20 février 2018

« Une BD si je veux, quand je veux ! » : quand la bande dessinée se met au service du féminisme

Du 3 février au 14 avril 2018, la Maison Fumetti accueille à travers l’exposition « Une BD si je veux, quand je veux ! » le travail de 25 auteurs et autrices de bandes dessinées. Un voyage autour du monde, du dessin et des mots qui respirent le féminisme.

« Une BD si je veux, quand je veux ! » : quand la bande dessinée se met au service du féminisme

20 Fév 2018

Du 3 février au 14 avril 2018, la Maison Fumetti accueille à travers l’exposition « Une BD si je veux, quand je veux ! » le travail de 25 auteurs et autrices de bandes dessinées. Un voyage autour du monde, du dessin et des mots qui respirent le féminisme.

Dès votre arrivée dans l’enceinte de la Maison Fumetti, deux pas suffiront pour comprendre. Comprendre la situation alarmante de la femme et de sa représentation dans toute œuvre, dans toute situation de notre société. Exposée sur « Le mur de la honte », une multitude de témoignages représentatifs de la place de la femme dans le monde de la BD trouvent en effet leur place. « Bon, au moins t’es pas moche, on pourra faire des photos pour la promo » reçut l’une des autrices lors de sa première entrée dans le bureau de son éditeur. « Tu devrais signer avec ton nom complet, car uniquement ton prénom ça fait pute », encaissa une autre.

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Le mur de la honte

Apolline Hermelin-Mainguy

Ces témoignages ce sont ceux récoltés par le Collectif BD Égalité, un regroupement de plus de 250 autrices qui lutte contre le sexisme prospérant dans le milieu. « Autrice ». C’est par ce mot que l’on désigne celles qui font vivre les récits exposés au sein de l’exposition. Une manière de dire non, de prendre position et de dénoncer cette tendance à masculiniser des noms communs se rapportant à la femme.

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Apolline Hermelin-Mainguy

Quand la bande-dessinée donne la parole au féminisme

Mais alors, comment représente-t-on le féminisme en bande dessinée ? Il y a Mirion Malle, dont l’arme est l’humour. Née en 1992, cette autrice et illustratrice de bande dessinée française revendique son féminisme sur le blog Commando Culotte, où elle décrypte à sa manière les clichés touchant au genre, à la femme et à leur représentation dans la culture occidentale. D’autres se concentrent sur la notion d’empowerment, en utilisant leur propre histoire pour dénoncer le sexisme sous toutes ses formes. Gauthier raconte ainsi son parcours de transidentité à travers le personnage de Justin. Et puis il y a les récits de vie : Pénélope Bagieu, autrice et illustratrice française désormais new-yorkaise, illustre quant à elle la vie d’héroïnes oubliées à travers ses ouvrages Culottées.

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Planche tirée de Culottées de Pénélope Bagieu

Apolline Hermelin-Mainguy

Outre les originaux, la vidéo rythme elle aussi la visite. Utilisée comme outil de diffusion des témoignages de trois bédéistes, elle donne la parole à Ulli Lust, Catel Muller et Chloé Wary qui s’expriment ainsi autour de discussions telles que leur rapport au militantisme ou l’utilisation du terme autrice.

« Une BD si je veux, quand je veux ! » c’est révoltant, impactant, nécessaire, inspirant. C’est aussi la découverte de beaux ouvrages, de textes vrais, de jolis traits.

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L'affiche de l'exposition

Maison Fumetti

Du mercredi au vendredi de 13h30 à 18h, et le samedi de 13h30 à 17h.
Visites guidées tous les samedis à 15h, et avec traduction en LSF le 24 mars
Jusqu’au 14 avril à la Maison Fumetti.

Voyage improvisé autour de l’art-thérapie

Quand la contrainte libère la plume

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017