3 juillet 2018

Une dixième bougie pour le Web2Day, et un pari réussi

Le Web2Day, c’est le digital springbreak de Nantes. Ce festival « tech » – mais pas que – est porté par l’association La Cantine, pôle de l’écosystème numérique nantais. Fragil y était du 13 au 15 juin, et vous livre aujourd’hui ses impressions, entre conférences, réalité virtuelle et karaoké.

Une dixième bougie pour le Web2Day, et un pari réussi

03 Juil 2018

Le Web2Day, c’est le digital springbreak de Nantes. Ce festival « tech » – mais pas que – est porté par l’association La Cantine, pôle de l’écosystème numérique nantais. Fragil y était du 13 au 15 juin, et vous livre aujourd’hui ses impressions, entre conférences, réalité virtuelle et karaoké.

Le Web2Day, un festival réservé aux développeurs ?

On pourrait se laisser aller à croire que le Web2Day est un événement uniquement porté sur la technologie, avec des conférences complexes sur le développement informatique et la physique quantique (même s’il y en a !). En réalité, ce festival, qui soufflait sa dixième bougie cette année, s’adresse à un public bien plus large. Pour peu que vous soyiez intéressé·e·s par le numérique au sens large, le monde des startups, l’entreprenariat ou encore le développement personnel, vous y trouverez votre place.

Magali Olivier, directrice opérationnelle de La Cantine, insiste d’ailleurs sur le fait que « la ligne directrice du Web2Day, c’est la diversité, le but étant de mélanger les publics ». Et cette diversité se traduit notamment par « des conférences plus pratiques, des conférences sur l’entreprenariat, des conférences tech… ». L’événement se place à la croisée des mondes professionnel et privé. Pour Magali, il y a « une énergie humaine extraordinaire et un côté familial » derrière le festival, ce qui en fait sa force.

Au Web2Day, on retrouve effectivement des publics variés ; étudiant·e·s, cadres, startuppeur·euse·s, simples curieux·se… Et des conférences toutes aussi diversifiées, qui allient nouvelles technologies et sujets de société comme les fake news, ou qui livrent des témoignages parfois prenants, sur l’échec ou sur l’aventure entrepreneuriale par exemple.

« Ce qui importe, c’est l’expérience des speakers et des festivaliers. » – MAGALI OLIVIER

Les conférences qui nous ont marquées

Le Web2Day a un programme chargé, et il est malheureusement impossible d’assister à toutes les conférences. Alors, rien que pour vous donner un exemple de la diversité qui règne sur l’événement, on vous a sélectionné quatre talks qu’on a particulièrement appréciés…

Ni trop tôt, ni trop tard, le code n’a pas d’âge by Aurélie JEAN et Amélia MATAR

« Everyone should learn how to program a computer, because it teaches you how to think. » – Steve Jobs

Qu’on ait 5 ou 50 ans, Aurélie Jean et Amélia Matar nous assurent qu’il est possible, mais surtout nécessaire, d’apprendre à coder. Nécessaire pour réduire la fracture numérique mais également pour comprendre davantage le monde qui nous entoure. On ne peut plus nier la place prédominante du numérique aujourd’hui, et c’est pourquoi il est important de s’en saisir au plus vite, pour ne pas se sentir mis de côté.

« Il s’agit au plus tôt d’enrayer des mécanismes inégalitaires, pour qu’on ne laisse personne sur le carreau. » – Amélia

Nous avons eu la chance d’échanger avec les deux conférencières à la suite de cette présentation. Pour elles, il est important « d’introduire des technos dès le plus jeune âge, pour créer des vocations, notamment chez les jeunes filles ». Le but n’étant pas que tous les enfants deviennent développeurs, mais qu’on leur ouvre le champ des possibles, et qu’on leur donne envie, au même titre que n’importe quelle matière, de s’engager dans cette voie.

Pour les enfants, le code se révèle d’ailleurs être une « formidable opportunité de prendre confiance en [eux], en comprenant ce qui [les] entoure ». Et pour Amélia, avoir confiance en soi c’est également « se sentir en confiance pour poser des questions », et ainsi développer sa compréhension du monde et son sens critique.

Et pour apprendre à coder, pas besoin d’écran ! Au travers de COLORI, Amélia Matar propose aux enfants une approche ludique pour se familiariser avec l’informatique au travers de jeux. Quant à Aurélie, elle explique écrire des algorithmes sur papier avant de se lancer.

Sur la question de la difficulté à se faire une place dans ces domaines en tant que femme, Aurélie nous explique que cette problématique existe également pour toutes les minorités ; c’est « le fait d’avoir quelqu’un de différent ». Mais être développeuse ou travailler dans les sciences ne nous rend « pas moins femme ». Pour Amélia, c’est aussi la raison pour laquelle il est d’autant plus important d’avoir conscience de ces opportunités, et ce dès le plus jeune âge, notamment « pour donner des perspectives aux jeunes filles ».

Si, en tant qu’adulte, vous souhaitez vous lancer, Aurélie Jean nous propose par exemple Coding Days ou encore Codecademy pour débuter tranquillement, de chez soi !

