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18 novembre 2016

Artistes émergents au MaMa Festival : off the record

Le mercredi 12 octobre dernier, Fragil retrouvait l’équipe du Rock in Loft à Paris. Cet événement a pour but de favoriser la rencontre entre personnes issues du milieu musical et artistes émergents. Après avoir assisté à une première en Off des Francofolies de La Rochelle plutôt réussie, nous avions hâte d’être une nouvelle fois présents dans le cadre du MaMa Festival, festival incontournable à la programmation éclectique. Plusieurs showcases se sont déroulés lors de cette soirée, parmi lesquels ceux de Louis Arlette, Yalta Club et Camille Bazbaz. Rencontre.

Artistes émergents au MaMa Festival : off the record

18 Nov 2016

Le mercredi 12 octobre dernier, Fragil retrouvait l’équipe du Rock in Loft à Paris. Cet événement a pour but de favoriser la rencontre entre personnes issues du milieu musical et artistes émergents. Après avoir assisté à une première en Off des Francofolies de La Rochelle plutôt réussie, nous avions hâte d’être une nouvelle fois présents dans le cadre du MaMa Festival, festival incontournable à la programmation éclectique. Plusieurs showcases se sont déroulés lors de cette soirée, parmi lesquels ceux de Louis Arlette, Yalta Club et Camille Bazbaz. Rencontre.

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Louis Arlette

Adrien Millot

Louis Arlette, chanson française contrastée

Jeune chanteur et musicien, Louis Arlette a grandi entre Paris et le Massif central. Nous retrouvons cette idée de contraste entre la ville et la nature, élément essentiel pour l’artiste dans la composition de ses chansons. Violoniste à 17 ans, Louis Arlette a eu le besoin de s’ouvrir au monde des studios, univers qui lui est cher.

Violoniste à 17 ans, Louis Arlette a eu le besoin de s’ouvrir au monde des studios, univers qui lui est cher

Fragil : Selon toi, est-ce essentiel pour un artiste de chanter dans sa langue natale ?

Louis Arlette : D’après moi, il est évident que de chanter dans sa langue natale est important. Le texte passe avant la musique, le son est seulement là pour illustrer le texte. La culture et la langue française sont des causes à défendre. De plus, il est beaucoup plus simple de s’exprimer dans sa langue maternelle, il va de soi que l’on trouve les mots plus facilement. Cela permet de faire passer le message avec les bons mots.

Fragil : Chacune de tes chansons raconte une histoire, parles-tu de tes pensées, histoires personnelles ?

Louis Arlette : Pour être honnête je parle un peu de tout. Je peux inventer des histoires, les mixer avec des faits réels, des souvenirs. J’écris, c’est pour moi une façon de chercher la sérénité. Je suis fou de littérature, j’arrive facilement à retranscrire mes émotions sur papier, c’est une sorte d’exutoire.

Fragil : Ton EP Jeux d’Or est sorti en septembre. L’album est donc en préparation ?

Louis Arlette : Oui, je peux d’ailleurs vous annoncer la date de sortie qui sera en mars 2017.

Fragil : Quelles sont tes inspirations du moment ?

Louis Arlette : J’ai des inspirations assez variées. Par exemple, j’écoute beaucoup The Cure, Nine Inch Nails. En ce moment je vais passer de Brel à Gainsbourg ; j’aime beaucoup Indochine également, les textes sont fabuleux et ils arrivent à toucher toutes les tranches d’âges confondues. J’écoute de la musique contemporaine, des musiques plutôt obscures qui m’inspirent beaucoup.

Yalta Club, Midas ou la métaphore du monde actuel

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Yalta Club

Adrien Millot

Geff, Sebastien, Thomas, Erwan et Nicolas, amis de longue date, ont croisé le chemin de Corinna, venue d’Allemagne dans le cadre d’une mobilité Erasmus en France. Peu de temps après, la jeune femme a intégré le club à la pop joyeuse et colorée.

L'Homme devient trop individuel et son envie d'accéder au pouvoir et à la richesse lui fait parfois perdre la raison et le coupe de toute réalité

Fragil : Au départ, cela était-il un objectif de jouer à plusieurs ?

Corinna : Non pas vraiment, cela s’est fait petit à petit. Nous n’étions pas dans l’idée de jouer à autant, mais maintenant nous retrouvons bien évidemment cette notion de « club ».

Fragil : Quelles sont vos influences principales ?

Corinna : Pour ma part je suis plutôt folk, tout comme Geff. En influences communes nous avons tous LCD Soundsystem ou MIA. Le fait d’avoir des influences diverses est un atout, cela permet de varier, de mixer les genres. Par exemple, nous utilisons des samples d’Afrique, cela nous permet de rajouter du grain, une voix d’ailleurs. Je pense que c’est important de varier les sonorités.

