22 octobre 2018

Revue de presse de la semaine du 09/10 au 17/10

En ce mois d'octobre 2018, Fragil a fait le tour de la presse française et propose sa revue de presse pour apporter sa lecture autour du journalisme et du numérique.

Revue de presse de la semaine du 09/10 au 17/10

22 Oct 2018

En ce mois d'octobre 2018, Fragil a fait le tour de la presse française et propose sa revue de presse pour apporter sa lecture autour du journalisme et du numérique.

Regard sur le jeu en ligne Fortnite

Numerama, média spécialisé dans l’informatique et le numérique, a publié un article sur le modèle financier de Fortnite. Le jeu en ligne que l’on retrouve jusque dans les célébrations d’Antoine Griezmann, dispose d’une forte cote de popularité depuis la sortie du mode Battle Royale en mars 2017. Fortnite est omniprésent sur les réseaux sociaux et les pages d’accueil des plateformes Twitch ou YouTube croulent sous les vidéos du jeu. Grâce à Fortnite, l’éditeur Epic Games a engrangé 300 millions de dollars en sept mois. Pourtant le jeu est accessible gratuitement. La journaliste Marie Turcan s’est donc penchée sur le modèle économique de Fortnite afin d’essayer de comprendre d’où proviennent les bénéfices colossaux affichés par Epic Games.
Elle a recueilli les témoignages de joueurs sans parvenir à interroger de joueuses, se tournant vers des contenus facultatifs et payants pour bénéficier d’une autre approche du jeu.
L’article se concentre d’abord sur l’attractivité du jeu en évoquant le renouvellement constant du gameplay et les achats disponibles pour personnaliser son jeu sans pour autant influer sur l’expérience de jeu. Il est aussi question du lexique développé autour de Fortnite comme le surnom de bambi affublé aux débutants ou aux joueurs ayant un skin (apparence du jeu, équipement et style du personnage) de base. La journaliste revient ensuite sur la monnaie virtuelle, la V-Bucks, et expose le « piège du porte-monnaie virtuel ».

Le Fact-checking veille sur les réseaux sociaux

Apparu en France depuis une dizaine d’années, le fact-checking s’est intégré dans de nombreuses rédactions après la multiplication des contenus internet. Dans un reportage sur Arte intitulé « hyperconnectés : le cerveau en surcharge », la réalisatrice Laurence Serfaty précise qu’avec l’explosion du numérique, l’humanité produit désormais autant d’information en 2 jours qu’elle ne l’a fait en deux millions d’années.
C’est pourquoi, ces services de fact-checking n’ont jamais été aussi actifs et aussi nécessaires face à la masse d’informations présente dans nos vies quotidiennes.
La chaîne parlementaire s’est emparée du sujet des infox cette semaine pour comprendre le fonctionnement de cette forme de journalisme dans les rédactions.
Le reportage se concentre sur un exemple concret afin de relater le fonctionnement des vérifications autour des publications virales retrouvées sur les réseaux sociaux. En interrogeant le service de fact-checking de l’AFP, la vidéo démontre comment la supercherie peut s’étendre sur les réseaux et comment elle est progressivement débunkée par les journalistes dans ces services.

Mise au point sur l’écriture journalistique

Toujours concernant l’écriture journalistique et les formes du journalisme, Hugo Prévost de l’agence science presse nous aide à mieux comprendre le travail d’un journaliste. Une parenthèse qui paraît nécessaire dans notre revue de presse pour mieux appréhender le métier et différencier le journalisme d’opinion du journalisme de fait. Hugo Prévost évoque la multiplicité des formats dans son introduction, avec l’impact du numérique sur le traitement journalistique et le travail du journaliste. Il remet en perspective les différentes taches qui incombent aux journalistes, met l’accent sur la définition du journaliste ainsi que la frontière assez poreuse entre un chroniqueur et un journaliste. Une petite mise au point nécessaire dans une période d’incertitude médiatique et de mutation de la profession.

LCP présente « La plume dans la plaie« 

LCP a diffusé un documentaire captivant intitulé  « La plume dans la plaie« .  Le postulat de départ est plutôt novateur puisque l’idée est de former plusieurs jeunes en les accompagnant dans la réalisation d’une enquête. Encadrés pendant leur investigation par les journalistes du Monde,  Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ils se sont attachés à interroger l´islamisation de la société française en Seine-Saint-Denis. Le documentaire rend compte de la rencontre avec les différents interlocuteurs, l’élaboration de l’enquête étape par étape et le façonnement d’une idée à partir d’un angle précis. Le film propose une immersion au sein de la formation de jeunes journalistes et un récit d’une initiative innovante et plutôt originale. De plus, il permet d’identifier la difficulté du travail de journaliste, des méthodes journalistiques pour réaliser une enquête de qualité ainsi que l’exigence et la rigueur professionnelle qui doit en découler. La remise en question de ses propres croyances et perceptions est aussi au cœur du documentaire. Un reportage à voir sur le site de LCP.

On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle revue de presse.

Être femme ET tatouée

Le Dieu du carnage a fait trembler les murs du Cyclope

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017