12 novembre 2020

Une journée avec les volontaires de l’AFEV

Le 29 octobre 2020, Fragil a animé des ateliers d'éducation aux médias en direction des volontaires en service civique de l'AFEV. L'association a sollicité Fragil pour animer cette journée autour de deux thèmes principaux, le cyberharcèlement et les réseaux sociaux.

Une journée avec les volontaires de l’AFEV

12 Nov 2020

Le 29 octobre 2020, Fragil a animé des ateliers d'éducation aux médias en direction des volontaires en service civique de l'AFEV. L'association a sollicité Fragil pour animer cette journée autour de deux thèmes principaux, le cyberharcèlement et les réseaux sociaux.

Pour la deuxième année consécutive, l’association Fragil a été sollicitée par l’AFEV afin de former les volontaires en service civique de l’association à certains ateliers d’éducation aux médias. Pour cette rentrée 2020, les jeunes âgés de 18 à 25 ans étaient une quinzaine à suivre la journée de formation au sein de la maison de quartier de la Bottière. Tous et toutes semblaient curieux de découvrir cette journée dédiée au cyberharcèlement et aux réseaux sociaux.

A la découverte de l’éducation aux médias

Parmi les volontaires, certains vont être amenés à animer des ateliers d’éducation aux médias auprès d’élèves en école primaire, cette journée animée par Fragil est donc l’occasion de découvrir un contenu thématique mais également des formats d’ateliers adaptés aux plus jeunes.

La journée débute par deux temps d’accueil : un tour des prénoms et des humeurs à l’aide du jeu de carte Dixit et un jeu nommé « prénom ballon« . Les deux jeux permettent au public de découvrir les autres participant.e.s et d’amener une ambiance conviviale et dynamique. Le groupe de volontaires se connaissant déjà, ce temps d’accueil fût particulièrement chaleureux et permis à l’animatrice de Fragil de mieux retenir les prénoms.

Jeu de classement sur le cyberharcèlement.

La matinée étant dédiée au cyberharcèlement, les volontaires sont amenés à participer à un atelier de classement. Par groupe de 3 à 4, ils doivent classer des mots qui relèvent du champ lexical de la thématique. Afin d’établir une définition commune, ils doivent classer l’ensemble des mots en trois groupe « cyberharcèlement », « harcèlement » ou « les deux », il y a également des mots intrus.

L’atelier se poursuit par l’observation du travail des autres groupes. Chacun.e commente, interroge les autres participant.e.s sur leurs choix de classement. L’atelier se termine par le visionnage d’une vidéo adaptée aux plus jeunes, une nouvelle source dont ils pourront se servir dans leur prochains ateliers d’éducation aux médias.

 

Après une pause, la matinée se poursuit par un débat mouvant. D’après leurs avis et arguments, chaque volontaire doit se positionner d’un coté ou de l’autre de la pièce, soit du côté « je suis d’accord », ou de l’autre « je ne suis pas d’accord ». L’animatrice de Fragil énonce une à une des phrases volontairement clivantes afin d’amener les volontaires à se positionner et à débattre entre eux. Certaines demeurent cependant « sans débat » car plutôt adaptées à un public moins averti sur la question du cyberharcèlement.

Exemple de phrase :  » Une insulte en ligne est moins grave qu’une insulte en face à face. » « Il vaut mieux faire attention à ce que l’on dit et ce que l’on fait sur internet pour ne pas se faire cyber-harceler ». « En fonction de la victime, certains cas de cyber-harcèlement sont excusables ».

Du cyberharcèlement au réseaux sociaux

Pour terminer cette première thématique de la journée, un dernier atelier d’éducation populaire est proposé aux volontaires de l’AFEV. Toujours par groupe de 3 à 4 personnes, les participantes et participants ont du se mettre à la place d’un parent d’élève ayant potentiellement un comportement inquiétant.

Atelier de mise en situation.

Après avoir lu ce type de scénario (voir ci-dessous), chaque groupe réfléchi et discute autour des problèmes que posent ces comportements et se met à la place d’un proche, un parent afin de déterminer le meilleur comportement à adopter.

Chloé a 16 ans, elle passe beaucoup de temps sur Youtube et commente beaucoup les vidéos de ses chaînes préférées. Elle commente aussi les chaînes qu’elle n’aime pas. Depuis quelques temps son langage est devenu plus grossier.

Selon vous que se passe-t-il ?

Que faire ?

Les volontaires de l’AFEV pendant un atelier.

L’après midi est entièrement consacrée aux réseaux sociaux et à notre empreinte numérique. Afin d’amener du dynamisme et de jauger les connaissances des volontaires, l’animatrice de Fragil propose d’animer un quiz de culture numérique (à retrouver dans la présentation Google, en fin d’articles).

Contenant une quinzaine de questions, le quiz permet aux volontaires de poser des questions mais aussi d’enrichir leurs connaissances. Parmi les informations les plus marquantes, certain.e.s soulignent la question dédiée aux câbles sous-marins, dont ils ignoraient l’existence.

Extrait du quiz.

Cet atelier permet également d’aborder la question du modèle économique des réseaux sociaux. Une grande majorité des participant.e.s a avait déjà en tête ce fonctionnement. Le schéma client / vendeur / produit est très clair pour eux, les clients étant les annonceurs publicitaires, les vendeurs sont les entreprises propriétaires des réseaux sociaux et les produits sont les personnes ayant un compte sur un réseau social. Une nouvelle fois l’adage « si c’est gratuit c’est vous le produit » fait sens et se retrouve parmi les échanges entre volontaires.

Un groupe de volontaires participants à un atelier.

Pour terminer cette journée, l’animatrice de Fragil propose un dernier atelier autour de l’empreinte numérique, avant de conclure sur un bilan. Cet atelier est proposé à tout type de public et une nouvelle fois adaptable aux plus jeunes. A l’aide d’une publication Instagram (photo, biographie, description, commentaire) et d’une partie de ses métadonnées (heures, date, localisation…), les participant.e.s doivent lister au fur et à mesure toutes les informations qu’on peut acquérir sur la personne ayant partagé cette publication.

A partir d’une simple photo de makis, puis de la publication entière, on se retrouve avec une liste « impressionnante » de données sur  la personne qui a publié le post. Cet atelier permet d’aborder la notion de données personnelles, d’empreinte numérique, d’e-réputation et d’identité numériques. Le schéma ci-dessous est présenté comme conclusion à l’atelier :

Schéma extrait de l’atelier sur l’empreinte numérique.

Cette journée s’achève par un bilan avec les volontaires et les deux salariées de l’AFEV. Toutes et tous doivent donner leur bilan personnel à l’aide de trois post-it. Chaque post-it contient une information différente, le premier est « j’ai appris », le deuxième « je ressens » et le dernier « je repars avec … ». Les retours sont globalement très positifs, bien que de la fatigue et la sensation d’une « longue journée » font très souvent partis des éléments de réponse.

Ci dessous, la présentation de la journée.

Atelier d'initiation au journalisme pour les jeunes orvaltais

Les podcasts éducation aux médias de Jann et Paloma : coup d’œil sur les algorithmes

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017