16 mai 2023

Avec Fragil, les Promeneur·euses du Net de Loire-Atlantique passent au vert

L'association a formé jeudi 11 mai une trentaine d'animateur·ices jeunesse du département aux enjeux liés au numérique et à l'environnement.

Avec Fragil, les Promeneur·euses du Net de Loire-Atlantique passent au vert

16 Mai 2023

L'association a formé jeudi 11 mai une trentaine d'animateur·ices jeunesse du département aux enjeux liés au numérique et à l'environnement.

C’est l’effervescence, ce jeudi matin, à la Maison des Isles de Rezé. Une trentaine d’animateurices et éducateurices jeunesse répartie en deux groupes tente de se positionner dans la pièce selon leur implication dans l’écologie et leur usage des écrans. « Je trie mes déchets, mais je prends ma bagnole, j’essaie de sensibiliser les jeunes, mais je sens que je pourrais mieux faire », lance Yoan Huguin, responsable du pôle jeunesse de Vertou. « Moi, je suis chez les « plus-plus », de part mon engagement associatif, professionnel et dans ma vie personnelle », enchaîne, à l’autre bout de la pièce, Isabelle, animatrice d’éducation à l’environnement. Puis, vient le classement des participants et participantes en fonction du nombre d’écrans qu’elles et ils possèdent chez elles et eux. Et là, Isabelle se retrouve dans les dernières avec « 14 écrans à la maison » ! Quelque soit les comportements des un·es ou des autres, « il n’y a pas de jugement », répète Romane Tirel, l’animatrice de Fragil. En faisant prendre conscience à chacun et chacune de ses usages, ce « jeu du classement » constitue une entrée en matière ludique et originale pour parler « Numérique et Environnement ».

Les promeneur·euses du Net en formation avec Fragil.

Organisé à l’initiative d’Info Jeunes Pays de la Loire, cet atelier de deux heures animé par Fragil réunit des Promeneur·euses du Net, ces professionnel·les, animateurices ou éducateurices identifié·es auprès des jeunes sur les réseaux sociaux. Autour d’un quiz, les participants et participantes commencent par consolider leurs connaissances de la toile. « Qu’est ce qu’un serveur web ? », « Comment passent les communications intercontinentales ? », « Qu’est ce que le cloud ? »… L’occasion pour les intervenant·es de rappeler des notions clés, mais aussi d’évoquer certains enjeux du numérique. « Quand on supprime des messages ou une photo de sa boîte mail, ça reste quand même quelque part ? », demande une participante. « Je n’ai pas de garantie pour vous dire que c’est vraiment supprimé », explique François-Xavier Josset, animateur de Fragil, rappelant que, lorsqu’on envoie par exemple un snap, nos données transitent par le cloud vers des immenses serveurs qui sont hébergés physiquement dans des data centers, avant d’arriver dans le téléphone du destinataire du snap.

L’animateur s’appuie sur un quiz pour apporter des données aux participant·es

Télécharger plutôt que regarder en streaming

Un temps de discussion en petits groupes permet ensuite aux participants et participantes d’appréhender concrètement l’impact environnemental du numérique à travers une série de conseils éco-responsables : il est préférable d’utiliser le wifi à la 5G, les infrastructures liées aux réseaux mobiles consommant plus d’électricité. De même, il vaut mieux télécharger que regarder un film en streaming. Mais ces recommandations de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ne doivent pas faire oublier qu’il y a aussi « un enjeu notamment pour les politiques de responsabilisation » de celles et ceux qui produisent des contenus vidéos et les diffusent en boucle comme Youtube, tempère l’animateur de Fragil.

Un discours auquel les participants et participantes à l’atelier sont sensibles. « Je ne fais pas tellement attention à ma pratique numérique, mais je me rends compte qu’il faut que je m’y intéresse un peu plus ! », raconte Lucie, animatrice à Guérande. « J’avais déjà conscience de certaines choses mais je trouve ici des idées que je pourrais mettre en pratique avec les jeunes », résume Laureen Le Saulnier, référente santé à La Source, un espace municipal à Saint-Nazaire.

Par groupes, les échanges étaient riches.

La séance se poursuit avec la présentation d’outils numériques pour faire de la pédagogie sur l’environnement. Les visionnages critiques de vidéos, comme celle du Youtubeur d’extrême droite Raptor puis de celles de David Chavalarias, chercheur au CNRS donnent des clés aux participants et participantes pour déconstruire avec les jeunes les discours climato-sceptiques qui prolifèrent sur le web.

« L’idée de cet atelier est de déverrouiller certains freins, explique François-Xavier Josset, animateur de Fragil. Même si on n’est pas hyper en lien avec la question écologique, on peut faire réfléchir, apporter sa méthodologie et sa réflexion ». Et de faire le lien avec la lutte contre les fake news : Covid, sécheresse ou réchauffement climatique sont des sujets d’actualité sur lesquels circulent de nombreuses fausses informations.

Des idées d’ateliers pour les jeunes

Pour pouvoir aiguiller les jeunes sur ces questions, les Promeneur·euses du Net listent les médias « fiables » qui parlent d’environnement et qu’ils et elles pourraient recommander aux jeunes sur les réseaux sociaux. Les stagiaires du jour découvrent qu’il existe un grand nombre de ressources comme les comptes Instagram @epicurieux de l’animateur scientifique Jamy, @partager_ cest_sympa, ou encore @reporterre_media.

Prendre conscience de la multitude de comptes et de médias utiles pour parler « environnement » avec les jeunes.

Cependant, comme le remarque Romane Tirel, l’animatrice de Fragil, aucun·e participant·e ne liste des comptes sur Tik Tok. Or, ce réseau social, très populaire chez les adolescent·es, reste « une base pour eux ».

De quoi nourrir la réflexion de ces animateurices sur des pistes d’actions, certaines ne manquant pas d’humour : organiser un jeu challenge « ma petite planète », calculer son empreinte carbone, imaginer des petites saynètes sur le ton de la provocation, et même une sortie plongée sous-marine pour observer les câbles en mer qui servent à la transmission des données sur Internet ! « Je souhaite proposer un atelier sur le parcours d’un like pour montrer aux jeunes que ce qu’ils font sur Internet n’est pas anodin, ça a un impact concret », raconte Yoane Huguin de Vertou. Grâce à cet atelier de Fragil, les Promeneur·euses du Net bouillonnent désormais d’idées pour inciter les jeunes à un usage du numérique plus responsable.

Des idées pour faire réfléchir les ados.

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Journaliste depuis 2010, je réalise des reportages et des documentaires pour la télévision (France 3, France 24, Maritima TV...). J'anime aussi des ateliers d'éducation aux médias depuis 2016. Mes thèmes de prédilection sont les sujets sociaux, l'histoire, la mémoire, le patrimoine et la culture. Fragil représente une belle opportunité pour faire de nouvelles rencontres et cultiver ma curiosité.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017