18 février 2022

Politique et Médias en débat au Spot 15-25 de Guérande

Les 16 et 17 février, l'association Fragil est intervenue auprès des jeunes du Spot 15-25 ans de Guérande pour une initiation à la politique à travers les médias français.

Politique et Médias en débat au Spot 15-25 de Guérande

18 Fév 2022

Les 16 et 17 février, l'association Fragil est intervenue auprès des jeunes du Spot 15-25 ans de Guérande pour une initiation à la politique à travers les médias français.

Financé par le conseil départemental à travers l’appel à projets “Jeunesse et Citoyenneté”, l’atelier “Initiation politique à travers les médias français” a été animé au Spot 15-25 de Guérande en deux sessions de deux heures les 16 et 17 février, l’occasion pour les jeunes présents d’affiner leurs connaissances aussi bien en terme de politique que de médias.

L’affiche présentant le projet réalisée par le Spot 15-25

“Tout le monde peut faire de la politique”

Après un temps d’accueil dédié à l’interconnaissance des participants et participantes ainsi qu’à la présentation du programme des deux ateliers, l’animateur de Fragil les a invitées à remplir un court questionnaire de trois questions : “Selon moi, à quoi ça sert la politique ?” (réponses : “à établir des règles”, « à élire un président et à faire vivre des idées sur la vie actuelle”, “à donner l’opinion du peuple”, “à faire entendre l’opinion publique, à le représenter”, “la politique est dans la vie de tous les jours”), “Selon moi, qui peut faire de la politique ?” (réponses quasi-unanimes : “tout le monde”), “Comment savoir si un média suit une orientation politique ?” (réponses : “en fonction de son opinion et de ce qu’ils disent”, “en regardant si les candidats de droite ou de gauche sont plus cités ou dénigrés”), questions qui ont suscité de la perplexité parmi certains jeunes qui n’y ont pas répondu.

Les jeunes du Spot 15-25 lors de l’accueil

Pour rentrer dans le vif du sujet, un débat mouvant leur a été proposé. Le principe du débat mouvant est simple : des phrases sont proposées, un côté de la pièce pour les personnes “d’accord”, l’autre côté pour les personnes “pas d’accord”, le tout dans le respect du débat, écouter les arguments sans intervenir puis répondre en argumentant à son tour.

La première phrase  “Il faudrait que la politique se focalise sur le bien-être du peuple” a dès le début suscité un long débat : bien sûr que le bien-être du peuple doit être au centre des préoccupations politiques, tandis que les opposants et opposantes rétorquaient qu’avant de se préoccuper du bien-être du peuple, les politiques doivent par exemple s’assurer du bien-fondé de ces revendications ainsi que des finances de l’État.

La deuxième phrase a provoqué des interrogations : “Il faudrait que les médias ne soient pas politisés”. Dans un premier temps, certains et certaines découvraient ainsi que les médias avaient une couleur politique. Dans un second temps, ils et elles se sont interrogés pour savoir comment reconnaître la tendance politique des médias, intérêt de ces deux ateliers. Pour finir, ils et elles ont convenu qu’il était normal et plutôt sain que la pluralité d’idées politiques se retrouve à travers les médias.

La troisième phrase a mis tout le monde d’accord : “Il faudrait que la politique soit plus influencée par le peuple”. En effet, les participants et participantes étaient unanimes pour dire que la politique est déjà très influencée par le peuple. Cependant, l’un des jeunes a évoqué le fait qu’il faudrait peut-être plus de référendums afin que le peuple puisse s’exprimer directement sur certaines décisions politiques. Une autre a rétorqué que pour donner son avis, il fallait être suffisamment informé et que ce n’était pas le cas de tout le monde.

La quatrième phrase a fait l’objet de critique pour ce qu’elle exprimait : “Il faudrait qu’il y ait plus de débats politiques dans les établissements scolaires”. Les jeunes étaient tous d’accord pour modifier l’énoncé. Pour elles et eux, il faudrait que ce soit des initiations politiques et non des débats. De plus, “établissements scolaires” leur a semblé trop vague, “il faudrait que ce soit dans des lycées, mais ni dans des collèges, ni dans des écoles primaires”, a ainsi précisé l’un des participants.

Des débats riches, respectueux et éclairants pour la plupart des jeunes présents.

Droite, gauche, de quoi on parle ?

La deuxième partie de ce premier atelier était entièrement consacrée à la réflexion autour de l’histoire et des valeurs de la droite et de la gauche.

