2 juin 2023

Une journée de formation autour des usages numériques auprès des professionnel·les de l’animation jeunesse au Cellier

Fin mai, une douzaine de professionnel·les de l'animation jeunesse s'est réunie au Cellier pour une journée de formation autour de la place des écrans chez les jeunes. Animé par Fragil, ce temps a permis d'échanger sur les réseaux sociaux, la pornographie et le cyberharcèlement.

Une journée de formation autour des usages numériques auprès des professionnel·les de l’animation jeunesse au Cellier

02 Juin 2023

Fin mai, une douzaine de professionnel·les de l'animation jeunesse s'est réunie au Cellier pour une journée de formation autour de la place des écrans chez les jeunes. Animé par Fragil, ce temps a permis d'échanger sur les réseaux sociaux, la pornographie et le cyberharcèlement.

Même en étant au contact quotidien avec des jeunes, « on ne se rend pas toujours compte de ce que le numérique et les réseaux peuvent générer chez un public jeune ». Le constat est unanime pour les professionnel·les de l’animation jeunesse à l’issue de cette journée de formation et d’échanges autour de la thématique des écrans : le développement de leur culture numérique est un enjeu majeur pour mieux accompagner leur public dans son émancipation.

Ils et elles étaient 12, lors de ce jeudi ensoleillé du mois de mai 2023, à s’être retrouvé·es au Local’Ados du Cellier. Animés par un salarié de l’association d’éducation aux médias Fragil, plusieurs ateliers ont rythmé « une journée riche en échanges qui permet de questionner sa pratique et d’enrichir ses connaissances et ses outils », témoigne une participante.

Une matinée autour des écrans et des réseaux sociaux

Après une introduction de journée permettant la prise de parole de tous et toutes à propos de la consommation d’écrans, les stagiaires ont été invité·es à échanger autour des réseaux sociaux. À l’aide de cartes imprimées représentant les logos des principaux acteurs du numériques, les participant·es ont pu échanger en petits groupes sur leurs connaissances et angle-morts dans leur culture numérique. Différences entre navigateurs web et moteurs de recherches, découverte du fonctionnement du réseau social BeReal et de celui de la plateforme OnlyFans, première approche du réseau Tor et questionnements autour des fantasmes liés au darkweb… autant de sujets qui ont pu être abordés lors de ces discussions.

Par petits groupes, les stagiaires échangent leurs savoirs autour du numérique.

Afin de renforcer leurs connaissances, les stagiaires ont participé à un quiz de culture numérique générale. Ce format a permis à l’animateur de la journée d’aborder des notions précises et nécessaires pour comprendre les enjeux liés à l’utilisation du numérique. Câbles internet sous-marins, modèles économiques des réseaux sociaux, fonctionnement du cloud, empreinte numériques et captation des données personnelles… ces différentes thématiques évoquées à travers le jeu ont apporté leur lot de discussions et débat. Au delà de l’apport de connaissances, c’est aussi la méthode qui a été appréciée : « ça donne des idées pour pratiquer avec les jeunes », nous dira Zoé, animatrice à Ligné.

Un après-midi centré sur la pornographie et le cyberharcèlement

Suite la pause déjeuner, l’après-midi s’est ouvert sur un temps de « débat mouvant ». Cet outil a permis au groupe de réfléchir ensemble et de se positionner de manière argumentée autour de phrases volontairement clivantes concernant le numérique : « la surveillance n’est pas un problème lorsqu’on a rien à cacher », « les réseaux sociaux permettent de mieux s’informer », « les créateurices de contenu sont de bons modèles pour les ados ».

Les stagiaires en plein débat.

Rapidement évoqué en début de journée à travers les plateformes PornHub, Telegram et OnlyFans, la pornographie et la manière de l’aborder à travers la fonction d’animateurice jeunesse a été un des temps forts de l’après-midi. S’appuyant sur les deux affirmations « parler de pornographie à des ados de 12 ans » et « animer des temps d’échanges sur la pornographie sans s’y connaître » ainsi que sur une échelle graduée « ça me convient / ça me questionne / ça me gêne / ça me révolte », les participant·es ont pu réfléchir par petits groupes à leur pratique d’animateurice. Un sujet parfois tabou, alors que 62 % des jeunes ont été exposés à la pornographie avant leurs 15 ans selon un sondage réalisé en 2018. Ces temps d’échanges ont été alimentés par quelques ressources, dont un tableau dénombrant les vidéos dont la catégorisation ou la description relèvent de crimes et délits ou incitent incontestablement à la violence sur les principales plateformes pornographiques.

Pour terminer la journée, un temps a été consacré à la problématique du cyberharcèlement. S’appuyant sur des cartes de définition de termes parfois méconnus (doxxing, grooming, revenge-porn, fisha, raid, dickpic…), les stagiaires ont pu découvrir des pratiques parfois insoupçonnées ou tout simplement mettre un terme sur ces comportements. Ces discussions ont été utiles mais difficiles pour certain·es malgré les précautions de mises en garde de l’animateur.

Des cartes pour travailler le vocabulaire autour du cyberharcèlement.

Des cartes pour travailler le vocabulaire autour du cyberharcèlement.

Des stagiaires ravi·es

« Une formation un peu floue au départ mais qui aura été agréable, bénéfique et à réitérer », témoigne Yoann directeur jeunesse à Ligné. Une « très bonne expérience » pour son collègue du Cellier Quentin, « une super journée avec un super formateur avec un sujet difficile », pour Émilie, animatrice à Riaillé. Au delà des apports en contenu et en outils pour aborder la question numérique avec les jeunes, cette journée a permis aux stagiaires de se rencontrer pour échanger sur leurs questionnements et leurs pratiques. Un moment fédérateur apprécié qui devrait se réitérer lors de prochaines formations communes.

Le support de formation utilisé par Fragil lors de cette journée est disponible ici.

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Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017