14 décembre 2018

Les Fake News et l’Europe

Trois étudiantes en Master « Ingénierie en projets européens et internationaux » à l’Université de Nantes ont sollicité Fragil pour animer un café citoyen/café débat sur le thème des élections européennes, et plus précisément sur les Fakes News et la désinformation. Cette rencontre a eu lieu le mercredi 12 décembre 2018 au Théâtre Universitaire.

Les Fake News et l’Europe

14 Déc 2018

Trois étudiantes en Master « Ingénierie en projets européens et internationaux » à l’Université de Nantes ont sollicité Fragil pour animer un café citoyen/café débat sur le thème des élections européennes, et plus précisément sur les Fakes News et la désinformation. Cette rencontre a eu lieu le mercredi 12 décembre 2018 au Théâtre Universitaire.

Dans le cadre d’un projet supervisé par Lucile Allanos, chargée de projets pour la Maison de l’Europe, Paola Gaffiero, Krizstina Gyorgy, Krstine Kirakosiani, trois étudiantes en Master « Ingénierie en projets européens et internationaux » à l’Université de Nantes, ont organisé un café citoyen/café débat autour des Fake News et de la désinformation, notamment dans le cadre des élections européennes qui auront lieu l’année prochaine.

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Informer et sensibiliser

Le but affiché de cette rencontre était d’informer et de sensibiliser sur l’importance de ces élections tout en encourageant l’adoption d’un esprit critique sur l’information et les médias.

Une trentaine de personnes de tous âges et de tous horizons (avec tout de même une majorité d’étudiantes et d’étudiants) se sont réunies dans l’espace café du Théâtre Universitaire pour assister au débat animé par madame Turmo, enseignante à l’université de Nantes et responsable du Master « Ingénierie en projets européens et internationaux », et Merwann Abboud, chargé de projets médiatiques et numériques pour l’association Fragil.

Il a tout d’abord été question de la définition des Fake News ou Infox, comme on les appelle désormais en français. Notons au passage que la réponse spontanée du public a été de traduire Fake News par « fausse information », alors que Fake ne signifie pas fausse, mais plutôt contrefaçon. Une infox est donc une contrefaçon d’information avec la volonté délibérée de la diffuser et de tromper son audience. On fabrique des Fake news par intérêt financier (trafic sur le site = publicité), par intérêt idéologique (pour influencer l’opinion publique), par intérêt humoristique (le gorafi, nordpresse.be).

Elles sont soit émises par des hommes et femmes politiques (un peu plus d’un an après le début de son mandat, Trump avait déjà proféré plus de 4200 fake news, soit un ratio de 7,5 par jour), soit crées sur des sites cherchant à augmenter leur flux et donc leurs revenus publicitaires, soit in fine relayées sur les réseaux sociaux.

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La lutte contre les Fake news

Il a ensuite été question des moyens de lutter contre leur prolifération. Nous avons donc évoquer la méthodologie permettant de se prémunir : il s’agit de questionner la source de l’information, puis de questionner l’information en elle-même (sa cohérence, le message est-il clair et structuré ?, l’information est-elle lisible et cohérente ?), puis finalement de questionner l’objectif de l’information (renseigner ou choquer, émouvoir, critiquer…).

Nous avons également abordé les sites à notre disposition pour débusquer ces Fake News : en évaluant la fiabilité d’un site grâce au Décodex (Le monde), en utilisant les outils de fact-checking tels que AFP Factuel sur Twitter, Arrêt sur images, les Décodeurs, le Desintox (Libération), Vrai ou Fake (france info), hoaxbuster, What the fake (youtube)…

Pour finir, nous avons appréhendé les Fake News sous l’angle des élections européennes. La représentation en France de la commission européenne a lancé les Décodeurs de l’Europe, une campagne de communication desintox sur l’Union Européenne. L’objectif de cette communication grand public, constituée de 40 fiches sur des thèmes au cœur des préoccupations des citoyens français et européens, est de prendre le contre-pied des affirmations négatives et souvent erronées qui circulent sur l’Union européenne, préjugés solidement ancrés dans les opinions des Français, mais le plus souvent déconnectés de la réalité.

Place au débat

Le débat qui a suivi cette présentation a essentiellement porté sur la fiabilité des sources d’information. Un étudiant s’est notamment interrogé : « Comment faire confiance à toutes ces rédactions de fact-checking qui appartiennent à de grands médias français, tous gérés par une poignée de millionnaires ? ». Et comment être sûr que l’auto-censure n’empêche pas les journalistes les plus vertueux à taire certaines informations de peur de froisser un actionnaire ou, pire, de perdre son job ?

Les échanges furent riches et intéressants.

En espérant que les participantes et participants sont repartis avec un esprit critique un peu plus affuté.

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Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017