19 novembre 2018

Fragil intervient à la médiathèque Floresca Guépin dans le cadre du mois du film documentaire

À l'occasion du mois du film documentaire, Fragil s'est rendu à la médiathèque Floresca Guépin afin d'animer deux ateliers. Un premier débat le samedi 10 novembre autour du documentaire Nothing to Hide, puis un décryptage des fake news avec l'atelier "démêler le vrai du faux" le 14 novembre dernier.

Fragil intervient à la médiathèque Floresca Guépin dans le cadre du mois du film documentaire

19 Nov 2018

À l'occasion du mois du film documentaire, Fragil s'est rendu à la médiathèque Floresca Guépin afin d'animer deux ateliers. Un premier débat le samedi 10 novembre autour du documentaire Nothing to Hide, puis un décryptage des fake news avec l'atelier "démêler le vrai du faux" le 14 novembre dernier.

Fragil s’est tout d’abord déplacé samedi 10 novembre à la médiathèque Floresca Guépin, pour intervenir autour de la projection du documentaire Nothing to Hide et animer un débat sur la diffusion de nos données personnelles en ligne et le rôle des métadonnées. Le second atelier intitulé « Démêler le vrai du faux » s’est déroulé mercredi 14 novembre. Notre équipe est alors intervenu à la médiathèque Floresca Guépin auprès d’une dizaine de personnes afin d’interroger la création et la diffusion des Fake news.

Diffusion du documentaire Nothing to Hide

Réalisé par Marc Meillassoux et Mihaela Gladovic, le documentaire franco-allemand Nothing to Hide se démarque par l’originalité de son financement. Conçu en grande partie à l’aide d’un financement participatif lancé sur la plateforme Kickstarter, le documentaire est accessible gratuitement sur internet puisque rattaché à la licence creative commons.

Naviguant autour des données récupérées par les agences de renseignements, le film se dote également d’une rétrospective historique intéressante en dévoilant le fonctionnement de la Stasi à l’époque. Le documentaire explore en profondeur le concept de surveillance de masse. Nothing to Hide questionne aussi le modèle économique du gratuit sur internet et notamment des réseaux sociaux. Pour rendre le témoignage encore plus accablant, les réalisateurs ont décidé de rencontrer des spécialistes des enjeux de liberté et de surveillance sur internet comme l’ancien membre et fondateur de La Quadrature du Net, Jérémie Zimmermann. S’appuyant aussi sur des faits bruts, le film retrace l’expérience d’un utilisateur et sa prise de conscience de ce qu’une entreprise pouvait connaître sur sa personne et son mode de vie. Une accumulation d’évidences faisant de Nothing to Hide un puissant témoignage au cœur du thème sensible de nos données personnelles.

Affiche conçue par la médiathèque Floresca Guépin pour le mois du film documentaire.

Un débat multigénérationnel

Nothing to Hide est véritablement un film qui marque les esprits. C’est pourquoi, la diffusion du documentaire laisse souvent place à un débat passionnant autour des nouvelles pratiques numériques. Ils étaient au total une cinquantaine de personnes réunies dans le sous-sol de la médiathèque Floresca Guépin. Les participantes et participants ont alors débattu de leurs pratiques numériques et de la diffusion de leurs données personnelles. Toutes les générations étaient représentées. La connaissance du sujet différait par conséquent largement, rendant le débat encore plus utile et instructif. L’atelier s’est conclu par une expérience réalisée autour d’une photo Instagram. En interrogeant au départ une simple photo de sushi, chacun a pris conscience du nombre d’informations qu’il laissait involontairement derrière lui sur sa vie privée lors de la publication d’une photo sur un réseau social. Ce dernier exercice ouvre aussi une réflexion sur les données récupérées par le monde publicitaire afin d’identifier des profils pour diffuser des produits plus efficacement.

Décrypter le vrai du faux

Une dizaine de personnes s’est rendue à l’atelier sur les Fake News, intitulé “décrypter le vrai du faux”, le 14 novembre dernier. Fragil y a rencontré un public aussi divers qu’ intéréssé par ces questions actuelles. L’objectif de cet atelier est bien d’entamer une discussion et une réflexion sur les fausses informations et leurs pouvoirs.

Afin de mieux comprendre l’arrivée des Fake news, ou “infox” dans l’univers médiatique, il était essentiel de revenir sur quelques thématiques basiques. Qu’est ce qu’un journaliste, quelles sont ses missions, ses devoirs ? Autant d’interrogations qui permettent de poser un contexte qui a vu naître les Fake news. Face à un auditoire plutôt aguerri, la définition d’une Fake news est venue très naturellement au fil des discussions. Il est cependant apparu essentiel de souligner le fait qu’une infox soit délibérément divulguer en étant inexacte.

Animés par les échanges entres participants, nous avons lancé le jeu du vrai/faux en demandant aux personnes présentes d’aller vérifier des informations sur leurs smartphones. Une nouvelle fois l’objectif était de faire découvrir les outils pour vérifier si une information est juste, mais aussi de comprendre le cheminement que chacun a réalisé sur internet pour réussir à trouver l’information cherchée. Un exemple: non Kylian Mbappé n’a pas été flashé à 37 km/h lors du match France-Argentine, même si l’info a été reprise dans de nombreux médias français. La source la plus fiable étant le site officiel de la FIFA.

Grâce à des exemples concrets, les participants ont pu réfléchir sur la création des Fake news et leurs potentiels impacts sur les lecteurs et/ou utilisateurs des réseaux sociaux. Quelques recommandations et outils ont permis de clôturer cet atelier. L’information diffusée est-elle cohérente? L’image est-elle retouchée? Quelle est la date de la publication? La source est-elle identifiable? Autant de questions « types » pouvant aider à décrypter les vraies des fausses informations.

Présent dans le cadre du mois du film documentaire, nous nous sommes concentrés sur deux thématiques propres au numérique: l’utilisation des données personnelles sur Internet et sur les Fake news. Chaleureusement accueillies par un public nombreux et réactif, nos interventions avaient pour objectif d’encourager la discussion et les échanges autour des pratiques numériques et de leurs conséquences sur notre vie non virtuelle.

Romane Tirel et Dany Tougeron


Fabuleux Fabrice

Un peu du Québec à Nantes

Animal journalistique curieux en service civique pour Fragil, je me passionne pour l’actualité du microcosme nantais afin d'en épier les nuances loin du manichéisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017