3 mai 2018

Les Forges : « facilitateurs de liens »

« Facilitateurs de liens ». C’est par ces termes que l’équipe de l’association Les Forges aime se définir. Un écho à un statut de médiateur qui tend à prévenir, orienter et informer les personnes en situation de précarité et de vulnérabilité quant à leurs problématiques quotidiennes.

Les Forges : « facilitateurs de liens »

03 Mai 2018

« Facilitateurs de liens ». C’est par ces termes que l’équipe de l’association Les Forges aime se définir. Un écho à un statut de médiateur qui tend à prévenir, orienter et informer les personnes en situation de précarité et de vulnérabilité quant à leurs problématiques quotidiennes.

C’est en 2008 que l’aventure commence. Les Forges, dont le nom fait référence au camp d’internement de la Forge de Moisdon-la-Rivière installé pendant la seconde guerre mondiale, est créé par Une Famille Un Toit 44 et l’Association Départementale Gens du Voyage Citoyens de Loire Atlantique. Les deux structures souhaitent alors mutualiser leurs moyens autour des problématiques liées aux gens du voyage. Quand en 2011 un besoin de médiation est exprimé par les gens du voyage, qui accusent le manque de dialogue avec les collectivités, son activité réelle débute et aboutit en 2013 à une émancipation vis-à-vis des deux structures fondatrices.

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De gauche à droite : Jean Aulnette, président ; Grégory Ouvrard, chargé de projet ; Cécile Coutant, responsable de service

Association Les Forges

L’activité et ses enjeux

Membre du réseau national France Médiation, Les Forges décline ses activités en 3 services:
• La médiation sociale sur les aires de vie des gens du voyage.
• La médiation locative à destination des locataires d’habitats sociaux visant à prévenir la rupture sociale entre bailleurs et locataires.
• La médiation en santé à destination des gens du voyage et des migrants de l’Europe de l’Est.

Aujourd’hui, six salariés ainsi qu’un à deux services civiques annuels font vivre le projet et doivent s’adapter à des enjeux multiples qui ne cessent d’évoluer. Scolarisation des enfants, compréhension de papiers et démarches administratives, tensions liées au stationnement… Il s’agit d’offrir une approche individualisée à chaque profil rencontré en allant à sa rencontre et en établissant un climat de confiance favorisant le dialogue. Quatre médiateurs se déplacent ainsi sur les différents lieux de vie des gens du voyage notamment, dans le cadre d’une veille constante visant à relever la source des besoins et leur nature.
Depuis ses débuts, l’association a pu observer des améliorations notables tels qu’un apaisement des relations entre les différents acteurs et une reconnaissance du statut de médiateur. Néanmoins, des difficultés quotidiennes subsistent. Il y a notamment les découragements que peuvent amener le manque d’instantanéité des différentes actions menées, le manque de cohérence éventuel entre les acteurs impliqués ou encore le sentiment parfois de s’immiscer dans la vie privée de personnes susceptibles de mal interpréter la démarche.

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Page d'accueil du site web de l'association Les Forges

De multiples projets parallèles

Afin de favoriser le succès de la médiation, Les Forges lance en 2015 l’AparThé. Ce café itinérant offre un cadre plus informel qui tend à faciliter le dialogue entre le public et les acteurs extérieurs qui y sont régulièrement conviés. L’association participe également au dispositif « Chantier découverte et remobilisation » porté par la Ville de Nantes. Il s’agit de chantiers de 4 semaines auxquels participent des jeunes de 16 à 21 ans. S’ils étaient à l’origine exclusivement à destination des jeunes de quartiers sensibles, les
voyageurs y sont désormais inclus et peuvent ainsi prendre part à cette initiative collective. La suite? En plus de l’approfondissement du pôle santé, Les Forges est en cours de développement d’un projet de médiation sociale numérique. Avec la multiplication des démarches en ligne, il s’agirait de faciliter leur accès et leur compréhension en créant un site web référence comprenant des liens et tutoriels utiles.

Envie d’en savoir plus ? Retrouvez l’actu de l’association sur son site web

Edwy Plenel discute démocratie à Audencia

Making of d'un reportage photo sur la ZAD

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017