12 mars 2018

#Négotraining : techniques d’avancement pour dames

La valeur n'attend pas le nombre des années, dit-on. En revanche, sur le marché de l'emploi, elle semble dépendre du facteur genre. Et c'est en se basant sur ce constat (chiffré à 23 % d'écart de salaire entre hommes et femmes) qu'une initiative d'Audencia Business School a vu le jour fin 2017, soutenue par la Ville de Nantes et la plateforme RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Liberté, Égalité, Sororité.

#Négotraining : techniques d’avancement pour dames

12 Mar 2018

La valeur n'attend pas le nombre des années, dit-on. En revanche, sur le marché de l'emploi, elle semble dépendre du facteur genre. Et c'est en se basant sur ce constat (chiffré à 23 % d'écart de salaire entre hommes et femmes) qu'une initiative d'Audencia Business School a vu le jour fin 2017, soutenue par la Ville de Nantes et la plateforme RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Liberté, Égalité, Sororité.

#NégoTraining a pour objectif de former 5000 femmes à la négociation salariale d’ici 2020, dans le but d’atteindre une égalité réelle entre tous les citoyens, telle que prévue par la Loi. Mais si l’on en croit statistiques et probabilités, ce n’est pas gagné !

Comme l’illustre l’iconographie féministe version 2.0 du livret de présentation remis aux participantes, ces dames vont devoir se retrousser les manches tout en faisant un bras d’honneur aux idées reçues… La réussite, ça se mérite, alors pour contrer la promotion canapé, le combat continue.

Samedi 24 février, 10 heures du matin, le climat est glacial sur le parvis de l’Hôtel de Ville mais une centaine de femmes sont au rendez-vous, presque au garde-à-vous telles des soldates en attente d’instructions : la formation va durer trois heures dans une ambiance plutôt chaleureuse. Jeunes diplômées, en poste ou en recherche d’emploi, le groupe auquel je me joins est composé d’une psychologue, de quelques cheffes de projet, d’une responsable achats, d’une artiste, de gestionnaires RH…

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Audencia

Des ateliers ludiques et informatifs

Annie Sorel, acheteuse aguerrie et contributrice au contenu de cette formation, les accueille en prévenant : « si on ne demande pas, on n’obtient rien. » Partant de là, elle partage avec ses consœurs son expérience de la négociation d’affaires et bien des ressources utiles pour une revalorisation satisfaisante.

Prendre le temps de faire son bilan de compétences, savoir se renseigner sur ce que vaut son travail objectivement, être en phase en termes de timing et de terminologie avec son supérieur hiérarchique (s’il cherche à savoir combien vous allez lui coûter en brut annuel et que vous lui parlez en net mensuel, sortez votre calculatrice avant de signer tout accord), et une mise en situation grâce à un jeu de rôles sont les pistes à explorer, sur place et à emporter.

Une jeune femme souligne à cet égard : « lors d’un entretien d’embauche, on n’est pas toujours en position de négocier quoi que ce soit. » Ce à quoi rétorque Pascale Bras, nouvellement formée et devenue formatrice à son tour, en binôme avec Annie Sorel: « Toujours avoir en tête que ce que l’on sait faire apporte de la valeur ajoutée à une entreprise : ne pas hésiter à énoncer, outre des résultats chiffrés, des points positifs concrets, même évidents, qui démontrent que vous méritez plus.»

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Audencia

Aide-toi, Nantes t’aidera

Déjà 500 femmes ont bénéficié de cet accompagnement gratuit et ouvert à tous les profils. L’instigateur du projet, André Sobczak, responsable de la chaire RSE à Audencia et élu du quartier centre-ville, a découvert la pratique à Boston avant de la rapporter, adaptée à la population nantaise.
Anne-Laure Guihéneuf, responsable du pôle études à Audencia, espère un effet boule de neige et étudie la possibilité d’étendre la proposition à d’autres territoires, comme aux quartiers dits prioritaires ou en régions.

S’il est trop tôt pour dresser un bilan de l’action, elle a le mérite d’exister en tant que volonté politique affichée de Nantes Métropole, qui, inscrite dans la lutte contre les discriminations, met à disposition des intéressées un réseau de « marrainage ».

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Audencia

On ne naît pas entrepreneure, on le devient

Selon le rapport d’activité pour l’égalité femmes-hommes de la Ville datant de 2016, une des principales faiblesses freinant l’entrepreneuriat féminin est liée au manque de culture dans ce domaine dès l’enfance. Pour y pallier, la Municipalité s’engage par exemple à créer des binômes mixtes d’adolescents porteurs de projets à vocation sociale (voyages solidaires en Afrique) ou culturelle (création théâtrale).

Les chiffres du GAP

Un quiz interactif en guise d’entrée en matière ludique a permis de briser la glace avec des données qui ont jeté un froid sur l’assistance : d’après l’appli utilisée, au train où vont les choses, l’égalité salariale ne serait atteinte qu’en… 2186 !
À l’échelle d’une carrière, le différentiel entre hommes et femmes est de 400.000 euros en moyenne : Monsieur pourra « acheter » ; Madame « repassera ».
33 % des entreprises créées le sont par des femmes.

La prochaine session de #NégoTraining est prévue le 5 avril 2018. Inscriptions préalables par mail : negotraining@audencia.com

Et pour info

Passages à l'art

Les jardins extraordinaires de Boutur’âges

Journaliste/correctrice/traductrice/blogueuse/heureuse maman, je redécouvre Nantes à travers le regard de mon fils né en Afrique, après avoir passé 3 ans à Londres à officier sur des fashion websites, puis 9 ans à Casablanca à œuvrer dans la presse généraliste aux rubriques mode, tendances, culture, lifestyle... Je me suis reconvertie dans la presse de proximité depuis...

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017