2 mai 2018

Edwy Plenel discute démocratie à Audencia

Ce jeudi 26 avril Edwy Plenel et Alexandre Malafaye sont venus à Audencia Sciences-Com nous dépeindre les travers de la démocratie Française.

Edwy Plenel discute démocratie à Audencia

02 Mai 2018

Ce jeudi 26 avril Edwy Plenel et Alexandre Malafaye sont venus à Audencia Sciences-Com nous dépeindre les travers de la démocratie Française.

Invités par l’association étudiante Isegoria, le célèbre journaliste Edwy Plenel et le fondateur du Think Tank Synopia, Alexandre Malafaye, sont venu discuter autour du thème « La démocratie, et après? ».

Au vu de la montée en puissance du populisme et de la perte de crédibilité des partis Les Républicains et le Parti Socialistes, c’est une question qui est au cœur des préoccupations actuelles. Bien sûr ce n’est pas la première fois que le président de Mediapart la traite. « Les gens ont besoin d’un nouveau souffle démocratique » avait-il dit, il y a un peu plus d’un an, sur RTL.  Depuis la création de Mediapart, le journaliste a fait de ce sujet son cheval de bataille et il en va de même pour le président de Synopia.

« Il faut refaire la démocratie »

Alexandre Malafaye n’avait que 10 minutes pour nous présenter son opinion mais il a su le faire avec brio et simplicité.

Pour cela, il est revenu sur les points clés de son idéal démocratique, comme le droit de tout à chacun d’être bien gouverné, l’urgence de retrouver la légitimité du pouvoir politique et celle d’unir la nation plutôt que de la diviser autour des clivages entre la droite et la gauche.

Il a également insisté sur l’importance du vote blanc que nous ne prenons pas assez en considération. « Je reste convaincu qu’il faut que la population puisse dire qu’elle ne veut pas de Pierre Paul Jacques si Pierre Paul Jacques ne lui convient pas. » a-t-il affirmé. Il explique enfin que, pour lui, Synopia est un moyen de répondre à ces défaillances démocratiques.

The right to know

Edwy Plenel n’est pas venu contredire son compère mais plutôt le compléter. Il est venu questionner la démocratie et son évolution depuis la Révolution française. De La Boetie à Albert Londres, Edwy Plenel a voulu insister sur les droits des minorités, les bouleversements démocratiques liés à internet et  la signification de l’égalité.

En tant que journaliste, il a également souligné l’importance du droit de savoir ou right to know en Anglais. Comme beaucoup de ses compères, il estime que l’accès à l’information est primordial pour pouvoir porter un jugement,  » Il faut connaître la personne pour laquelle on vote, sinon, on peut voter pour son pire ennemi ».

Enfin, après un cours plaidoyer sur les excès de la jeunesse qu’il estime comme logiques: « il faut parfois entendre la créativité, l’audace et l’innovation de cette jeunesse » a-t-il ajouté, il a appuyé sur la capacité à être capable de penser la démocratie individuellement mais aussi collectivement.

 Un court débat

Après ces quelques 45 minutes de discours prononcé par Edwy Plenel, est venu le temps du débat. Un débat à sens unique, presque, sans réel contradiction. il semblait plus être un temps d’apprentissage pour le public. Finalement les invités n’ont répondu qu’à sept questions, qui ne s’inscrivaient pas vraiment dans une volonté  d’opposition mais plutôt de compréhension. Ils ont rebondis sur des sujets brûlants comme les manifestations des étudiants, des chemineaux, des hôpitaux ou de notre dame des landes. A la question: « Les minorités ont, certes, le droit de s’exprimer mais ont-elles aussi le droit d’imposer leurs opinions aux autres ? », le journaliste de Médiapart a répondu que les minorités agissantes n’avaient pas toujours raison mais qu’en France, faire la grève est un droit, que tout dépend, alors, de comment nous décidons de pratiquer la démocratie.

Sur une autre interpellation autour de la légitimité de la presse subventionnée Alexandre Malafaye et Edwy Plenel, se sont, tous deux, mis d’accord sur l’importance d’une presse libre qui ne dépend pas des humeurs du gouvernement. Des propos à modérer surement lorsqu’on pense à certains magazine qui dépendent énormément des annonceurs, ou des grands groupes parfois corrompus mais aussi à tous ces médias associatifs qui n’existeraient pas sans ces aides de l’Etat.

Ces trois heures se sont clôturé autour de la question très controversée du bien-fondé et de l’éventuelle innovation du combat des zadistes à Notre Dame des Landes. Ce sur quoi M. Plenel a rebondi en nous rappelant les changements de gestion des terres après la lutte du Larzac.

Omar Meftah, amuseur anti-politiquement correct, à fleur de peau, à fleur de mots

Les Forges : "facilitateurs de liens"

Étudiante en information et communication, artiste à ses heures perdues, cinéphile, sériephile et fan inconditionnelle de culture au sens large du terme

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017