• Lea Bertucci - Pannonica 2024
17 juin 2024

Wine Nat White Heat clôture son festival au Pannonica avec « Une soirée, trois ambiances »

Wine Nat White Heat, un nom de festival qui fait fourcher la langue quand on le prononce en pensant au titre du Velvet Underground. Et cela sied bien au mélange des genres puisque marier vins naturels et musique, c’est la formule consacrée de Wine Nat White Heat depuis 2015. Retour sur la soirée de clôture de l'édition 2024.

Wine Nat White Heat clôture son festival au Pannonica avec « Une soirée, trois ambiances »

17 Juin 2024

Wine Nat White Heat, un nom de festival qui fait fourcher la langue quand on le prononce en pensant au titre du Velvet Underground. Et cela sied bien au mélange des genres puisque marier vins naturels et musique, c’est la formule consacrée de Wine Nat White Heat depuis 2015. Retour sur la soirée de clôture de l'édition 2024.

Cette douzième édition de Wine Nat White Heat s’est donc achevée le jeudi 6 juin au Pannonica. Le rendez-vous avait commencé plus tôt dans la soirée au Musée d’art avec une dégustation de vins naturels accompagnée d’un concert de Deus ex Machina.

Les portes du Pannonica ouvrent vers 20h : le public arrive et la salle se remplit sans agitation. Tables et chaises sont disposées pour profiter de la scène en mode assis tout en sirotant tranquillement la boisson de son choix. Au bar, à côté de la sélection habituelle de vins bio et de bières locales, le festival affiche une carte dédiée aux vins naturels.

Josephine Foster

Josephine Foster ouvre la soirée au piano

Josephine Foster

Il est près de 20h45 quand la musicienne américaine Josephine Foster, vêtue d’une jupe longue foncée et d’un châle blanc à franges, monte sur scène. Les vêtements qu’elle porte paraissent atemporels. Elle s’installe au piano et chante. Josephine Foster a une voix singulière presque surannée, qui semble sortir d’un autre temps. L’atmosphère s’enveloppe d’une douceur toute folk. L’artiste poursuit ensuite à la guitare et harmonica, un titre emprunt de nostalgie. Puis, elle introduit en français le troisième morceau, un poème de James Joyce écrit à l’âge de 18 ans. Elle enchaîne ensuite plusieurs titres joués soit au piano, soit à la guitare et une fois encore à l’harmonica. Les personnes dans le public sont attentives : elles murmurent si elles souhaitent parler et posent leur verre avec douceur sur les tables. Les mélodies invitent à l’introspection et au calme. La musicienne prend la parole pour expliquer que sa tournée se termine ici et que tout au long de celle-ci, elle a eu la chance de se voir prêter plusieurs guitares, mais elle souligne que cet instrument (une guitare Fender Stratocaster) est particulièrement « très bon » ! Elle en remercie les organisateurs et achève son set au piano.

Lea Bertucci - Pannonica 2024

Lea Bertucci en pleine expérimentation sonore

Lea Bertucci

Après une courte pause, Lea Bertucci arrive. Tout comme Josephine Foster, elle aussi est américaine, compositrice et multi-instrumentiste et se produit seule ce soir. Elle saisit une flûte traversière sans trous et commence à jouer en se servant de son souffle et de sa main droite qui se rapproche de l’extrémité de son instrument comme une sourdine pour en moduler les sons. Elle enchaîne sur ses machines avec des loops (boucles de son) qu’elle trafique. Elle utilise beaucoup d’électronique, ce qui lui permet de modifier les sons en direct : textures sonores, drones… Le résultat est très hypnotique. Parfois les sons évoquent le tonnerre, ou des claquements métalliques dans un endroit à forte résonance. Ça siffle, ça chuinte, ça scratche, le tout avec un rythme répétitif qui reste envoûtant comme le bruit du ressac. La musicienne quant à elle, paraît calme et concentrée. Elle prend la parole tout en expliquant que c’est quelque chose qui ne se fait pas habituellement quand on joue de la musique expérimentale. Toutefois elle tenait à expliquer son inspiration qui lui est venue après une éclipse solaire. Elle a regardé le soleil devenir noir et ressentit la terreur des animaux…

« Une soirée, trois ambiances »

Le directeur du Pannonica, Frédéric Roy introduit le festival Wine Nat White Feast et résume la soirée par « une soirée, trois ambiances ». Il annonce le changement de configuration de la salle. Les tables et chaises vont être rangées pour le set d’Abacaxi, le power trio survitaminée de Julien Desprez.

Musique hors format

Pendant la pause, Fragil mène un rapide sondage dans la salle pour savoir les raisons qui ont conduit les spectateurs à venir ici ce soir, il s’avère qu’il y a les habitué·es de la salle. Parmi elleux, Jean-Marc est musicien, il porte le projet Animal Segment, il est habitué des lieux. Il vient régulièrement au Pannonica pour les propositions jazz et la musique improvisée. Il est là ce soir pour la musique expérimentale et aussi parce qu’il a une passion pour le vin naturel.
Quant aux autres, certains sont musiciens. Arthur qui joue dans un big band à Rezé vient car « j’ai entendu parler du Pannonica et je viens découvrir ce club de jazz. Je suis venu accompagné de mon amie, Clémence« . Julien, quant à lui, joue de la basse au conservatoire, il a découvert le festival l’an dernier et a beaucoup apprécié sa découverte d’Astéréotypie et d’autres groupes intéressants qu’il qualifie comme jouant de la « musique hors format » alors il revient cette année. Magali évolue dans le domaine artistique et s’est déplacée ce soir pour voir Abacaxi car elle connaît et apprécie le travail de Julien Desprez, et elle aussi amatrice des programmations du Pannonica et de Wine Nat White Heat.

Abacaxi - Pannonica 2024

Abacaxi – guitare, basse, batterie et stroboscopie !

Abacaxi

Quand Abacaxi monte sur scène, on sait tout de suite que c’en est fini des musiques atmosphériques et de la rêverie. Nouvelle ambiance, ils sont trois et leur musique redonne immédiatement de l’énergie en cette fin de soirée ! Le power trio est composé de Francesco Pastacaldi à la batterie, Jean François Riffaud à la basse et Julien Desprez à la guitare. Le son pulse, la lumière se syncope, effet free rock garanti pur jus. Et oui, Abacaxi, c’est le nom portugais de l’ananas !

Nantaise de cœur, Caroline sillonne la ville entre concerts et spectacles. Ses autres domaines de prédilection : l'art contemporain, les arts graphiques et le cinéma ! Elle partage avec plaisir ses coups de cœur culturels.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017