16 décembre 2019

Tisse Métisse 2019 : L’éloquence

Ce 14 décembre, c’était la 27ème édition de Tissé Métisse la fête, ce bel événement annuel ayant lieu à la Cité des congrès et dédié à la lutte contre les discriminations et l’intolérance. Autour de propositions variées, il apporte des perspectives pour une société plus solidaire. Focus sur le concours d'éloquence des jeunes de Malakoff.

Tisse Métisse 2019 : L’éloquence

16 Déc 2019

Ce 14 décembre, c’était la 27ème édition de Tissé Métisse la fête, ce bel événement annuel ayant lieu à la Cité des congrès et dédié à la lutte contre les discriminations et l’intolérance. Autour de propositions variées, il apporte des perspectives pour une société plus solidaire. Focus sur le concours d'éloquence des jeunes de Malakoff.

Au programme de cette journée : des supports d’échanges et d’expression artistique comme la charge mentale des femmes ou encore le concert de Tiken Jah Fakoly.

Une belle exposition dans le hall du 1er  étage montre de façon décalée différents sujets sur les discriminations : par exemple les femmes, les personnes en situation de handicap, en partant des clichés véhiculés dans la société. En bas du panneau un quiz pour aider chacun à réfléchir sur le sujet… une réussite.

Au sein  de ce programme, des jeunes de Malakoff montrent leurs talents.

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L’éloquence est à l’honneur

Amina ouvre la séance en se présentant comme la gagnante du premier concours d’éloquence réalisé dans le quartier de Malakoff en 2018, à l’initiative d’Antoine Payen.

Le concours d’éloquence, c’est des candidats, un jury, un vainqueur. Pour gagner, il faut savoir écrire, convaincre, toucher et si possible se mettre en scène. Cependant, les concours sont multiformes selon le public auquel ils s’adressent et l’orientation donnée par les organisateurs. Parce que s’exprimer en public, cela s’apprend, donne confiance en soi et ouvre des horizons pour soi même et dans la société.

Cette jeune fille va donc nous guider pendant une heure et nous présenter au fur et à mesure, les candidats de l’après midi. Il ne s’agit pas d’un concours en tant que tel mais d’une présentation (10 minutes chacun) pour donner à voir ce qui se fait lors des concours d’éloquence.

Julian : « du lobbying dans la société »

Julian nous livre un exposé bien structuré : des informations, une analyse, son ressenti en tant que jeune et des perspectives. Ainsi quelques expressions entendues : « les lobbies ont-ils à voir avec le mal être en démocratie ? ». S’appuyant sur un article du Monde et une réflexion de Nicolas Hulot : « Ils sont puissants parce que nous sommes faibles ». Cependant Julian laisse place à l’espoir à la fin de sa présentation en montrant que des jeunes s’engagent et que leur place est importante.

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, donc nous sommes tous immortels ! »

Gwenola : « Faut-il s’aimer soi-même ? »

Elle a choisi un  sujet plus personnel, pour nous faire entendre les difficultés des jeunes, le poids du regard des autres, le processus de maturation qu’elle exprime avec lucidité : « Les gens ne te connaissent pas mais te jugent », « Être violent, ce n’est pas possible en étant soi-même, il faut se concentrer sur la personne que l’on veut devenir ». Elle termine sa prestation par un message fort  à son interlocuteur imaginaire :

« J’y crois pour toi. Aide toi, moi je t’aime déjà ! »

Antoine : « Le prix de l’inaction est bien plus grand que le coût d’une erreur » 

D’emblée, il nous montre une mise en scène plus travaillée, en s’installant dans un fauteuil et en en jouant tout au long de sa prestation : « Moi je suis dans mon fauteuil à rêver d’une vie que je ne vivrai jamais », « Plus jeune l’inaction me fascinait, mais qu’est-ce que cela cache ?  Puis j’ai décidé d’agir en créant  le concours d’éloquence à Malakoff. J’ai osé me tenir face à vous. Dans chaque erreur, il y a de l’expérience ».

Une belle démonstration qui se conclut par :

« Mieux vaut goutter le prix de l’erreur que l’aventure de l’inaction. » 

Mamadou : « La protection de l’environnement »

Il nous présente un beau plaidoyer pour démontrer son engagement, sa grande conscience des problèmes écologiques, des destructions faites par les hommes : « la nature est une richesse gratuite, mais la monnaie prend le dessus » ; « Inspirer, expirer devrait être facile » ; « Il nous faut protéger et respecter la nature, sinon nous ne vivrons plus ». Il conclut en se mettant à genoux sur scène :

« J’ai peur qu’il soit trop tard et que cela soit le début de la fin… »

Après ces 4 présentations, toutes très applaudies, un petit temps d’échanges a permis aux spectateurs d’apporter leurs encouragements auprès des jeunes.

Le bouquet Final

Des messages délivrés par :

Amina : « En tant que jeunes, on ne nous prend pas au sérieux, écoutez-nous, nous avons plein de choses à vous dire » 

Le professeur de philo, Emmanuel Leclerc se présente sur scène avec les jeunes lycéens. En effet, il les a accompagnés dans leur participation à cet événement, les a formés à l’écriture. Il fait part de son engagement dans cette action.

« Ce sont eux qui m’apprennent, croyons en leur capacité, aidez-nous à réaliser leurs rêves. Ne laissons personne au bord de la route, par la parole et l’éloquence nos voies seront entendues » 

Pour finir Antoine nous ouvre des perspectives pour que d’autres jeunes tentent l’expérience : En avril 2020 aura lieu un nouveau concours d’éloquence.  Les jeunes intéressés pourront s’inscrire sur le site facebook de l’association « Place aux jeunes des Pays de Loire ». Une formation leur sera proposée en mars pour les accompagner à monter sur scène.

Émouvant et réconfortant !

Inciter les jeunes à travailler leur expression orale est une nécessité aujourd’hui, ce qui explique  le succès des concours d’éloquence, un outil pour se découvrir des capacités insoupçonnés ! Encourageons-les.

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017