• Présentation des veillées d'information populaire
6 octobre 2025

Des Veillées d’Information Populaire pour « reprendre goût à l’information »

Au Solilab, Coop-Médias et Les Autres Possibles expérimenteront, le mardi 7 octobre, un atelier d'éducation populaire aux médias imaginé pour sortir des bulles informationnelles, valoriser les médias indépendants et renforcer l’esprit critique des citoyen·ne·s.

Des Veillées d’Information Populaire pour « reprendre goût à l’information »

06 Oct 2025

Au Solilab, Coop-Médias et Les Autres Possibles expérimenteront, le mardi 7 octobre, un atelier d'éducation populaire aux médias imaginé pour sortir des bulles informationnelles, valoriser les médias indépendants et renforcer l’esprit critique des citoyen·ne·s.

« Redonner aux gens l’envie de s’informer et le plaisir de débattre » résume Alice Pouiller, nantaise et directrice de la communication et des levées de fonds de Coop-médias, la première coopérative citoyenne (SCIC) pour les médias indépendants, qui propose cet atelier d’éducation populaire aux médias, ce mardi 7 octobre au Solilab.

Co-développée avec la coopérative Les autres possibles (SCOP) et l’association Les Écossolies, cette première édition des veillées d’information populaire (VIP) se veut être « l’expérimentation d’un format open source, accessible, qui puisse être dupliqué partout » afin que « d’autres structures puissent lancer des veillées d’information populaire sur leur territoire ».

Lancée en octobre 2024, Coop-médias réunit 2 200 sociétaires dans toute la France, d’horizons différents, des citoyen·ne·s, des acteurs de l’économie sociale et solidaire (Label Emmaüs, Enercoop, etc.) et des médias (Blast, Tënk, Alternatives économiques, etc.), rassemblés pour soutenir et défendre l’information comme pilier de notre démocratie.

Les médias sociétaires de Coop-médias.

Les médias sociétaires de Coop-médias. Photo © Coop-médias

Concernant la coopération avec Les autres possibles (un autre média coopérateur de Coop-médias) et Les Écossolies (un réseau qui promeut la coopération et l’économie sociale et solidaire), Marie Le Douaran, gérante du média Les autres possibles, la résume ainsi : « on est attachés à créer des événements autour de l’info et que ça nous a semblé évident de le faire avec Coop-médias et Les Ecossolies. On aime également tester des formats, alors ce premier test des VIP était une bonne opportunité ! En tant que média implanté sur le territoire, il est indispensable d’être en contact avec les citoyen·ne·s, pour offrir des espaces de discussion et l’occasion d’aiguiser son esprit critique ».

Derniers N° du magazine Les Autres Possibles

Les derniers numéros du magazine Les autres possibles. Photo © Les Autres Possibles

Sortir des bulles informationnelles et lutter contre la polarisation du débat

Deux facilitateur•ices ainsi qu’un journaliste proposeront aux participant·e·s une expérience du débat, avec un sujet qui sera dévoilé au dernier moment, l’étude d’un corpus d’informations de diverses sources, puis l’analyse de leurs lignes éditoriales pour examiner comment l’information est construite.

Enfin, des débats auront lieu, sous différentes formes, avec l’objectif d’aider les participant·e·s à « se réapproprier l’information et développer leur esprit critique, altéré par la bulle informationnelle dans laquelle nous enferment les algorithmes ».

À l’origine de cette idée, Alice, dont l’essentiel de sa carrière s’est faite dans la communication, évoque le constat d’une société dans laquelle « les échanges sont devenus plus conflictuels, à cause d’un débat public de plus en plus polarisé », et la nécessité de « réimpulser des échanges plus humains, bienveillants et constructifs ».

Promouvoir l’indépendance des médias

Alice, salariée de Coop-médias, cette coopérative dont la raison d’être est de lever des fonds citoyens pour soutenir le développement des médias indépendants, ainsi que la défense de leur indépendance par le plaidoyer et l’éducation populaire, rappelle qu’in fine, les VIP ont pour but de promouvoir la place de ces médias alternatifs qui ont « une capacité d’investigation plus poussée grâce à leur indépendance éditoriale, leur permettant d’avoir les mains libres et de produire une qualité d’information qui est assez prégnante dans tous les médias indépendants ».

Outiller la société en vue des prochaines échéances électorales

Alice conclut avec la perspective des prochaines élections (municipales et présidentielles). Constatant que les sujets d’actualité traités dans les médias traditionnels ne couvrent pas suffisamment les préoccupations sociétales actuelles, « moins de 5 % des sujets d’actualité concernent la transition écologique ou le réchauffement climatique » ce qui s’explique d’une part parce que ces médias « répondent à des logiques de marché, étant financés par de la publicité, ils doivent faire de l’audience mais parler d’écologie et de justice sociale fait moins vendre », et d’autre part car « les médias se concentrent entre les mains de milliardaires qui n’hésitent plus à intervenir sur les lignes éditoriales pour invisibiliser ces sujets, au profit de leurs intérêts personnels ».

« Moins de 5 % des sujets d’actualité concernent la transition écologique ou le réchauffement climatique »

Cette analyse faite, Alice considère qu’il est essentiel de donner des outils aux citoyen·ne·s, pour pouvoir bien s’informer sur ces sujets, et faire des choix en conscience.

Cet atelier gratuit affiche déjà complet, mais sa vocation est d’être reproduit à l’avenir.

Alice Pouiller, co-fondatrice de Coop-médias, au Solilab.

Alice Pouiller, directrice de la communication et des levées de fonds de Coop-médias. Photo © Maxence David

Un nantais de 28 ans engagé. Intéressé par la presse et les médias indépendants depuis de nombreuses années, sa récente intégration à Fragil n'est pas un hasard.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017