5 mars 2021

Ateliers de vérification de l’information au collège Simone Veil

Entre janvier et février 2021, la classe de 4èmeC du collège Simone Veil a participé à une série d'ateliers dédiée à la vérification de l'information. Les élèves ont pu produire 4 affiches explicatives qui seront affichées dans leur collège.

Ateliers de vérification de l’information au collège Simone Veil

05 Mar 2021

Entre janvier et février 2021, la classe de 4èmeC du collège Simone Veil a participé à une série d'ateliers dédiée à la vérification de l'information. Les élèves ont pu produire 4 affiches explicatives qui seront affichées dans leur collège.

Pour la troisième année consécutive, l’association Fragil a mené une série d’ateliers financée par la DRAC des Pays de la Loire à destination d’une classe de quatrième. Issu.e.s du collège Simone Veil, les jeunes ont pu découvrir le fact checking et ainsi décrypter des fake news. Ces ateliers font suite à une première intervention au sein du même collège pour l’ensemble des classes de 4ème.

« On sait que c’est faux, c’est évident. »

La première séance de la série d’ateliers était une introduction au thème de ce projet : les fake news ou fausses informations. Pendant deux heures, la classe de 4ème C du collège Simone Veil a participé à plusieurs ateliers ludiques et participatifs afin de mieux appréhender la vérification de l’information. Lors de cette séance, les élèves ont défini ce qu’était une fake news et comment faire la différence avec une information. Tous et toutes avaient déjà entendu ce terme de fake news, certain.e.s même l’associaient avec des faits concrets ou des personnes médiatiques tels que Donald Trump ou la chaîne Youtube Lama Faché. Cette dernière a permis de faire émerger chez la plupart la notion de « rire » qui se cache parfois derrière la production de fake news. Lorsque l’animatrice de Fragil leur a demandé comment ils interprétaient ce genre de vidéos, l’ensemble du groupe était unanime sur le caractère évidemment faux de ces contenus « car c’est trop gros, on sait que c’est faux ».

Pour aller plus loin, les élèves ont été amené.e.s à participer à un atelier d’initiation à l’écriture journalistique, couramment pratiqué dans les ateliers proposés par Fragil. Suite à cet exercice d’une vingtaine de minutes, les élèves ont pu comprendre les bases d’une production journalistiques, en particulier les 6 questions ( Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?) auxquelles le ou la journaliste doit répondre dans un article.

Ce temps introductif a également permis d’évoquer la manipulation par l’image. Des exemples ont été projetés par l’animatrice de l’atelier ce qui a permis de concrétiser les faits auprès des jeunes.

Suite d’images permettant d’analyser l’importance du cadrage et de la diversité des sources.

Vérification : aller plus loin que l’évidence

Les quatre ateliers qui ont suivi les deux heures d’initiation ont été consacrés à la vérification d’informations et à la production d’affiches explicatives. Par petits groupes de 4 personnes maximum, les élèves ont dû tirer au sort un média parmi une longue liste de médias sélectionnés par l’animatrice de Fragil. Chaque groupe avait alors une vingtaine de minutes pour se rendre sur le média tiré au sort et choisir un article qui leur parait « douteux ». Le but étant pour chaque groupe d’ensuite proposer son article à l’ensemble de la classe afin que tous les élèves votent pour l’information la plus douteuse. Celle pour qui ils.elles ont le plus de doute sur sa véracité, une information qui pourrait être une fake news.

Liste de médias trouvés par les élèves lors d’une vérification d’infos.

L’information choisie parmi toutes celles proposées par les différents groupes est alors soumise à un deuxième vote, cette fois-ci à l’ensemble des élèves du collège ainsi qu’au personnel, via une plateforme disponible sur internet. L’information est alors soumise au questionnement : « cet article vous parait-il vrai ou faux ? ». La semaine suivante, les résultats du vote sont rendus publics et les élèves font le travail de vérification de l’information ce qui permet de donner une réponse à la question demandée. C’est enfin à l’animatrice de Fragil de mettre en page une affiche sur un logiciel d’édition pour rendre compte de l’information sélectionnée, du résultat du vote du collège et des étapes de vérification de l’information. L’affiche est ensuite exposée au sein du collège.

Exemples d’affiches réalisées à la suite des vérifications d’informations :

Ce travail de vérification a permis aux élèves d’aller plus loin que ce qui leur parait « évident »; pour la plupart d’entre eux et elles, la mise au travail et la rigueur que l’exercice implique ont eu du mal à se mettre en place. Néanmoins au fil des semaines, les groupes ont réussi à prendre de nouvelles habitudes, l’exercice de recherche d’infos puis de vérification est devenu plus facile et plus abouti. Le dernier atelier a permis de produire un ultime panneaux regroupant 5 conseils pour vérifier une information sur internet.

Des élèves satisfait.e.s

La dernière séance en compagnie des élèves a été l’occasion pour eux de réaliser la dernière affiche (voir ci-dessus) mais aussi un temps propice au bilan. Chaque élève s’est donc vu distribuer une feuille à remplir de manière anonyme afin de donner son avis sur l’atelier mené pendant ces 5 semaines. Les élèves ont du écrire 3 choses « positives », qu’ils et elles ont apprécié.e.s mais aussi 3 choses « négatives » ou du moins 3 éléments qu’ils ont moins aimé.e.s.

A la lecture de ces bilans, les élèves sont satisfait.e.s de cette série d’atelier menée par Fragil mais ont regretté souvent des ateliers trop longs (2heures), notamment pour un vendredi après-midi. Une problématique également partagée par les professeurs présents pendant ces ateliers, l’idée de création de demi groupe pour 2 fois 1 heure d’atelier est ressortie dans l’idée d’un futur projet.  Malgré des moments de grande agitation pendant lesquels certain.e.s élèves ont eu du mal à se concentrer, une ambiance de confiance et de partage a prédominé pendant l’ensemble des séances.

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Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017