17 décembre 2024

Le sapin à vœux : une féérie de Noël sans véritable impact commercial

Au centre de la place Félix Fournier, un arbre aspirant à devenir un sapin se dresse, symbole d’un Noël participatif né du projet Voyage en Hiver. Si l’initiative séduit les passant.es et anime la vie du quartier, les commerçant.es locaux peinent à observer un véritable impact économique. Toutefois, ce projet ne recherche pas nécessairement un effet commercial direct, mais plutôt à cultiver un esprit de Noël et de convivialité. Entre enthousiasme, solidarité et avis nuancés, les réactions varient.

Le sapin à vœux : une féérie de Noël sans véritable impact commercial

17 Déc 2024

Au centre de la place Félix Fournier, un arbre aspirant à devenir un sapin se dresse, symbole d’un Noël participatif né du projet Voyage en Hiver. Si l’initiative séduit les passant.es et anime la vie du quartier, les commerçant.es locaux peinent à observer un véritable impact économique. Toutefois, ce projet ne recherche pas nécessairement un effet commercial direct, mais plutôt à cultiver un esprit de Noël et de convivialité. Entre enthousiasme, solidarité et avis nuancés, les réactions varient.

Installé sur la place Félix Fournier, le sapin à vœux invite les Nantais.es à exprimer leurs vœux sur de petits papiers recyclés. Ces derniers, une fois collectés, seront transformés par l’artiste locale Kami Art en des darumas (boîte à vœux) et maneki-neko japonais (chat porte-bonheur, dont la patte levée attire la chance et la prospérité). Ce projet, imaginé par la boutique Les P’tits Papiers dans le cadre du Noël des Commerçants et du Voyage en Hiver, s’inscrit une démarche écoresponsable et artistique. Mais au-delà de l’aspect esthétique et symbolique, cet arbre a-t-il vraiment eu un impact sur les commerces avoisinants ? Les avis des commerçant.es, qui ont pris part au projet, se révèlent partagés. Parmi les commerçant.es participant·es, on retrouve Aime Store, Café du Passage, L’Atelier F, Les P’tits Papiers, Théine et Violette et Moi.

Un impact émotionnel, mais pas économique

« L’impact est plus émotionnel que financier », reconnaît Anne-Sophie, créatrice de l’initiative et responsable des P’tits Papiers. « On a du mal à mesurer l’impact direct sur les ventes, mais c’est une manière d’animer la vie des commerces, surtout en ce moment où les travaux rendent l’accès au centre-ville compliqué. » L’initiative, inspirée par l’artiste Tadashi Kawata, a ajouté une dimension poétique à l’ambiance de la place. Les passants ont également pu découvrir l’art de la vitrophanie, avec des illustrations d’animaux créées par l’artiste nantais Arnaud Dauptain, et suivre les empreintes dessinées au sol pour découvrir les différentes boutiques et apprécier les œuvres.

Vitrine de la place Félix Fournier © Anouck Fily

Pour le patron du Café du Passage, cela n’a pas d’impact sur son commerce. Cependant, l’arbre à vœux a apporté une touche féérique à l’atmosphère du café : « Mon personnel et moi, on joue le jeu, on remplit des vœux chaque jour. Ce projet, c’est avant tout une belle décoration de Noël qui montre une cohésion entre les commerces. » s’exclame-t-il.

Des réserves pour l’avenir

Pour d’autres, l’expérience s’est révélée plus mitigée. La responsable du salon de coiffure L’Atelier F souligne que, si l’initiative est « collégiale et qu’il fallait bien commencer quelque part », elle n’a pas eu d’impact notable sur son activité. Résultat, elle n’envisage pas de participer à nouveau l’année prochaine. Même son de cloche chez Violette et Moi : « Ça ne nous amène rien. On ne le refera plus, mais ils ont eu le mérite de proposer quelque chose. ». Ces deux commerces soulignent néanmoins que cette initiative a permis de renforcer la cohésion entre les commerçant.es de la place Félix Fournier.

Malgré ces critiques, le sapin semble avoir trouvé sa place dans le paysage hivernal. Chaque jour, des vœux y sont déposés. La responsable des P’tits papiers nous témoigne aussi que dimanche dernier, une centaine de vœux ont été déposés par des passant.e.s curieux.euses ou inspiré.e.s, preuve que l’initiative a su toucher le grand public.

Lettre à vœu ©Anouck Fily

Un projet qui fédère malgré tout

Au-delà des chiffres d’affaires, ce projet semble avoir rempli un objectif plus symbolique : celui de rassembler les commerçant.es autour d’un projet commun. « Ce genre d’initiative crée du lien, même si il n’y a pas de retombées économiques », note le Café du Passage.

Anne-Sophie demeure persuadée de l’importance de ces animations pour redynamiser un centre-ville en difficulté : « Il est essentiel d’animer la vie des commerces et du centre-ville, surtout face aux travaux et à la difficulté d’accès »

Du haut de ses 19 ans, Anouck Fily est passé par Paris, les Emirats Arabes Unis et Nantes. Elle adore la cuisine, le tennis et la BD mais surtout le journalisme. Anouck effectue actuellement une licence information-communication dans l'objectif d'être plus tard journaliste.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017