8 décembre 2023

Les pratiques citoyennes au cœur de la collecte des déchets à Nantes

La collecte des déchets change de formule en cette fin d’année 2023. À cette occasion, Fragil a échangé avec Mahel Coppey, vice-présidente de Nantes Métropole déléguée aux déchets, à l’économie circulaire et à l’économie sociale et solidaire (ESS), sur les causes et les objectifs de cette évolution du tri sélectif.

Les pratiques citoyennes au cœur de la collecte des déchets à Nantes

08 Déc 2023

La collecte des déchets change de formule en cette fin d’année 2023. À cette occasion, Fragil a échangé avec Mahel Coppey, vice-présidente de Nantes Métropole déléguée aux déchets, à l’économie circulaire et à l’économie sociale et solidaire (ESS), sur les causes et les objectifs de cette évolution du tri sélectif.

Diminuer de 20% les déchets collectés à domicile d’ici 2030 par rapport à 2010, telle est l’ambition de Nantes Métropole grâce à la collecte des déchets 2.0. Avec 461 kilos de déchets par an et par habitant•e en 2021, contre 393 kilos en 2022, la « trajectoire de réduction » est bel et bien amorcée et s’accélère même pour notre interlocutrice.

Le point de départ du changement

Pour avoisiner les 356 kilos de déchets par an et par habitant•e en 2023, la ville procède à la « caractérisation des ordures« , soit l’équivalent d’une autopsie des poubelles. Verdict : les 2/3 du contenu de la poubelle bleue dédiée aux déchets ménagers pourraient être limités ou valorisés au lieu d’être simplement incinérés. On parle ici de 7% d’objets du quotidien réemployables en ressourcerie, de 25% de matières recyclables et de 32% de déchets alimentaires compostables.

Des retours d’expérience ont également amené Nantes Métropole à faire évoluer le tri des déchets recyclables. Le système Tri’sac, dont l’arrêt définitif est prévu pour 2024, posait notamment des problèmes d’organisation aux usager•ères ne sachant pas toujours où, quand et comment se procurer les sacs jaunes et bleus fournis par la ville dans le cadre de la collecte des déchets. L’homogénéisation des consignes de tri est aussi le mot d’ordre, puisque Tri’sac n’était pas mis en place dans toutes les zones de la cité des Ducs.

Les actions à mener

D’après Mahel Coppey, Nantes Métropole a le devoir de poursuivre un travail de sensibilisation autour de la règle des 5 R (refuser, réduire, réutiliser, recycler, rendre à la terre). Mise en œuvre du défi citoyen zéro déchet, participation à la Semaine européenne de la réduction des déchets, formation de plus de 2 000 élèves par an aux gestes de propreté et de tri, accompagnement des organisateurices d’événements concernant le tri sélectif et la lutte contre le gaspillage alimentaire : les interventions sont variées.

En ce moment, il s’agit surtout d’anticiper les besoins individuels en équipant les foyers en bacs jaunes et en seaux à compost, en installant des points d’apport volontaire (PAV) ou poubelles partagées à proximité des habitations, en organisant des espaces dédiés au réemploi en déchetterie, etc. Car, même si la valorisation des déchets et des matières est un levier majeur, « l’habitant est le premier acteur de la grande chaîne de collecte et de traitement des déchets » selon la conseillère métropolitaine. Les particuliers ne sont toutefois pas les seuls concernés par la question de la pollution et de l’empreinte écologique.

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Les nouveaux points d'apport volontaire (PAV) déployés progressivement à Nantes

Nantes Métropole - Rodolphe Delaroque, photographe

« On ne peut pas se contenter d’avoir des réflexions environnementales sans se dire que certaines personnes ont des fins de mois difficiles »

D’après Mahel Coppey, être un territoire sobre en ressources à tous les niveaux n’est pas envisageable sans prendre en considération le volet ESS de sa délégation, qui vise à placer l’humain au centre de l’économie et à répondre aux défis sociétaux.

Son objectif est également de faire émerger des solutions pour les entreprises, entre éco-conception, reconditionnement et réemploi. À Carquefou par exemple, l’entreprise Bout’ à Bout’ a récemment inauguré la plus grande usine de lavage de contenants en verre en vue de remettre la consigne au goût du jour. Pour notre interlocutrice, c’est là une belle initiative en faveur de l’économie circulaire.

Elle vise par ailleurs les normes européennes sur les biens de consommation qui, avant même l’acte d’achat des individus, ont des répercussions sur la collecte et le traitement des déchets. Réduire le plastique à la source et s’opposer au lobby du pétrole, pour qui la production de plastique a un véritable intérêt financier, voilà les enjeux sur lesquels nos député•es européen•nes doivent se mobiliser selon la vice-présidente de Nantes Métropole.

Rédactrice web dans une agence de référencement naturel côté pile et rédactrice bénévole pour Fragil côte face, je possède définitivement un attrait pour l'écriture. La littérature, le cinéma, le féminisme et l'écologie font partie de mes sujets de prédilection au quotidien.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017