• équipe de la 8e soirée Murmures
18 novembre 2025

Murmures #8 : « On peut être complet en ne programmant que des femmes »

Ce samedi 22 novembre, le projet associatif Murmures investit la Fabrique Bellevue-Chantenay avec une programmation composée de dix DJ femmes. Un choix assumé par le collectif, qui souhaite montrer qu’une programmation entièrement féminine peut aussi attirer le public.

Murmures #8 : « On peut être complet en ne programmant que des femmes »

18 Nov 2025

Ce samedi 22 novembre, le projet associatif Murmures investit la Fabrique Bellevue-Chantenay avec une programmation composée de dix DJ femmes. Un choix assumé par le collectif, qui souhaite montrer qu’une programmation entièrement féminine peut aussi attirer le public.

Pour cette huitième édition, les concerts Murmures connus pour être tenus secrets jusqu’à la veille, change de format le temps d’une soirée. Cette fois-ci les artistes et le lieu sont annoncés en avance. L’association a confié la direction artistique à Elisabeth Carré, DJ sous le nom de Lizzie, déjà impliquée dans la technique et l’accueil des précédents concerts. « J’étais assez honorée qu’Édouard me propose de faire la programmation. Sur une belle soirée comme ça et ici, j’étais hyper motivée », explique-t-elle. 

« Un plateau avec dix meufs, c’est du jamais vu. »

Au programme : dix femmes DJs avec des univers différents. « Je voulais des DJs qui ne viennent pas forcément des mêmes réseaux », précise-t-elle. La plupart des artistes, dont Lizzie, joueront en « back-to-back », en alternance derrière les platines : « Toutes les DJs qui vont mixer ainsi n’ont jamais mixé ensemble. Elles ont aimé la proposition. » En tête d’affiche : Paloma qui animera également un atelier d’initiation réservé aux femmes dans l’après-midi précédant la soirée, déjà complet.

Pour accueillir le projet, Murmures investira la Fabrique Bellevue-Chantenay avec deux salles, l’une « plutôt break ravy », l’autre « groove ». Pour Lizzie, cette soirée reflète une scène nantaise en mutation. « Au début on était un peu les seules femmes à mixer. Le fait de rendre accessible la pratique du DJing fait émerger des envies. Il y a plus de diversité. » Elle souligne aussi l’importance de la représentation : « C’est trop bien d’avoir autant d’artistes. Même en technique, la plupart des bénévoles seront des personnes queer ou des meufs. C’est hyper important de créer des modèles de représentation dans ces tâches qu’on associe souvent aux hommes. Après c’est sûr qu’il y a toujours du travail à faire… des fois je vois passer des programmations et je me dis : ok, en 2025 y a zéro meufs sur ton line-up (ndlr :  programmation)… mais aujourd’hui ça choque plus qu’avant, ça a quand même évolué. »

Portrait de Elisabeth Carré (nom de scène : Lizzie)

« Il y a toujours eu ce lien de musique dans ma vie. » Avant d’être DJ professionnelle, Lizzie était directrice de la radio associative Prun’. Photo prise par Ambre Guitton le 10/11/2025.

Un projet ambitieux

En confiant les platines à dix femmes, Murmures veut montrer qu’une programmation entièrement féminine peut attirer un large public. « Un plateau avec dix meufs, c’est du jamais vu et on veut prouver qu’il y aura un public pour venir les voir sur scène », affirme Édouard Gassin, fondateur de l’association. Pour lui, cette soirée répond au constat récurrent du manque de femmes programmées sur scène.

L’événement marque aussi un retour dans un lieu symbolique : l’ancien Olympic, aujourd’hui intégré à la Fabrique Bellevue-Chantenay. Dans les années 1990, il accueillait des groupes majeurs avant de fermer au grand public. « Je me suis dit que ça serait trop marrant de refaire un truc là-bas et ils m’ont dit oui. On récupère le lieu le temps d’une soirée », raconte Édouard. L’histoire du lieu ajoute une dimension particulière : « Avant la fin de l’Olympic, les femmes étaient totalement invisibilisées. »

équipe de la 8e soirée Murmures

Pour la 8e soirée de Murmures à Chantenay, des bénévoles ont rejoint l’équipe. Photo prise par Ambre Guitton le 10/11/2025.

Un public déjà au rendez-vous

Les premières ventes ont montré un enthousiasme certain : cinquante places écoulées en huit minutes, à ce jour, il n’en reste plus beaucoup, et ce, même avec un tarif de 10 à 15 euros. Une exception pour Murmures, qui fonctionne généralement au prix libre pour ses soirées intimistes. L’objectif est d’accueillir environ 400 personnes. « Si si, on peut être complet en ne programmant que des femmes à la programmation », insiste Édouard.

« Les moments qu’on vit avec Murmures sont beaux », résume-t-il, espérant aussi que l’événement permette d’alimenter les projets prévus en 2026. Des bénévoles seront présent·es en complément des agents de sécurité, dans un rôle « d’anges gardiens » en prévention des violences sexistes et sexuelles (VSS).

Lizzie de son côté se dit confiante : « Oui c’est un pari, mais je suis très optimiste. Les gens seront heureux·ses de venir et pour certain·es de revenir. »

Infos utiles :

Soirée Murmures #8
Samedi 22 novembre,  19h00 à 01h00
Fabrique Chantenay-Bellevue, 30 bd de la Liberté
Infos programmation 

Après deux ans en journalisme sur Nantes, Ambre a rejoint l’équipe de Fragil en service civique. Dans l’œil de sa caméra et les pages de son carnet, elle capture les histoires qui animent Nantes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017