30 avril 2024

Hors Jeu à la médiathèque Lisa Bresner : échanges autour de la question de la place des femmes en Iran

Le mercredi 24 avril était projeté le film Hors-Jeu du réalisateur iranien Jafar Panahi à la médiathèque Lisa Bresner située dans le quartier Bellevue à Nantes. Organisée par la médiathèque dans le cadre du Club Ado en partenariat avec le Festival des 3 Continents, la séance était suivie d’un temps d’échange entre le public et Léa Leboucq, chargée des publics et de la médiation au sein de l’association.

Hors Jeu à la médiathèque Lisa Bresner : échanges autour de la question de la place des femmes en Iran

30 Avr 2024

Le mercredi 24 avril était projeté le film Hors-Jeu du réalisateur iranien Jafar Panahi à la médiathèque Lisa Bresner située dans le quartier Bellevue à Nantes. Organisée par la médiathèque dans le cadre du Club Ado en partenariat avec le Festival des 3 Continents, la séance était suivie d’un temps d’échange entre le public et Léa Leboucq, chargée des publics et de la médiation au sein de l’association.

Tourné en juin 2005, au moment où se déroulait le match de qualification entre l’Iran et le Bahreïn pour la Coupe du Monde de football 2006, le long-métrage Hors-jeu nous plonge dans une fiction construite sous la forme d’un documentaire avec des comédien∙nes amateur∙ices. Le spectateur suit six jeunes femmes iraniennes arrêtées par la brigade des mœurs pour être venues assister à la rencontre en dépit des lois de la République islamique d’Iran leur interdisant l’accès aux manifestations sportives. Son réalisateur, Jafar Panahi, est un cinéaste très politisé, « il fait des films qui ont un ancrage politique, qui parlent de la société iranienne. C’est un homme qui est opposé au pouvoir, il est considéré comme un cinéaste subversif par rapport à la situation politique de son pays. » détaille Léa Leboucq, quelques minutes avant la projection devant un public intergénérationnel d’une soixantaine de personnes parmi lesquelles des adolescent·es, des adultes et des seniors.

Pour ces raisons, le réalisateur a été contraint de produire son film dans la clandestinité, « Hors Jeu a été fait en secret, il a été tourné en neuf jours avec des acteurs et actrices non-professionnel.le.s. » poursuit-elle.

Un temps de discussion avec le public sur le film et son affiche

Après la séance, un temps de discussion avec les spectateur·ices a eu lieu. Une équipe de jeunes adolescentes d’un club de football de Bellevue, présentes lors de la diffusion, était invitée à échanger autour du film et de son affiche. Rapidement, un élément de l’image est relevé par l’une des joueuses, l’absence de regard sur les visages des six personnages féminins représentés. Selon elle, cela est dû au fait que « l’Iran est un pays islamique où ce n’est pas bien de représenter les yeux ». La façon dont sont dessinées les personnages féminins du film sur l’affiche, notamment « le fait qu’elles soient privées de leurs yeux nous montre qu’elles n’ont pas le droit de regarder le match. On y trouve une forme de métaphore où ces femmes sont privées de leur regard. » précise la chargée des publics du Festival des 3 Continents.

Un autre point ayant attiré l’attention du public lors de la discussion concernant l’illustration du long-métrage, c’est le titre de ce dernier, « Hors Jeu ». « Il y a vraiment deux sens dans le titre du film, effectivement cela fait référence à la règle du hors-jeu dans le football, et la deuxième interprétation c’est le fait que ces femmes sont vraiment mises en dehors du jeu, et plus largement de la société iranienne. Le réalisateur s’amuse ici à faire le parallèle entre le langage footballistique et une vision plus politique de ce qu’il veut raconter. » explique celle qui s’occupe aussi de la médiation au sein de l’association.

Affiche du film Hors Jeu de Jafar Panahi projeté lors du temps d’échange à la médiathèque Lisa Bresner.

Permettre un échange sur la question de la place des femmes en Iran

La séance organisée par la médiathèque Lisa Bresner en partenariat avec le Festival des 3 Continents dans le cadre du Club Ado vise à « proposer des films qui soient accessibles pour un public d’adolescent·es, qui permette de faire discuter les jeunes et d’échanger aussi avec des publics variés. » détaille Léa Leboucq. « L’idée de créer des séances intergénérationnelles ça nous intéresse, mais on part toujours de films qui nous plaisent avant tout, pour leur qualité formelle, leur qualité de cinéma et évidemment ce qu’ils racontent. » poursuit-elle.

Dans le même temps, jusqu’au 30 mai se tiennent plusieurs expositions, conférences et concerts à l’Espace Cosmopolis de Nantes sur l’histoire récente de l’Iran, de la révolution islamique de 1979 à la révolte du mouvement Femmes, Vie, Liberté lors des manifestations pour le droit des femmes en 2022. « C’était une façon pour nous de s’intégrer aussi à cette programmation là précise Léa Leboucq et puis de permettre un échange autour de la question de la place des femmes en Iran par le biais du cinéma et de remettre un coup d’éclairage sur le cinéma de Jafar Panahi. ».

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017