6 novembre 2018

Les jeunes de Mauves-sur-Loire mènent l’enquête sur les métadonnées

Mardi 30 octobre, Fragil s’est rendu à l’espace jeunes de Mauves sur Loire afin d’animer pendant trois heures un atelier autour des métadonnées face à une dizaine de participants et participantes. Ce projet co-financé par le Conseil Départemental et la DRDJSCS rentre dans le cadre de l'action d'éducation aux médias menée au quotidien par l'association Fragil.

Les jeunes de Mauves-sur-Loire mènent l’enquête sur les métadonnées

06 Nov 2018

Mardi 30 octobre, Fragil s’est rendu à l’espace jeunes de Mauves sur Loire afin d’animer pendant trois heures un atelier autour des métadonnées face à une dizaine de participants et participantes. Ce projet co-financé par le Conseil Départemental et la DRDJSCS rentre dans le cadre de l'action d'éducation aux médias menée au quotidien par l'association Fragil.

Une enquête réalisée par groupe

Réunis sur un temps de vacances scolaires, environ 10 jeunes malviennes et malviens ont réalisé un jeu d’enquête autour des métadonnées.
Le postulat de départ de cet atelier d’éducation aux médias avait pour objectif d’amener chaque groupe à se pencher sur une série de photos. L’objectif du jeu était de retrouver les membres du CoDAcDePhoMaCa, coupable de photos mal cadrées et sévissant dans les rues de Nantes.
Les informations disponibles au départ étaient minces, il était simplement indiqué que deux personnes s’étaient rencontrées place René Bouhier le 21 juin 2018 entre 14h30 et 15h pour mener une action.
Chaque groupe disposait alors d’un dossier comprenant plusieurs photos à analyser.
D’après ces informations et à l’aide d’outils numériques basiques, le premier objectif de la séance était de retrouver le nombre de téléphones utilisés pour prendre des photos sur la zone au moment indiqué par l’informateur. Par la suite, chaque groupe devait retracer le parcours d’un des propriétaires des téléphones selon les données récupérées uniquement à l’aide des photos sur un outil de cartographie numérique.  Enfin, les participantes et participants disposaient de toutes les ressources nécessaires pour identifier les coupables sur les photos disponibles au départ. L’aspect ludique de l’atelier a permis  d’entamer une discussion plus aisée auprès d’un jeune public autour de la diffusion de leurs données personnelles sur internet.

François-Xavier en discussion avec un groupe pendant le jeu « détective des métadonnées ».

Nos données sur les réseaux sociaux

En fin de séance, les jeunes malviennes et malviens se sont également intéressés à une photo de sushi publiée sur Instagram pour prendre conscience des données transmises lors de la capture d’une photo et sa diffusion sur un réseau social. Par une interrogation commune, chaque jeune à cherché à identifier la masse d’information transmise sur sa vie privée uniquement par la publication d’une photo sur internet. Un petit exercice efficace mais assez marquant pour questionner ses données personnelles circulant sur le web. Il s’agit également d’un jeu qui permet d’identifier les informations qu’un particulier peut récolter sur notre vie privée, tout en questionnant aussi le ciblage que les marques peuvent effectuer autour de nos goûts personnels. Par conséquent, cette parenthèse a permis d’évoquer brièvement la publicité et le modèle économique des réseaux sociaux.

Bilan de l’atelier

Après une séance instructive et participative, Fragil a pu sensibiliser les jeunes de Mauves-sur-Loire aux usages des métadonnées. L’objectif principal de l’atelier était de faire prendre conscience à un jeune public l’existence des métadonnées accompagnant leurs publications sur internet, et la possible utilisation de ces données par autrui.  Par son action, Fragil a essayé de faire comprendre de manière ludique aux nouvelles générations l’impact de leur pratique numérique sur leurs données personnelles. Grâce au jeu « détective des métadonnées », Fragil dispose d’un moyen efficace pour éviter le côté rébarbatif d’une conférence standard afin d’aborder et initier au mieux un jeune public à une thématique nouvelle. Par ailleurs, cette démarche de laisser les participants et participantes s’imprégner par eux-même du sujet est au cœur du projet de Fragil et de son volet d’éducation aux médias.

Cette rencontre est la première d’une série de huit ateliers autour du jeu détective des métadonnées avec plusieurs structures différentes.

 

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017