En octobre 2024, Sport dans la Ville, association fondée en 1998 à Lyon au niveau national, a inauguré ses débuts dans la métropole nantaise sur le terrain de foot des Dervallières. Son but est d’accompagner les jeunes issu·es de quartiers prioritaires par le biais du sport dans le milieu professionnel en apportant des valeurs importantes.
Des entraînements de sport sont proposés le mercredi et le samedi après-midi. Le mercredi, des séances de football mixtes sont proposées allant des 6 à 17 ans et plus. Si ces séances sont assez mixtes pour les plus jeunes âges ce n’est pas le cas pour à partir des 14 ans et plus où elles sont entièrement composées de garçons.
“Place aux filles”, un programme 100% féminin
Pour répondre à ce manque au cours de cette saison 2025-2026, l’association a décidé d’agir avec son programme transversal L dans la ville qui favorise la réussite des filles dans ces milieux. Cette partie de l’association a alors mis en place deux créneaux spéciaux le samedi 100 % féminin pour inciter les filles à participer sous le nom de Place aux filles .
Une initiative qui semble plaire à ces jeunes filles : « Moi j’aime bien parce que je ne vois pas mes copines tout le temps et s’il y avait des garçons ça nous embêterait et ils se moqueraient. » Elles affirment aussi que la pratique du sport avec les garçons suscite parfois des jugements : « Ils disent qu’on est bonnes qu’à la cuisine ».
Un écart persistant entre filles et garçons dans le football
Ce n’est pas par hasard que Place aux filles a été mis en place cette année, sur la première saison 2024-2025 pour 155 inscrit·es et il n’y a seulement que 30 filles. Pour la saison en cours sur 140 inscrit·es seules 20 sont des filles. Un écart largement visible entre les filles et les garçons se creuse dans le sport, pourtant le programme parallèle Job dans la ville était lui composé de 60 % de filles contre 40 % de garçons.
Si la présence des jeunes filles semble influencé par de nombreux facteurs, l’association pense avoir quelques pistes : « Au niveau national quand c’est des terrains de basket on n’a pas trop ce problème là, on a environ 40/45 % de filles par contre sur les terrains de football national on a que 18 % de filles. » C’est alors sur 20 terrains de foot de l’association qu’a été mis en place Place aux filles pour mettre en avant la pratique sportive au féminin : « L’objectif c’est de faire des séances sur le terrain en extérieur pour être visible et qu’on voit des filles s’entraîner », nous dit Asma Zeyan, la directrice régionale de l’association.

Trois éducateurs/trices sportifs/ves : Flavie Papin, Rayane Manai et Léo Pailler et la présidente régionale de l’association, Asma Zeyan (milieu droite). Crédit : Lucie Costabel
Des obstacles qui freinent encore l’inclusion des filles dans le sport
D’autres facteurs comme la compétitivité des garçons à un certain âge ou encore le manque de confiance en soi des jeunes filles qui se sentent moins légitimes dans des sports encore considérés comme masculins. C’est notamment ce que nous dit Flavie Papin, éducatrice sportive de Sport dans la Ville : « Le sport féminin est déjà difficile d’accès parce qu’il n’est pas très représenté dans la société et c’est d’autant plus difficile dans les quartiers prioritaires ». Selon celle qui est aussi gardienne de l’équipe de France de Futsal, il reste encore des efforts à faire dans l’inclusion des filles : « Ce sport n’est pas totalement ouvert d’esprit dans la féminisation, il faut montrer que tu maîtrises et une fois que tu prouves que tu maîtrises tu es intégrée sans soucis. »Une expérience que Flavie a elle même vécu en ayant commencé le foot autour de ses 15 ans. C’est dans cette optique là qu’elle souhaite contribuer à la réussite des jeunes filles dans le monde sportif.
Pour elle et les autres animateur·ices comme pour la directrice régionale de l’association, Asma Zeyan, cette année est l’occasion de tester la mise en place des séances 100 % féminines et de voir si cela engendre du changement et peut-être développe la pratique féminine : « On a des idées on pense peut-être que ce sont les bonnes, Place aux filles peut-être que ce n’est pas la bonne manière de faire, mais on essaie un maximum d’échanger avec les bénéficiaires pour savoir ce qu’elles ont envie de faire. »
Infos utiles :
Site web de Sport dans la Ville