En visionnant la courte vidéo “1 jour, 1 question” sur le sujet, les participants et participantes ont ainsi découvert que cette dichotomie provenait de la Révolution française : la droite de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale était constituée des défenseurs du Roi de couleur bleue comme celle du souverain, tandis que la gauche rassemblait les opposants au Roi, de couleur rouge. Ils et elles ont ainsi découvert quelques différences entre les deux forces politiques : la liberté notamment d’entreprendre pour la droite, la réduction des inégalités pour la gauche. Sans oublier que ces deux forces cherchent la même chose, que le pays se porte le mieux possible, en empruntant des chemins différents.

LEs deux colonnes, valeurs de droite et valeurs de gauche

Ensuite, l’animateur leur a proposé de lister les valeurs de la droite et celles de gauche. Dans la colonne de “gauche”, on retrouvait les termes “égalité, santé, développement durable, droit pour tous, équité”, tandis que dans celle de “droite”, les jeunes ont placé “conservateur, entreprenariat, individualisme, enrichissement personnel”. Un exercice qui leur a permis de débattre une nouvelle fois, tous les termes ne faisant pas l’unanimité chez tous les participants et participantes.

Pour finir, l’animateur leur a proposé plusieurs situations en leur demandant de répondre à la problématique selon les valeurs de la droite, puis selon celles de la gauche. Pour “Que faire face à la pollution urbaine ?” ils et elles ont proposé l’idée d’octroi de subventions pour l’achat de voitures électriques selon la droite et la promotion des transports verts pour la gauche. Pour “Que faire face au harcèlement de rue ?”, ils et elles ont proposé plus de police pour la droite et plus de prévention dans les écoles pour la gauche.

L’influence de la politique sur les médias

La deuxième session de deux heures était orientée vers la compréhension de l’influence de la politique sur les médias.

Un premier atelier leur a proposé des questions mises en parallèle avec des Unes de journaux. “À quoi servent les impôts ?” était ainsi mise en miroir avec une Une de Libération et une autre du Figaro pour permettre de réfléchir au traitement du même sujet par les deux quotidiens.

Même procédé avec les questions “Que faire avec nos frontières ?”, mise en parallèle avec une Une du magazine L’Obs et une de Valeurs Actuelles.

Et “Comment vivre en sécurité ?”, illustrée par le journal XXI et une Une de Le Point. Une manière de comprendre le traitement de l’information selon la couleur politique du média qui, comme ils et elles l’ont découvert, délivre une information en la traitant selon les valeurs politiques défendues par les différentes rédactions.

Un deuxième exercice leur a permis de peaufiner leurs connaissances des différents médias français en classant les Unes selon leur appartenance politique. Énormément de médias étaient représentés et les débats entre les participants et participantes ont été riches pour déterminer s’ils défendaient des valeurs de droite ou de gauche. En parallèle, Maxime, le responsable du Spot 15-25, les a interrogés sur d’autres journaux, pour vérifier leur compréhension de l’échiquier politique. Par exemple, « Charlie Hebdo, plus de droite ou de gauche ? » Instinctivement, l’un des participants a répondu « de droite ». Pourquoi ? « Parce qu’ils tapent sur tout le monde, ça ressemble plus à la droite ». Une jeune présente a précisé que ce n’était pas une raison et que, pour elle, « Charlie Hebdo était plus un journal de gauche ». Un nouveau débat a débuté pour aboutir à la réflexion que Charlie Hebdo avait de sérieux penchants anarchistes, qui correspondent plus à des valeurs d’extrême-gauche. Ensuite, pour chacune des Unes, ils et elles ont dû expliquer les raisons de leur choix.

Les jeunes classant les Unes de journaux

En guise de conclusion, l’animateur leur a proposé de répondre à un nouveau questionnaire, histoire de voir comment leurs connaissances avaient évolué entre le premier et le deuxième atelier. On pouvait y retrouver les trois mêmes questions que dans le premier avec des ajouts : “Est-ce plus simple pour toi de te placer sur l’échiquier politique français ?”et “Qu’est-ce que tu retiens de ces deux ateliers, en une phrase ?”. En dépouillant les réponses, on note que la grande majorité des jeunes peut désormais se placer sur l’échiquier politique français, qu’ils et elles ont bien compris l’opposition droite-gauche, tout en retenant que “les deux forces politiques ont le même but mais des chemins différents” ainsi que “dans tous les médias, il y a de la politique”.

Ces ateliers ont permis de remettre la politique au cœur de la vie de tous les jours, non seulement à travers les médias, mais également en analysant les propositions des différents camps. À quelques semaines de l’élection présidentielle, ces quatre heures ont permis aux participants et participantes de mieux comprendre la façon dont l’information leur est délivrée en fonction de leur média de prédilection, ainsi que de développer leur esprit critique et leur citoyenneté.

L'association Thouaréenne Les Fritillaires a choisi l'écologie à l'échelle locale

Fiers et tremblants : un pont entre le rap et la chanson française. À voir à la Bouche d’Air le 8 mars

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017