18 janvier 2024

Le Petit Lieu, un espace solidaire au cœur d’un quartier prioritaire nantais

Au cœur du quartier Chêne des anglais, l’association « Le Petit Lieu » lutte contre la précarité parentale et l’isolement social. On y trouve une recyclerie solidaire, avec de nombreux articles pour la petite enfance, mais aussi un lieu de rencontre, d’apprentissage de la parentalité, des ateliers… Fragil a rencontré Eugénie Brière, sa fondatrice.

Le Petit Lieu, un espace solidaire au cœur d’un quartier prioritaire nantais

18 Jan 2024

Au cœur du quartier Chêne des anglais, l’association « Le Petit Lieu » lutte contre la précarité parentale et l’isolement social. On y trouve une recyclerie solidaire, avec de nombreux articles pour la petite enfance, mais aussi un lieu de rencontre, d’apprentissage de la parentalité, des ateliers… Fragil a rencontré Eugénie Brière, sa fondatrice.

Le Petit Lieu comporte 3 volets principaux : c’est un lieu d’accueil, une recyclerie, et des ateliers.

Côté recyclerie, qui est sa plus grosse activité, l’association récupère via des dons de particuliers principalement – certaines entreprises leur font des dons également lorsque qu’ils ont des surplus de stock – plusieurs types de produits : 

  • Vêtements enfants
  • Vêtements maternité
  • Articles de puériculture (du bavoir jusqu’au lit, baignoire ou poussette)
  • Livres 
  • Jouets

« L’idée c’est de rendre accessible à tous ce qui ne l’est pas forcément » 

Grâce à son équipe, toutes les collectes sont organisées sur place, puis les produits sont lavés, triés, valorisés et réparés si besoin, et enfin étiquetés et mis en vente à des prix très doux : « L’idée c’est de rendre accessible à tous ce qui ne l’est pas forcément, pour du vêtement par exemple cela va de 1€ à 8€ pour les plus chers. Côté jouets, livres, cela commence à partir de 0,50€ » nous explique Eugénie, fondatrice du lieu. « Nous ajoutons également une remise supplémentaire de 25% sur les vêtements pour les personnes des quartiers prioritaires ».

Beaucoup d’articles présents en boutique

« Au final, le volet environnemental existe de lui-même dans nos missions, mais ce n’est pas ce que nous mettons en avant. On éduque tout de même à la seconde main, qui n’est pas encore acquise dans les quartiers ».

Ensuite, c’est aussi un lieu d’accueil, les gens viennent boire un café, se sociabiliser, papoter… « On souhaite qu’ils puissent se rencontrer ici et avoir un prétexte pour sortir de chez eux ». Les gens s’engagent aussi en tant que bénévoles permanents ou ponctuel·les, ou volontaires en service civique… Des stagiaires viennent aussi régulièrement grossir les rangs et participer à toutes ces missions. « Nous recevons également des ITEP [Instituts Thérapeutiques Educatifs et Pédagogiques, ndlr] qui viennent avec des jeunes en situation de handicap, pour leur faire connaître le milieu du travail » précise Eugénie.

Enfin les ateliers : ils sont réservés aux habitant·e·s des quartiers car il n’y a pas pour le moment la place d’accueillir tout le monde. 4 à 5 ateliers sont organisés par mois, autour de la parentalité. Des intervenant·e·s professionnel·le·s développent ainsi des problématiques rencontrées par les parents comme le sommeil de son enfant, les petits bobos et urgences, créer du lien avec son enfant, jouer avec lui…etc. Des cafés « sujets libres » sont aussi organisés tous les premiers mercredis du mois.

Quelques chiffres clés

  • 2 salariées – Eugénie et Laura (qui a rejoint l’aventure en 2021)
  • 10 bénévoles régulièr·e·s
  • 3 volontaires en service civique
  • 1 à 2 stagiaires
  • 4 bénévoles ponctuel·le·s
  • 4 à 5 ateliers par mois
  • En 2023 :
    • 8 tonnes de dons collectées 
    • Plus de 1 600 donateurices
    • 31 397 articles vendus

Les bénévoles du Petit Lieu, en cours de tri des articles

Une démarche ancrée dans la métropole nantaise

« L’offre seconde main était très limitée, voire inexistante ».

Le Petit Lieu a été créé en 2019 par Eugénie Brière, après qu’elle ait elle-même rencontré des soucis pour habiller et équiper son premier enfant : « Tout était très cher, pour des vêtements ou accessoires que l’on utilise au final que très peu de temps, et l’offre seconde main était très limitée, voire inexistante ».

Laura à gauche, salariée de l'association, et Eugénie sa fondatrice, à droite

Laura à gauche, salariée de l’association, et Eugénie à droite, sa fondatrice

Arrivée à Nantes, elle réalise une étude de marché et de territoire approfondie, qui renforce son idée première : accueillir un enfant coûte très cher, et tout le monde n’a pas les moyens de le financer seul·e, ni l’entourage qui peut prêter ou donner des vêtements et du matériel. Un autre constat : le rôle de parent est très préoccupant, certain·e·s souffrent de burn-out, et n’ont pas les ressources pour être accompagné·e·s.

« Mon appartement débordait, il y en avait partout ! ».

Le projet du Petit Lieu est alors lancé, idée d’abord testée au sein du programme Pop Corn des Ecossolies, puis l’association est créée début 2020. Eugénie profite alors de la période de Covid (qui l’empêche de tester sur des évènements comme prévu) pour créer les premières collectes, lancer le projet et les premiers appels aux dons sur les réseaux sociaux. Les nouveaux parents du confinement n’avaient rien, du coup le projet se lance avec entrain : « Mon appartement débordait, ça a été mon premier lieu de stockage, il y en avait partout ! ».

Et tout s’enchaine ensuite, fin 2020 un premier vrai local de stockage à Port Boyer, puis en mai 2022 le déménagement dans le local actuel (suite à une réponse à candidature pour appel à projet dans l’économie sociale et solidaire) à Chêne des Anglais, (quartier prioritaire, comme Port Boyer), qui permet d’avoir une boutique et d’accueillir du public, après 1 an d’accompagnement de la fabrique à initiatives des Ecossolies.

Le Petit lieu prépare demain !

« On espère que cela va motiver les entreprises et les particuliers à nous soutenir, pour que le Petit Lieu puisse continuer d’exister ».

L’association a pu être reconnue d’intérêt public en septembre 2023, ce qui permet d’émettre des reçus fiscaux pour les dons (et donc d’en déduire une grosse partie sur les impôts). « On espère que cela va motiver les entreprises et les particuliers à nous soutenir financièrement, 1/3 seulement de notre budget est supporté par la recyclerie. Le mécénat est notre gros sujet du moment, pour que le Petit Lieu puisse continuer d’exister ».

Si les dons sont suffisants, le Petit Lieu aimerait notamment créer un poste Parcours Emploi Compétence, programme qui permet de réinsérer dans le milieu du travail une personne qui en est éloignée.

Le Petit Lieu : 4 rue Samuel de Champlain, 44000 Nantes – www.lepetitlieu.org

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Antoine Leborgne, programmateur de l'Agronaute

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Après un parcours de formation et un début de carrière l’ayant fait passer par Poitiers, Toulouse puis Paris, Sarah a déposé ses valises à Nantes depuis 5 ans. Entrepreneure en communication et événementiel, originaire d’Angoulême, elle apprécie beaucoup la capitale des Pays de la Loire et ne semble pas avoir dans l’idée d’en partir !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017