8 février 2021

Les collégiens de Simone Veil à la découverte des fakes news et du fact checking

Le 12 janvier 2020, François-Xavier, Jann et moi, Paloma, intervenant et intervenantes de l’association Fragil se sont rendus au collège Simone Veil à Nantes pour une initiation au fake news et au fact checking.

Les collégiens de Simone Veil à la découverte des fakes news et du fact checking

08 Fév 2021

Le 12 janvier 2020, François-Xavier, Jann et moi, Paloma, intervenant et intervenantes de l’association Fragil se sont rendus au collège Simone Veil à Nantes pour une initiation au fake news et au fact checking.

Dans le cadre d’un appel à projet initié par la DRAC (Direction régionales des affaires culturelles) et à destination des 11-15 ans, le collège Simone Veil a sollicité, pour la troisième année consécutive, l’association Fragil. Ce projet, généralement destiné à une seule classe de 4ème, s’est vu modifié cette année en y incluant l’ensemble des classes de 4ème pour la partie initiation au fake news et au fact checking.

Tout au long de la journée, 4 classes de 4ème se sont succédées sur des sessions de 2h permettant à Fragil d’ajuster le contenu de l’atelier au fur et à mesure.

Pour démarrer la réflexion autour des fake news, nous avons débuté l’atelier par un jeu d’écriture journalistique, permettant aux participants et participantes de s’initier rapidement au journalisme. Tout d’abord nous leur avons demandé s’ils savaient ce qu’était une fake news et en fonction de leurs réponses nous avons complété. Les élèves devaient dans un premier temps réfléchir à 6 questions qu’un journaliste se pose pour rédiger un article : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Suite à ça a commencé le « jeu des clés ». Il consiste à observer une scène, la décrire en répondant aux 6 questions et écrire un chapô d’article à partir de leurs réponses. Ensuite les élèves ont tous mis en commun leurs réponses et c’est à ce moment qu’ils se sont rendu compte qu’ils n’ont pas tout à fait les mêmes réponses alors qu’ils ont vu la même scène au même moment. Ce jeu leur a permis de réaliser l’importance d’oser poser des questions pour les aider à écrire l’article. En effet, s’ils n’ont pas hésité à redemander le prénom ou la fonction de l’animateur ou de l’animatrice, rares sont celles et ceux qui ont demandé plus d’informations.

On a d’ailleurs pu entendre quelques fois : “On ne peut pas savoir pourquoi elle a fait ça, on n’est pas dans sa tête” “On aurait dû lui poser la question au lieu de supposer

Dans un second temps, l’initiation au journalisme était consacrée à la réflexion à travers un débat mouvant. A partir de phrases, les participants devaient se positionner : “d’accord” ou “pas d’accord” et argumenter. Voici les phrases auxquelles ils ont été confrontés.

Il faudrait que tous et toutes les journalistes soient approuvés par l’Etat.

Les journalistes devraient éviter de donner leurs opinions

Les médias gratuits devraient être interdits

Le but du débat mouvant n’est pas de dire s’il y a une bonne réponse mais plus de faire réfléchir les jeunes, les inciter à trouver des arguments et se confronter à l’opinion contraire. Pour certains le fait de s’écouter était assez compliqué, souvent ils donnaient plusieurs fois le même argument mais avec une tournure différente.

En troisième partie, la première classe à fait un quiz que l’animateur a trouvé un peu long car il avait moins l’attention des élèves, alors nous avons procédé différemment pour les trois autres classes. Nous avons repris quelques questions du quiz mais au lieu de faire un « questions-réponses » nous les avons fait réfléchir et expliquer ce que eux pensaient des fake news, à quoi cela servait, s’ ils connaissaient des médias de fake news etc.

Pour finir cet atelier, par groupe de deux puis quatre, les élèves devaient trouver au moins trois pistes pour répondre à la question : Comment vérifie-t-on une info ? C’était plus ou moins les mêmes réponses qui ressortaient dans chaque groupe : interroger des témoins, vérifier la source, comparer différents médias, si possible se rendre sur les lieux.

Pour conclure cet article, Jann, volontaire en service civique nous donne son ressenti plutôt positif après cette journée.

“Je dirais que la journée s’est très bien déroulée, c’était intense puisqu’il fallait animer plusieurs fois le même atelier mais très intéressant car on pouvait voir ce qu’on devait améliorer au fur et à mesure. J’étais contente d’y avoir participé.”

Quant à moi, en participant à cet atelier, j’étais très stressée et j’appréhendais  beaucoup de me retrouver face à des élèves à peine plus jeunes que moi, mais au final c’était une journée enrichissante et sportive. Je ne me sens toujours pas prête à animer un atelier mais à y participer pourquoi pas.

Revue de presse : La valse des sentiments sur les réseaux sociaux

Pour l'amour de l'art : une exposition engagée dans les rues de Nantes

Chanter, danser, cuisiner... Paloma adore faire tout ça. Elle aime également beaucoup s'occuper des animaux. Jeune volontaire en service civique chez fragil depuis octobre.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017