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25 novembre 2016

Redouanne Harjane, poète d’une époque inepte

Samedi 29 octobre, salle Paul Fort, Redouanne Harjane nous a réjouis avec l’unique représentation à Nantes de son Nouveau Spectacle. L’artiste aux multiples facettes nous a embarqués dans son univers, entre folie douce-amère et schizophrénie totale. Un spectacle à son image : rythmé, barré, poétique et rare, qui n’a laissé personne indifférent.

Redouanne Harjane, poète d’une époque inepte

25 Nov 2016

Samedi 29 octobre, salle Paul Fort, Redouanne Harjane nous a réjouis avec l’unique représentation à Nantes de son Nouveau Spectacle. L’artiste aux multiples facettes nous a embarqués dans son univers, entre folie douce-amère et schizophrénie totale. Un spectacle à son image : rythmé, barré, poétique et rare, qui n’a laissé personne indifférent.

Redouanne Harjane a débuté sa carrière au Jamel Comedy Club, puis il a enchaîné les premières parties de Stromae, Oxmo Puccino, Jamel Debbouze… Il se définit comme un chansonnier car il est pluridisciplinaire : guitariste, pianiste, comédien, scénariste, chroniqueur. Il touche à tout avec brio et sera notamment prochainement à l’affiche du film M, réalisé par Sara Forestier. Il a aussi écrit et participé à la websérie Les dessous du rock avec Oxmo Puccino et Jonathan Lambert.



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redouanneharjane

Pierre Pigeault

Redouanne Harjane est aujourd’hui en tournée avec son deuxième spectacle intitulé sobrement Nouveau Spectacle. Artiste rare, il ne ressemble à personne et crée de toutes pièces un univers à part, où il invite les spectateurs à partager sa folie. Son spectacle est très construit et laisse peu de place à l’improvisation, car le rythme imposé par sa guitare et les leitmotivs récurrents souffrirait de digressions inopportunes. Le spectacle commence. Il nous ment éhontément en nous disant n’avoir rien préparé et nous confie que seul son psychiatre sait de quoi parle son spectacle.

Je suis seul dans mon monde. Ma tête c'est ma prison. Dans ma tête, ça tourne en rond. Redouanne Harjane

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Redouanne Harjane

Pierre Pigeault

Le personnage est campé et les réflexions souvent sombres mais clairvoyantes de cet esprit dérangé s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. Son personnage oscille entre le schizophrène dépressif un peu salaud et pas franchement politiquement correct (il en a a priori après les enfants !) et l’artiste « à moitié rêveur, à moitié loser » que nous décrit une des chansons du spectacle.

Le rythme de sa guitare nous embarque et il enchaîne les réflexions corrosives, qui sous leur aspect absurde, marquent les incohérences de notre quotidien.

Aujourd'hui on fait tout pour mourir en bonne santé Redouanne Harjane

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redouanneharjane

Pierre Pigeault

Certaines chansons sont connues du public et il nous les fait reprendre en chœur. L’ambiance est très conviviale et la salle ne boude pas son plaisir, les éclats de rire fusent à chaque instant !

A moitié rêveur, à moitié loser. Sans tunes, sans taf, sans futur mais toujours la tête dans les étoiles Pierre Pigeault

Le spectacle touche à sa fin et Redouanne Harjane nous confie bien connaître la région car il a fait ses études à Saint-Nazaire, au lycée expérimental. On comprend peut-être un peu mieux d’où lui vient cette vision de la vie en-dehors des schémas classiques, où le politiquement correct n’est pas de rigueur et l’esprit peut laisser libre cours à son imagination et sa fantaisie.

Artiste 2.0, il est connecté à tous les médias sociaux, et c’est avec un Snapchat sur l’ovation faite par le public, que se termine son spectacle.

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Redouanne Harjane

Pierre Pigeault

De Nantes à Bordeaux : une ode à Talitres

erik-lhomme

Au fond du roman, la magie – Entretien avec Erik L’Homme

Arpenteuse du bitume nantais, et de contrées plus nomades, Audrey est toujours à la recherche de nouveaux coups de cœur culturels. Elle travaille dans les Métiers du Livre car la littérature la nourrit et fait battre son cœur depuis toujours...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017