans la façon d’appréhender les choses en l’occurrence la mort, la création, et d’autres sujets plus difficiles.

« Chaque fois » de Gwenaëlle Rébillard, auteure et plasticienne

Installation au Passage Sainte-Croix : « Chaque fois » de Gwenaëlle Rébillard, auteure et plasticienne

« Chaque fois » : lecture et exposition de Gwenaëlle Rébillard

La première proposition du festival commence à la médiathèque Luce Courville et se poursuit actuellement jusqu’au 12 octobre au Passage Sainte-Croix avec l’exposition « Chaque fois » de Gwenaëlle Rébillard. Cette dernière est artiste plasticienne. Magali Brazil précise « elle met au cœur de tous ces travaux plastiques, l’écriture. Très empathique, très sensible, elle a créé une installation centrée autour de la question du geste et de l’autre. C’est-à-dire qu’elle ne le décide pas, mais quand elle voit un geste ou qu’elle fait un geste qui lui fait penser soit à un ami proche ou à une personne publique, ça déclenche pour elle un très court poème qui définit ce geste et la personne. C’est parfois drôle, toujours sensible… Cet objet se présente comme une boîte à surprises avec plusieurs petites boîtes aux lettres où le public est invité à ouvrir les panneaux et donc découvrir le poème. » Nous la retrouverons également le jeudi 12 à midi pour une lecture en relation justement avec ces courts poèmes.

  • Exposition du 6 au 12 octobre – Passage Sainte-Croix
  • Lecture le jeudi 12 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix

« Et les regarder les fantômes » : lecture-concert de Pauline Catherinot et Bruno Chevillon

Pauline Catherinot est une poète lyonnaise qui a publié trois livres de poèmes. Elle viendra faire la lecture de « Et les regarder les fantômes » accompagnée d’un contrebassiste, Bruno Chevillon.
Son livre fait écho à la deuxième symphonie de Gustav Malher, « La Résurrection ». Il aborde la question des êtres disparus, du deuil et de la réapparition à travers les fantômes. Donc c’est aussi très intime. Magali Brazil évoque des poèmes avec « un souffle très scandé, très énergique et une rythmique » qui donneront lieu à une rencontre improvisée avec Bruno Chevillon à la contrebasse.

  • Lecture-concert le mercredi 11 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix

« HKZ » : lecture d’Antoine Mouton

C’est Antoine Mouton, auteur de roman, de récits mélangeant poèmes, prose et images qui terminera l’éloge de la fragilité avec la lecture de « HKZ, le livre du revenir ». « Un récit à l’écriture hybride de la vie d’une comédienne qui s’appelle Hermine Karagheuz, qui était son amie depuis longtemps et surtout une personne très libre, voire fantaisiste, amoureuse des plaisirs de la vie. Antoine Mouton raconte la fin de sa vie. Mais finalement, c’est très lumineux, d’une justesse extrême sans pathos. Cela révèle une fragilité très positive sur cette question-là, une poésie très délicate qui coule tout seule. », c’est ainsi que Magali Brazil présente ce livre qui peut toucher tout le monde car chacun, à un moment de sa vie, est lié à un deuil.

  • Lecture le vendredi 13 octobre – 12h45 – Passage Sainte-Croix
Affiche MidiMinuitPoésie #23

Affiche du festival MidiMinuitPoésie (visuel Guillaume Dorvillé)

Une programmation riche et éclectique

A l’éloge de la fragilité succéderont d’autres thématiques.

« Identités en territoires discriminés » avec « La foufoune not so in love ces jours-ci » de Léonora Miano et Francis Lassus et « Caillasses live » de Joëlle Sambi et Sara Machine (beatmakeuse)

  • Soirée lecture-concert le 11 octobre – 19h30 au Pannonica – Salle Paul Fort

« Cyberworlds »

« Cyberworlds » interroge à travers la voix des poètes l’actualité du principe de réalité, à l’ère de l’ultraconnectivité, des intelligences artificielles et des métaverses. Le réel est-il devenu une simple application parmi d’autres ? Une soirée questionne, par la pratique poétique, le mirage d’un sensible autogénéré.

  • Lectures et performances jeudi 12 octobre – 19h30, École des Beaux-Arts Nantes avec Théo Casciani, Juliette Mézenc et Claude Closky
  • Entretien samedi 14 octobre – 14h15 avec Théo Casciani et Juliette Mézenc animé par Julien Bellanger (Jet FM) – le lieu unique

« Capitale Songe »

Une thématique pour expérimenter et ouvrir des possibilités littéraires sur le phénomène des rêves et leur rôle, tant sur l’imaginaire et les corps que dans ses dimensions scientifiques, politiques, psychologiques, philosophiques.

  • Table ronde vendredi 13 octobre – 16h avec Lucien Raphmaj, Muriel Pic et Julien Boutonnier animée par Pascal Massiot (Pop’Média) à la Maison Paganelli
  • Lectures-projection et conférence-performance vendredi 13 octobre – 21h avec Lucien Raphmaj, Muriel Pic et Julien Boutonnier à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes

De midi à minuit au Lieu Unique

Le samedi 14 octobre, le marathon poétique du samedi qui a donné son nom au festival clôturera MIDIMINUITPOÉSIE#23.

Un format de 12 heures, de midi à minuit. 11 performances de 25 minutes qui se succèdent au Lieu Unique, entrecoupées d’entretiens et de rencontres-dédicaces à l’espace librairie. Toute la palette de ce qui existe en écriture : des auteurs qui écrivent avec des sensibilités très différentes et qui sur scène aussi exploitent, développent des formes ou formats très différents : lecture, lecture-concert, lecture-projection.
Le samedi, pas de thématique, bien au contraire du contraste entre les uns et les autres !

  • Lectures, lectures-concerts, performances, entretiens, librairie, espace bar samedi 14 octobre -12h00-24h00 au Lieu Unique

BTP, Braderie Totalement Poétique

La Maison de la Poésie de Nantes, c’est aussi une médiathèque. L’occasion pour celle-ci de brader des livres lors d’un événement festif avec notamment Fantazio qui ouvrira le festival place du Change pour une soirée mêlant performances et lectures.

  • Performance mardi 10 octobre – place du Change avec Fantazio (voix, contrebasse), Francesco Pastacaldi (batteur), Yurie Hu (clavier), Yodel (installation plastique) et braderie de 1032 livres, prix à la chaussette !
Magali Brazil, directrice de la Maison de la Poésie

Magali Brazil, directrice de la Maison de la Poésie a une annonce à vous faire

Pour en savoir plus sur la programmation complète : Programme MidiMinuitPoésie

Tribune : L’éducation aux médias, une priorité pour lutter contre le cyber-harcèlement

Yassine Benameur et Ahlima Mhamdi. Photo : Alexandre Calleau.

Opéra à Éauze : une Carmen aux couleurs d’un pays natal

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017