12 avril 2018

Un Dom Juan moderne, punk et rock à la salle Vasse

La compagnie Instant(s) à proposé le mardi 3 avril à la salle Vasse une représentation de Dom Juan de Molière mise en scène Par Hervé Richardot. Fragil y était pour vous.

Un Dom Juan moderne, punk et rock à la salle Vasse

12 Avr 2018

La compagnie Instant(s) à proposé le mardi 3 avril à la salle Vasse une représentation de Dom Juan de Molière mise en scène Par Hervé Richardot. Fragil y était pour vous.

Troupe de comédiens professionnels passionnés par la transmission de leur savoir, la Compagnie Instant(s) a été crée en 2001 à Elven dans le Morbihan. Au-delà des spectacles qu’elle organise, elle propose également du théâtre-forum et du théâtre pour des publics jeunes. Il s’agit de mettre en avant un théâtre populaire et porteur de sens, qui permette à chacun de se divertir, de réfléchir sur soi et sur le monde.

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Gaël Morvan

Un Dom Juan très moderne

Dom Juan est une pièce écrite par Molière en 1665. Le héros est un séducteur invétéré. Pour parvenir à ses fins, il utilise son fidèle serviteur Sganarelle témoin privilégier de ses exploits il brave tous les interdits et donne comme seul sens à sa vie la quête du plaisir immédiat. Récemment marié Elvire son épouse, pour une nouvelle conquête.
Sur la scène de la salle Vasse, la Compagnie Instant revisite Dom Juan dans un style moderne, rock et punk avec quatre comédiens et une comédienne et un musicien sur scène qui joue en live une création originale, fil conducteur de la pièce.
La scénographie est somptueuse avec la représentation de la terre en globe, le soleil et la lune mêlée avec des draps. Ce décor nous permet de nous interroger sur la place de Don Juan dans la pièce et sur les enjeux relationnels qu’il entretient. Et en même temps, on s’interroge sur notre place aussi.

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Gaël Morvan

L’histoire

Sauvé d’un naufrage par un paysan, Dom Juan convoite aussitôt la fiancée de son sauveur, puis une autre paysanne, promettant à chacune le mariage. Après la rencontre d’un mendiant dont il tente en vain d’acheter la conscience en le faisant blasphémer, il sauve la vie de Dom Carlos, frère d’Elvire, qui renonce à venger l’honneur de sa sœur. Toujours flanqué de son valet Sganarelle, il défie la mémoire du Commandeur, qu’il a lui-même tué, en invitant sa statue à dîner. Les visiteurs qu’il recevra ensuite, son père, son épouse, un mystérieux spectre, essaieront en vain de le convertir au bien. Cependant, son châtiment est inéluctable.
Sganarelle ayant assisté silencieux au dialogue félicite son maître de sa nouvelle conversion, certain que la merveille de la statue « mouvante et parlante » soit cause du repentir de son maître. Dom Juan avoue à Sganarelle que cette conversion n’est qu’hypocrisie : «l’hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine ». Sganarelle est scandalisé et affirme à son maître : « Il ne vous manquait plus que d’être hypocrite pour vous achever en tout point, et voilà le comble des abominations » et conclut à la fin d’un long et grotesque raisonnement que « par conséquent, [il sera] damné à tous les diables ».

Dom Carlos, le frère de Done Elvire, arrive pour réclamer le règlement de son affaire : Dom Juan est-il d’accord pour confirmer que Done Elvire est sa femme ? Dom Juan esquive la question et affirme qu’il vient de décider de quitter « tous les attachements du monde » et qu’il se retire dans un couvent : « ce n’est point moi qui veux me battre : le Ciel m’en défend la pensée », déclare-t-il hypocritement.

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Gaël Morvan

Sganarelle multiplie les reproches et les mises en garde auprès de son maître. Et Dom Juan de répondre que si le Ciel veut donner son avis sur sa conduite, il doit parler un peu plus clairement.
Un Spectre, « en femme voilée », apparaît alors et annonce à Dom Juan qu’il doit immédiatement se repentir, sinon il sera châtié. Dom Juan fait l’incrédule et alors que le Spectre « change de figure et représente le Temps avec sa faux à la main », il s’entête dans son refus du repentir.
La Statue arrive, invite Dom Juan à lui donner la main pour le suivre au souper et lui reproche son « endurcissement au pêché ». Dom Juan est alors rongé par des flammes qui le brûlent et Sganarelle, tout en affirmant que par cette vengeance tout le monde est content, réclame ses gages.

Dénouement

Dom Juan est un séducteur car il ne s’aime pas lui même. Il est en quête de sens, en quête de lui-même et il utilise ses conquêtes pour trouver cet amour propre.
Cette pièce nous interpelle sur le rapport du désir et à la reconnaissance de la construction de l’individu. Elle nous donne plusieurs pistes de lectures et permet de s’interroger sur Dom Juan.
Touchante et profonde, la pièce amène énormément d’interrogations sur le sens de la vie.

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Passionnée de théâtre et d’art, je vous en parlerai dans mes articles sans oublier tous les sujets de société qui me touchent : le féminisme, les discriminations et l’environnement.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017