Fragil : Existe-il des sujets que vous préférez aborder plus que d’autres dans vos chansons ?

Corinna : Depuis quelques années, on se concentre davantage sur des faits qui nous touchent et qui nous ont marqués. Nous allons aborder le sujets des attentats, des réfugiés… nous sommes tous concernés par cette actualité et notre musique nous aide et permet de nous exprimer.

Fragil : Vous avez sorti votre EP, Midas : un album est donc en cours ?

Corinna : Effectivement. Notre nouvel album HYBRIS sortira le 13 janvier prochain.

Fragil : Pourquoi avoir choisi ce nom et cette pochette pour votre EP ?

Corinna : Notre pochette d’album est basée sur le mythe de Midas. Sur la pochette, nous apercevons une tête humaine seulement constituée d’or. Nous avons voulu créer un fil rouge entre la pochette et nos chansons présentes sur cet EP. Nous souhaitions mettre en avant l’avidité de certains, il y a une mauvaise dynamique dans notre société, l’Homme devient trop individuel et son envie d’accéder au pouvoir et à la richesse lui fait parfois perdre la raison et le coupe de toute réalité.

Fragil : Avez-vous souhaité prendre un chemin différent avec cet EP ?

Corinna : Nous n’y avons pas réellement réfléchi, cela s’est fait spontanément, comme on le disait précédemment, les faits actuels ont fait que c’était devenu presque évident d’aborder ces thèmes. Cela a eu un impact sur notre musique bien entendu.

Fragil : Vos inspirations du moment ?

Corinna : Nous avons beaucoup été touchés par le film Demain, documentaire réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent.

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Adrien Millot

Camille BazBaz, melting pot musical

Artiste originaire de Suresnes, Camille Bazbaz est un auteur-compositeur qui, après avoir quitté les études, s’est lancé dans la musique avec une bande d’amis. Ses nombreux périples lui ont permis de découvrir différentes cultures musicales : « La musique n’a pas de genre, elle vient de toi. » Du blues, du reggae, qu’importe, la musique ne doit pas être victime des modes.

Fragil : Les chansons sont principalement tirées d’histoires personnelles ?

Camille Bazbaz : Oui, je raconte mes histoires personnelles et je n’ai pas peur de dire que je suis en manque d’amour et que l’on rame sur cette planète. Nous sommes nés dans le monde de Charlie, parler d’amour est important, c’est l’arme fatale de ce monde. Mais il y a aussi de la déconne et des sujets bien plus légers… Je pense qu’il est important de n’avoir aucun filtre.

Lorsque l’on est artiste, on ose monter sur scène devant un public, notre public, on se doit d’être sincère avec eux. On doit également se respecter et croire en ce que l’on dit, c’est naturel de partager ses sentiments, le spectacle n’est pas qu’un entertainment

Fragil : Selon toi, est-il important de chanter en français ?

Camille Bazbaz : Je trouve qu’il est difficile de s’exprimer dans notre langue maternelle. Cela est plus contraignant de mettre sur papier nos sentiments, et évidemment la langue française nous touche directement ; c’est une langue si riche qu’il faut être capable de choisir les bons mots pour exprimer ce que l’on souhaite réellement. Par exemple, j’ai repris une phrase du poème de Lamartine, L’Homme : « Je marche dans la nuit dans un chemin mauvais, ignorant d’où je viens, incertain où je vais ». C’est une situation que nous connaissons tous encore à notre époque, je m’en suis servi en essayant d’en faire quelque chose de plus punk, mais le moment est réel et nous touche tous à un moment de notre vie.

Fragil : Quelles sont tes principales inspirations ?

Camille Bazbaz : Je ne me contente pas seulement de musique. Un tableau peut m’inspirer, une rencontre, les nouvelles de Maupassant, une ville, une rue… pour moi tout ce qui nous entoure est important. Je m’entoure de tout et prend ce qui me plaît afin d’écrire une musique. C’est une écoute et une attention constante, il n’y a pas d’heure pour faire de la musique, nous sommes sans cesse dans la création.


A lire également l’article sur le Rock in Loft en off des Francofolies de La Rochelle.

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L’écriture est un moyen pour Coralie, de faire revivre l’espace d’un instant, un concert, une rencontre, un événement...touchant divers milieux artistiques. Les souvenirs se fondent dans les lignes et se partagent entre chaque personne. Ses préférences musicales ? De l’indé en passant par le funk ou encore l’électro-swing.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017