“Il nous manquait un événement commun qui nous permettait de travailler tous ensemble”, se souvient Marine Rioult, coordinatrice de la « Fabrique en Scène(s) » en évoquant la première édition de l’événement en octobre 2018.
Pour cette “fabricante” depuis la création de “La Fabrique Dervallières” en 2010, et aujourd’hui responsable de production de la compagnie de danse hip-hop “Chute Libre”; ce rendez-vous annuel marque une étape essentielle de la vie du bâtiment associatif mis à disposition par la mairie de Nantes.
Représentant également l’association de danse hip-hop locale “La Base D”, Marine Rioult œuvre cette année avec Sarah Rousseau à la coordination logistique et administrative de l’événement. Un travail qu’elles estiment vertueux pour tou·te·s les acteur·rice·s présent·e·s, porté par une ligne directrice définie selon les envies de chacun·e.
Ouvrir les portes à tou·te·s
Dès sa première édition en 2018, la “Fabrique en Scène(s)” s’est inspirée d’actions similaires comme celles organisées par “Le Garage”, un lieu dédié à la création chorégraphique à Rennes. Ici, l’intérêt affiché par les fabricant·e·s est d’ouvrir les portes des studios pour les personnes du quartier, les Nantais·es, mais aussi d’autres professionnel·le·s. Un véritable moment de richesse culturelle et d’émancipation sensorielle pour les habitant·e·s. C’est aussi un exercice pour les artistes, qui utilisent cette action pour travailler sur leurs prochains spectacles (en résidence ou en laboratoire de création) pendant plusieurs semaines.
Focus sur les artistes émergent·e·s
L’événement permet aussi de donner carte blanche à des artistes minoritaires. L’association “Muses” s’inscrit dans cette démarche. La structure de développement et d’accompagnement aux projets musicaux émergents d’artistes sexisé·e·s (minorités de genre, femmes, personnes trans, non-binaires, etc.), proposent “Les Feuilles tombent en été” le ciné-concert du groupe post-folk parisien Jack Lena. Enora Benard, fondatrice et directrice de cette structure complète : “Le principe de la Fabrique en scène, c’est vraiment montrer soit des étapes de travail, soit des projets émergents, soit des projets qui sont venus travailler ici. C’est une opportunité pour que les artistes puissent venir et présenter leur travail au sein de la Fabrique.” Les artistes pouvant alors obtenir des contrats de cession, un premier pas pour certain·e·s vers la professionnalisation.

Une partie des Fabricant·es aux Dervallières. 25/09/25 ©JosuéTexier
Une organisation collective et soutenue
Pour organiser une telle journée festive, Sarah Rousseau et la “Base D” récupèrent toutes les informations sur les fabricant·e·s et leurs programmes. Organisant des temps bénévoles, et la préparation logistique en amont et pendant l’événement. Côté financement, un appel au soutien est lancé auprès de la municipalité chaque année.
La ville de Nantes est alors d’une aide précieuse. Depuis 2019, elle subventionne à hauteur de 8000 € cette initiative. Comme le rappelle Marine Rioult : “Les fabricants sont des associations culturelles avec une certaine précarité. On ne pouvait pas s’engager financièrement là-dedans sans cette aide.”
Cette année, comme les précédentes, ces 8000€ permettront de couvrir les salaires des artistes, mais aussi l’ensemble des frais techniques et de communication. De plus, une partie du matériel nécessaire est récupérée dans d’autres lieux nantais, comme au “NST” (Nouveau Studio Théâtre) ou encore auprès du Conservatoire de Nantes pour les instruments.
Une main partagée
Du côté de la coordination de l’événement, un roulement entre les fabricant·e·s est discuté avant chaque édition par un vote au sein d’une commission. L’intérêt est de maintenir cet élan collectif, pour que chaque année, une structure Fabricante puisse obtenir une enveloppe de coordination utile à son fonctionnement.
Comme aime le rappeler Marine Rioult : “Il n’y a pas de lead : la programmation, c’est l’ensemble des fabricants qui ont une voix. Nous sommes cette année juste là pour être les petites mains, faire de la logistique, parler avec les techniciens et artistes.”
Des esthétiques multiples et accessibles
Les disciplines artistiques présentées pour l’édition 2025 dépeignent une grande variété d’esthétiques : danse, théâtre, lecture, musique, ateliers participatifs, etc. L’accessibilité est également mise en avant pour le public. L’association “Quatorze Carats”, articulée autour de la danse indienne Bollywood, reflète cette idée avec sa créatrice Aurélia Touati : “Pendant une heure, je vais proposer une petite chorégraphie, pour que les participants repartent avec une chorée de A à Z. Courte et simple. On va s’amuser pour que tout le monde passe un chouette moment, léger et fun. Et puis je m’adapte à tout le monde.”
Lors de cette journée, on retrouvera également Annaick Domergue, comédienne et metteuse en scène. En tant que coach, elle accompagne des artistes sur scène et travaille pour la compagnie de création et diffusion théâtrale “Rachel Mademoizelle”. Son rôle, qui coïncide avec la visée de l’accessibilité, est celui de la “dame loyale” : “L’idée, ça va être de présenter les différentes ouvertures d’ateliers, que ce soit dans la danse, le ciné-concert, le théâtre ou différentes formes performatives. Que les gens ne soient pas perdus dans ces diverses propositions et qu’on puisse les guider. Leur donner envie de venir dans ces lieux, avec de l’énergie et de la bonne humeur.”
Déjà tourné·e·s vers l’avenir
Même si rien n’est écrit, une 7ème édition est envisagée en 2026. Marine Rioult à envie de reprendre la coordination de l’événement : “Cette année c’est la Base D, l’année prochaine ça sera revoté en commission. Il faut que l’ensemble des fabricants acceptent que ce soient nous qui portions une deuxième année le projet.”
Infos utiles :
- Fabrique en Scène(s)
- Samedi 4 octobre
- Fabrique Dervallières
- 19 rue Jean-Marc Nattier
- 11h à 19h
- Gratuit