Pour (re)voir la conférence :

? Ni trop tôt, ni trop tard, le code n'a pas d'âge ! ?

Retrouvez l'intégralité de la conférence d'Aurélie Jean et Amélia Baron Matar au Web2day, regards croisés sur l'importance d'apprendre à coder, quel que soit votre âge ! Il n’est jamais trop tôt, ni trop tard pour apprendre à coder. C’est la conviction d’Amélia Matar, fondatrice de COLORI qui propose des ateliers d’initiation au code dès 3 ans et d’Aurélie Jean, Docteur en sciences numériques et entrepreneuse, qui encourage les adultes à apprendre à coder. Une nouvelle discipline qui façonne dorénavant nos modes de vie et notre esprit. À voir, à partager, à commenter ! ?Illustrations : Auraline Mary Art

Publiée par COLORI sur Jeudi 21 juin 2018

« C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que les hommes et les femmes peuvent construire, à compétences égales, le monde de demain. » – Aurélie

Rebondir sur l’échec, by Fred Colantonio

Fred est conférencier, consultant, auteur et anciennement criminologue. Au travers de cette conférence, il nous parle de l’échec – des siens mais aussi des nôtres, du processus de rebond, et des mécanismes qui entrent en jeu lorsque l’on y fait face. On apprécie la sincérité de ce talk, d’autant plus qu’on se retrouve facilement dans le discours.

Fred nous livre d’ailleurs une conférence qui casse les clichés made in USA, qui glorifient l’échec et le placent presque comme un objectif de vie. Fred nous rassure :

« La chute est la même, c’est juste le processus de rebond qui est accéléré ».

Car « l’échec laisse toujours une trace », quoi qu’il arrive. La bonne nouvelle ? On peut s’en remettre, dès lors qu’on ne tombe pas dans la « spirale de l’échec », et qu’on en comprend ses mécanismes.

(vidéo à venir…)

Simple n’est pas stupide

Une conférence hilarante sur la difficulté à simplifier les choses. Thierry Croix, UX Designer et conférencier, pointe entre autres du doigt les termes compliqués utilisés dans le monde des startups et de la tech, alors même qu’on n’en comprend pas le sens.

Blockchain, ROI, disruption, agile, API… ça sonne classe mais ça veut dire quoi, concrètement ? Autant de « buzz words » avec lesquels, selon Thierry, on peut facilement faire un bingo en réunion !

L’expression parle d’elle-même, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Parce que « vulgariser » contient vulgaire, un mot plutôt péjoratif, et que la simplicité fait fuir les clients… ou notre propre égo ! *

« Simplifier est la chose la plus difficile à faire »

(vidéo à venir)

* On a tou·te·s appris à broder sur nos copies du Bac pour paraître plus intelligent·e·s…

Je capote sur le prototypage et l’itération

« Done is better than perfect »

La pétillante Isabelle Lopez, fondatrice de MySmartJourney, a probablement parlé à tou·te·s les entrepreneur·se·s de la salle lors de cette conférence.

Isabelle nous raconte comment elle a mis seulement 10 semaines à créer son entreprise, et insiste sur l’importance de toujours itérer, c’est-à-dire créer un prototype, le tester, recueillir des feedbacks et recommencer.

Elle met en avant la relation de confiance qui se crée avec les clients lorsqu’on leur propose des produits dits « imparfaits », qu’ils ont alors l’occasion de tester et de critiquer.

Pour Isabelle, plus vite on a la possibilité de tester son produit ou son service, mieux c’est : cela permet de se savoir rapidement s’il faut persévérer dans son projet, le changer, voire même l’arrêter.

Une conférence inspirante et une bonne piqûre de rappel pour les entrepreneur·se·s !

« Si vous n’avez pas honte de la première version de votre produit, vous l’avez lancé trop tard. » – Reid Hoffman

En conclusion

Le Web2Day est un des événements estivaux à ne pas louper si on s’intéresse de près ou de loin aux sujets cités plus haut. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au-delà des conférences, vous avez aussi accès au Village du Web2Day, qui regroupe diverses entreprises et startups. Celles-ci proposent, comme Hypercube par exemple, de la réalité virtuelle, ou encore des tests de drones, des goodies, des informations sur les écoles, etc.

Sans oublier, pour les plus motivés d’entre vous, les afterworks et la fameuse soirée karaoké du jeudi soir, pendant laquelle vous vous briserez la voix sur du Sardou et du Céline Dion.

Alors, on s’y retrouve l’année prochaine ? 😉

L’ère du mensonge à la maison des Arts

Rendez-vous#2, les yayeurs en force !

Curieuse et entrepreneuse | Addict à beaucoup de choses comme les réseaux sociaux, les séries ou encore le chocolat | Ecolo engagée dans une démarche zéro déchet. • J'aime faire et découvrir mille choses à la fois. Théâtre, jeux vidéo, écologie, numérique, développement personnel, cinéma, féminisme, écriture, littérature sont autant de sujets qui me passionnent et m'intriguent.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017