18 juin 2018

Switch Session : dialogue rétabli entre jeunes et élu·e·s ?

La Switch Session est un projet mené par la pépinière jeunesse le Triptic. Le but ? Permettre à 16 jeunes de tout horizon de rencontrer des élu·e·s de la ville de Nantes, pour ainsi réduire le fossé entre les jeunes et la politique.

Switch Session : dialogue rétabli entre jeunes et élu·e·s ?

18 Juin 2018

La Switch Session est un projet mené par la pépinière jeunesse le Triptic. Le but ? Permettre à 16 jeunes de tout horizon de rencontrer des élu·e·s de la ville de Nantes, pour ainsi réduire le fossé entre les jeunes et la politique.

La Switch Session est un projet mené par la pépinière jeunesse le Triptic. Le but ? Permettre à 16 jeunes de tout horizon de rencontrer des élu·e·s de la ville de Nantes, pour ainsi réduire le fossé entre les jeunes et la politique.

Le forum Switch Session du 26 mai proposait le bilan de cette expérience, au travers d’échanges et de débats avec les élu·e·s et les jeunes.

Wafaa et Emilie, les deux animatrices de choc !

Le « parcours » Switch Session

Pour Sakina, qui a rencontré Myriam Nael (élue à l’éducation et à la politique de la ville), cette expérience s’apparentait vraiment à un parcours. De la préparation, au forum, en passant par les rencontres avec les élus, la switch session était un programme ambitieux, qui s’est terminé sur un temps fort réunissant tous les acteurs y ayant participé (élu·e·s, jeunes, partenaires…). Pour elle il s’agissait d’un vrai moment de partage et d’échanges, qui a su rétablir le dialogue entre jeunes et élu·e·s.

Le forum s’est organisé sous forme de tables rondes, de débats, de témoignages et de performances artistiques. Les jeunes ont été mis à contribution puisqu’ils se sont occupés de la scénographie, de l’animation et même du buffet. Il s’agissait entre autres de sonder l’avis des jeunes participants, mais également des élu·e·s, sur l’expérience qu’ils avaient vécue et ce qu’ils en retiraient.

Wafaa, en pleine table ronde avec les élu·e·s et les jeunes.

Les jeunes, vraiment désintéressés ?

A la question « quelle image de la politique avais-tu avant les rencontres ? », beaucoup répondent qu’ils ne présentaient aucun intérêt particulier pour ce sujet, ou qu’ils ne se sentaient ni concernés ni même utiles.

Mais les rencontres avec les sept élu·e·s leur ont apporté un regard neuf sur le « monde de la politique ». Pour beaucoup, une distinction s’est faite entre la politique nationale et la politique locale ; s’ils ne se sentent pas assez mis en valeur sur le plan national, ils ont compris qu’au niveau local, leur participation pouvait avoir un impact.

Lors des débats avec le public, certaines prises de parole dénoncent la difficulté à se faire entendre lorsque l’on est jeune, et la violence qu’une telle frustration peut générer (lors des manifestations par exemple). Néanmoins, on s’accorde à dire dans l’assemblée que « plus il y a de violence, plus ça discrédite les jeunes ».

Catherine Piau, adjointe du quartier Nantes Erdre, regrette que les élu·e·s soient souvent considéré·e·s « hors circuit » :

« Les jeunes ont une vraie difficulté à venir vers nous. […] Chacun a son jargon, mais quand on est ensemble, il faut savoir utiliser le même. »

Elle insiste néanmoins sur le fait que « la société de demain c’est vous [les jeunes, ndlr] ».

Benjamin Mauduit (à gauche), élu à la nuit et à l’émergence, et Nicolas Martin, élu à la jeunesse.

Les élu·e·s, vraiment déconnectés ?

Une des idées reçues brisée lors de ce forum, c’est le manque d’accessibilité des élu·e·s. Comme précisé plus haut, avant les rencontres les jeunes les décrivaient comme des personnes désintéressées, qui ne prenaient pas en compte leur avis.

L’accessibilité se trouve cependant être le terme le plus utilisé lors de ce forum. Pour Fatoumata, qui a rencontré les sept élu·e·s, cette expérience a permis de rajouter de l’humanité à la politique et de se rendre compte qu’ils étaient somme toute des personnes « lambda », avec une famille et un métier à côté de leur rôle.

Les jeunes affirment avoir découvert l’envers du décor, comme Wafaa qui explique qu’elle n’avait « pas conscience du travail derrière [les décisions, les actions]» :

« Je ne voyais pas les coulisses, je ne voyais que le spectacle ».

Anis, qui nous a présenté une chanson de rap écrite par ses soins!

Au final, jeunes et élu·e·s ; un dialogue rétabli ?

Le forum Switch Session a bouclé plusieurs mois de travail et souligné la forte implication, tant des jeunes que des élu·e·s, dans l’élaboration de ce projet. Pour Guillaume, responsable du Triptic, c’est une grande fierté, « pour la structure mais également pour les jeunes, qui se sont beaucoup investis ». Il a souhaité, au travers de cette expérience, « donner les clés d’émancipation aux jeunes ».

Pour Nicolas Martin, « les jeunes ont une force politique qu’ils doivent saisir ».

Et c’est en effet ce qu’on retiendra de ce forum : l’espoir d’un dialogue citoyen·ne·s – élu·e·s renoué, porté par des jeunes qui semblent avoir pris conscience de leur importance et de leur pouvoir d’agir.

Si les débats et tables rondes n’ont pas abouti à une entente parfaite, ils ont cependant prouvé que des échanges, constructifs et encourageants, peuvent avoir lieu entre ce qu’on penserait être deux mondes différents.

Fatoumata, fil rouge de cette Switch Session.

Bilan de l’expérience : des élu·e·s ravi·e·s d’avoir laissé de la place aux jeunes, et des jeunes ravi·e·s d’avoir pénétré dans un univers quelque peu inconnu. Une « switch session inversée » pourrait même être organisée pour permettre aux élu·e·s de découvrir la réalité des jeunes dans leur quartier.

On terminera sur la superbe vidéo de Fatoumata, jeune volontaire au Triptic, qui a été le fil rouge de cette Switch Session pour avoir rencontré les sept élu·e·s :

"Si la Jeunesse est l'avenir du monde, c'est aussi peut-être celui de ma ville"Retour sur le texte de Fatoumata Gassama mis en images par Jérémie Lusseau d'Iris Pictures.

Publiée par Triptic Léo Lagrange Ouest sur Jeudi 31 mai 2018

« Au travers de la Switch Session j’ai fait la rencontre de personnes aux parcours engagés, singuliers, des hommes et des femmes de tous âges, de tous quartiers, de différents milieux sociaux. Des personnes animées par le souci d’être en lien avec les habitants, à la recherche du bien-vivre de ses habitants. »

Curieuse et entrepreneuse | Addict à beaucoup de choses comme les réseaux sociaux, les séries ou encore le chocolat | Ecolo engagée dans une démarche zéro déchet. • J'aime faire et découvrir mille choses à la fois. Théâtre, jeux vidéo, écologie, numérique, développement personnel, cinéma, féminisme, écriture, littérature sont autant de sujets qui me passionnent et m'intriguent.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017