30 novembre 2020

Lectures au pied du sapin : Les libraires se préparent

La période de Noël s’annonce compliquée en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie de coronavirus. Pour y faire face, l’Alip (Association des Librairies Indépendantes des Pays de la Loire) lance une campagne de sensibilisation, pour inciter les lecteurs à anticiper leurs cadeaux de Noël. Une campagne qui se veut “conviviale et décontractée” selon Marie Goiset-Marcon de l’Alip. C’est l’occasion pour Fragil de faire le point sur la situation des libraires pendant ce second confinement.

Lectures au pied du sapin : Les libraires se préparent

30 Nov 2020

La période de Noël s’annonce compliquée en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie de coronavirus. Pour y faire face, l’Alip (Association des Librairies Indépendantes des Pays de la Loire) lance une campagne de sensibilisation, pour inciter les lecteurs à anticiper leurs cadeaux de Noël. Une campagne qui se veut “conviviale et décontractée” selon Marie Goiset-Marcon de l’Alip. C’est l’occasion pour Fragil de faire le point sur la situation des libraires pendant ce second confinement.

Comme vous avez pu le découvrir dans notre article Votre libraire Nantais en ligne publié le 3 avril 2020, 42 librairies des Pays de la Loire sont adhérentes de l’Alip, l’Association des Librairies Indépendantes des Pays de la Loire. Il est possible de passer commande chez votre libraire via le site internet de l’association. A la différence du premier confinement, les libraires proposent aujourd’hui le “click & collect” ou “clique et collecte » en français, qui vous permet de récupérer votre commande dans votre librairie préférée. Fragil a fait le point sur ce second confinement avec Marie Goiset-Marcon, Chargée de Mission à l’Alip. Elle nous explique que ce second confinement est très différent du premier, dans la mesure où l’on connaît les mesures sanitaires et les gestes barrière pour ne pas contaminer les lecteurs. “Le fait de mieux connaître le virus permet de garder la tête froide et se dire qu’on ne met pas la vie des clients en danger.” En outre, les libraires avaient un stock important afin de préparer les fêtes lorsque le confinement a démarré, il n’était donc pas envisageable de fermer.

Une charge de travail importante

Le click & collect n’est pas de tout repos pour les libraires. Marie explique qu’il y a énormément de travail logistique. Les clients ne prenant plus directement les livres dans le magasin, chaque achat demande un traitement de la commande, une réception des livres qui ne sont pas en stock, et l’envoi à domicile le cas échéant. “Il y a même une libraire qui m’a dit avoir fait travailler son mari qui connaissait le logiciel, il partait pour la soirée mais est finalement rentré à 5h30 du matin. Les libraires sont très fatigués, car leur métier n’est pas préparateur de commande.” Stéphanie, gérante de la librairie Les Lucettes à Sainte Luce sur Loire confirme “Depuis que l’on fait le click & collect, je n’ai pas eu une seule journée de repos. C’est très chronophage et très épuisant. Je termine presque tous les jours à 23h30.” 

Des lecteurs fidèles

Malgré ce travail supplémentaire, les commandes sont au rendez-vous. Marie a constaté un engouement pour l’achat local “Les libraires sont touchés par la réaction des lecteurs, qui achètent pour soutenir leur commerce de proximité.” Stéphanie est satisfaite par le nombre important de commandes “La fermeture des grands groupes et les rayons des grandes surfaces a participé au fait que les librairies aient eu un regain d’activité. Par l’Alip, les clients ont bien entendu les messages radios et les campagnes sur le territoire. De notre côté, on a communiqué sur notre page Facebook et sur la vitrine du magasin.” 

Pour garder le contact, conseils et « coups de cœurs » des libraires

Extrait d’une sélection thématique sur le site internet de l’Alip

Au cœur du métier de libraire se trouve le conseil, ces derniers essaient donc de communiquer aujourd’hui par d’autres biais, comme des conférences ou des posts facebook. Stéphanie a mis en place un système de rendez-vous toutes les 5 minutes, qui lui permet d’échanger quelques mots avec le lecteur. Elle propose aussi un « coup de cœur » quasiment tous les jours sur sa page Facebook. “Je peux également conseiller les gens par téléphone ou par mail. Mais ça ne représente que 10% de ce que l’on fait.” se désole Stéphanie. Les libraires peuvent également partager leurs avis et leurs commentaires sur le site internet de l’Alip. Depuis septembre, Marie s’occupe de regrouper les sélections par thème sur la page d’accueil “J’ai remarqué que ces coups de cœur étaient souvent communs à différents libraires. Je fais des sélections communes par thèmes comme les deux derniers sur les éditeurs locaux et la cuisine. Les libraires parlent très bien des livres, et c’est très agréable de les lire. Ce portail est une bonne alternative à Amazon. C’est un outil hyper pratique, qui est vraiment fait pour la recherche de livres, la réservation et la commande. Il n’y a pas d’algorithmes derrière, ce sont de vrais libraires qui conseillent, qui animent leur quartier, et on en est très fiers.”

Extrait de la Page Facebook de la Librairie Les Lucettes

Click & collect à la librairie Les Lucettes à Sainte Luce sur Loire

Une campagne de sensibilisation sur l’anticipation des achats de Noël

La bonne nouvelle est la réouverture des librairies dès samedi, mais l’inquiétude monte dans la profession à l’approche des fêtes de Noël. Marie estime que la période de noël est une période très importante, comme pour beaucoup d’autres commerces. “Nous avons une grosse inquiétude sur le fait de pouvoir travailler de la même manière que Noël dernier, à cause des mesures sanitaires beaucoup plus strictes, comme la jauge qui passe de 4m² par personne à 8m².” C’est dans ce contexte que l’association a organisé une campagne de sensibilisation. Elle se présente sous forme numérique, et sur papier pour les librairies. “Avec les mesures sanitaires, il sera difficile d’avoir des samedis avant Noël comme d’habitude. Vous comme moi, on achète nos cadeaux à la dernière minute. Cette campagne se veut conviviale, joyeuse et décontractée, malgré une période lourde et pas facile. On a envie d’être optimiste, tout se passera bien si les clients anticipent.” explique Marie. Effectivement, ces 3 affiches toutes en couleurs jouent sur les mots de façon humoristique, pour attirer la curiosité des lecteurs.

Campagne de sensibilisation affichée dans la librairie Les Lucettes

Pour anticiper vous aussi vos livres de Noël, rendez-vous chez votre libraire à partir du samedi 28 novembre, ou sur le site de l’Alip www.librairies-alip.fr.

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Baroudeuse à ses heures perdues, ce sont les rencontres qui l’animent. Son truc ? La photo et l’écriture, de formidables moyens d’expression et de créativité. Son baluchon se pose un instant à la rédaction, pour vous faire découvrir la diversité culturelle Nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017