23 décembre 2019

Atelier et échanges autour des Fake-News à la bibliothèque de Vertou

Samedi 7 décembre 2019, l'association Fragil est intervenue auprès du public de la bibliothèque de Vertou lors d'un après-midi dédié aux Fake-News. Un atelier d'une heure trente suivi d'un échange de la même durée ont permis aux participantes et participants de réfléchir ensemble sur la manipulation de l'information.

Atelier et échanges autour des Fake-News à la bibliothèque de Vertou

23 Déc 2019

Samedi 7 décembre 2019, l'association Fragil est intervenue auprès du public de la bibliothèque de Vertou lors d'un après-midi dédié aux Fake-News. Un atelier d'une heure trente suivi d'un échange de la même durée ont permis aux participantes et participants de réfléchir ensemble sur la manipulation de l'information.

En cet après-midi d’automne, la bibliothèque Libre Cour de Vertou accueillait tous ceux et toutes celles qui désiraient en savoir un peu plus sur le traitement de l’information et l’une de ses principales dérives : les Fake-News. Sur la demande de la bibliothèque, l’association Fragil a animé cette réflexion en deux temps.

Un atelier autour de l’information

8 personnes, inscrites au préalable, ont fait le déplacement pour cet atelier. Réunies autour de François-Xavier Josset, chargé de projet médiatique et numérique pour Fragil, elles ont pu pendant une heure et demi réfléchir ensemble à la création de l’information. Adolescents, actives et retraitées ont d’abord pu échanger autour de leur perception du journalisme lors d’un débat mouvant. La carte de presse et la notion de journaliste professionnel, la ligne éditoriale, censure et auto-censure, tels sont les sujets qui ont étés abordés et qui ont permis à tous et toutes de mieux saisir les problématiques liées à la fonction de journaliste.

L’atelier d’écriture journalistique à la bibliothèque de Vertou.

En enchaînant sur un petit jeu d’écriture journalistique, les participantes et participants ont pu réaliser à quel point le traitement d’un fait plutôt banal, ici un lancer de clés, peut être différent selon les personnes. Ce jeu que l’association réalise régulièrement  permet de mettre en évidence la nécessité de poser des questions, même lorsque les faits paraissent évidents, pour éviter de ne donner que son opinion.

L’atelier s’est clôturé sur une réflexion autour du décryptage de fausses informations. A partir d’informations invraisemblables, chacun et chacune ont proposé une méthode pour les vérifier. En évoquant l’appel au sens critique, l’utilisation de plateforme de fact-checking telles que Checknews de Libération ou encore Les décodeurs du Monde, le croisement des sources… les participantes et participants ont pu déféinir ensemble une méthodologie de vérification de l’information.

Fake-News : échanges

L’après-midi s’est poursuivi par une conférence-débat à laquelle est venue assister une quinzaine de personnes. En guise d’introduction, l’animateur a demandé à tous et toutes de venir inscrire sur un tableau blanc le mot qui leur venait à l’esprit quand on évoquait le terme « Fake-News ». L’effet de surprise passée, nombre d’entre-eux ne s’attendaient pas à participer activement à la conférence, l’exercice a permis de définir ensemble et dans la discussion les caractéristiques d’une Fake-News : une volonté de tromper, une ressemblance avec une information de qualité, des objectifs différents (idéologiques, financiers, humoristiques).

Conférence autour des Fake-News à Vertou.

La suite des échanges a permis d’évoquer l’accélération de la diffusion des Fake-News à l’ère d’Internet, mais aussi de rappeler que celles-ci n’étaient pas nées avec lui. L’évocation d’exemples de créations de fausses informations à des fins politiques a rendu possible la mise en perspective de la notion : les inventions des réunions secrètes du livre « Protocols des sages de Sion », rédigé pour influencer Nicolas II , le témoignage de Nayirah évoquant un supposé massacre de bébés par des irakiens en 1990… La forte activité des réseaux d’extrême-droite dans la diffusion des fake-news a aussi été mise en lumière.

Malgré une affluence plutôt faible sur ce type d’événement, les participantes et participants ont semblé trouver l’après-midi riche en enseignements, sentiment partagé par Olivier Stalloni, responsable multimédia de la bibliothèque : « la prestation de François-Xavier était adaptée au public puisqu’il est parvenu à les rendre acteurs (ce qui a été apprécié des participants malgré leur timidité et leur retenue premières), à les faire réfléchir à la thématique sans leur donner toutes les réponses mais en les incitant à la réflexion. Les retours que nous avons eus des participants sont positifs. »

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017