25 juillet 2022

Le Festival Fumetti : une kermesse graphique riche et conviviale

C’est dans une ambiance guinguette qu’a eu lieu du 2 au 12 Juin le Festival Fumetti, moment festif autour de la bande-dessinée, de l’illustration et de l’édition organisé par la Maison Fumetti. Cette “kermesse graphique” n’ayant pas pu être organisée sous sa forme originelle en 2021, elle est revenue en 2022 avec des rencontres, des expositions, des jeux, une buvette et un salon d’éditions pour clôturer cette semaine.

Le Festival Fumetti : une kermesse graphique riche et conviviale

25 Juil 2022

C’est dans une ambiance guinguette qu’a eu lieu du 2 au 12 Juin le Festival Fumetti, moment festif autour de la bande-dessinée, de l’illustration et de l’édition organisé par la Maison Fumetti. Cette “kermesse graphique” n’ayant pas pu être organisée sous sa forme originelle en 2021, elle est revenue en 2022 avec des rencontres, des expositions, des jeux, une buvette et un salon d’éditions pour clôturer cette semaine.

Créée en 2015, la Maison Fumetti est une association dont le but est de promouvoir et de valoriser la bande dessinée et les arts visuels plus généralement, en mettant l’accent sur la scène locale. La promotion auprès du grand public se fait par l’organisation de rencontres, ateliers, conférences et cours. Maison Fumetti se donne également pour mission d’accompagner les auteur·ices vers la professionnalisation, notamment par la mise à disposition d’ateliers (résidences temporaires), de matériel et de ressources.

Le festival Fumetti s’inscrit à la fois dans cette volonté de promouvoir la bande-dessinée auprès du grand public et dans la valorisation du travail des auteur.ices. L’édition 2022 a eu lieu en grande partie à la Manufacture des Tabacs, mais s’est également exportée dans d’autres lieux nantais : la Cartouche, le Lieu Unique, le Marché de la Petite-Hollande, ce qui a pu permettre à certain·es de découvrir le festival par hasard. C’est d’ailleurs un point important du festival : il est accessible à toutes et tous, initié·es comme simple curieux·ses, avec des animations dédiées aux adultes comme aux enfants.

Le festival attire les familles avec son ambiance guinguette

Des expositions pour voyager

Plusieurs expositions avaient lieu en même temps durant le Festival : dans plusieurs lieux de la Manufacture des Tabacs, mais aussi à La Cartouche, un autre lieu associatif nantais. Chacune d’elles présentant un univers particulier, elles créent ensemble un voyage dans la ville (l’exposition Fun Girl à La Cartouche) et même au-delà (Kif-Kif, qui présente une collaboration entre artistes tunisiens et français).

Le dimanche, nous avons d’abord pu découvrir le travail de Léa Djeziri, avec l’exposition Incendies, présentée à l’entrée de la Médiathèque de la Manufacture et qui a pu revenir sur son parcours lors d’un échange organisé à 16h. Lors de cette rencontre, Léa Djeziri a évoqué son envie de tisser des liens forts avec les maisons d’éditions, lui permettant de suivre la confection de ses ouvrages sur toute la chaîne de production. Elle nous explique que pour elle, c’est à la fois une manière de s’assurer que l’objet final (le livre) respecte son idée de départ, mais aussi une façon de mieux comprendre les possibilités et les limites du médium livre, et le travail qu’il nécessite pour atteindre le résultat attendu. Elle travaille aujourd’hui avec des maisons de micro-édition, ce qui lui a permis de voir le processus de bout en bout, mais aimerait également découvrir la relation qui peut se tisser avec des maisons d’éditions en plus grand format.

L’exposition Incendies présente le travail de Léa Djeziri

Du 10 au 12 Juin, vous pouviez également assister à l’élaboration d’une exposition évolutive, appelée Courte-échelle. Le principe était, pour les auteur·ices invité·es au Festival, de réaliser in-situ et dans le désordre une bande-dessinée collective. Chaque planche terminée est ensuite exposée les unes à la suite des autres pour qu’à la fin du Festival, les visiteurs puissent découvrir une histoire courte dessinée à 20 mains (10 participant·es avec chacun·e 2 mains !). Léa, de passage pour voir le résultat de cette exposition, nous indique :  “on a un peu peur de déranger, mais en même temps on n’a pas souvent la chance de voir comment on fabrique une BD, c’est fascinant ! Surtout en si peu de temps !”. En effet, chaque artiste avait environ 2h pour réaliser leur planche de BD, compris le croquis, l’encrage voire la couleur. C’est une expérience particulière pour les auteur·ices, d’autant plus qu’ils peuvent être sollicité·es par les visiteurs ou leurs collègues (et ce malgré le panneau à l’entrée indiquant qu’il faut les laisser travailler !). L’espace d’exposition, composé à la fois par les planches accrochées au mur et par le (micro-)espace de travail au centre de la pièce rappelle presque une performance d’art contemporain.

Les auteurs travaillent, le public découvre l’exposition

Enfin, au rez-de-chaussée bas de la Médiathèque, vous pouviez découvrir l’exposition Kif Kif, retraçant la collaboration entre dessinateur·ices tunisien·nes et auteur·ices français·es menée de Mai à Juillet. Cette collaboration s’est développée sous forme de résidence croisée, entre la France et la Tunisie. Le résultat de cet échange est visible avec l’exposition Kif-Kif, mais aussi le Kif-Kif Journal, distribué durant le Festival. Alors que le journal met en avant l’incroyable aventure qu’est la rencontre entre ces artistes séparé·es par tant de kilomètres (on peut par exemple y lire “imaginez donc ce que cela signifie pour ces êtres atomisés que de travailler à neuf et sur deux pays, deux villes, Tunis et Nantes. Hercule et ses douze travaux, une sinécure comparée à ces douze pages.”), l’exposition met en lumière le travail d’auteur·ices de BD tunisien·nes, et pose la question de la place des artistes dans la démocratie tunisienne.

L’exposition Kif Kif présente des oeuvres tunisiennes

Un salon d’éditions pour faire le plein de beaux ouvrages

Pour clôturer le Festival, du vendredi 10 au dimanche 12 avait également lieu le Salon d’édition, un marché dédié au monde de l’édition. Dans le cadre du Festival Fumetti, il s’agissait d’inviter des maisons d’éditions spécialisées dans la bande-dessinée et l’illustration, en mettant en avant des maisons d’éditions déjà bien connues comme des maisons de micro-édition nouvellement arrivées.

Les auteur·ices et maisons d’éditions présent·es sur les stands du salon d’éditions sont choisi·es par un appel à participation : cela permet de faire varier les invité·es à chaque édition du festival, et de laisser la même chance d’être représentés à tous les intéressé·es. C’était l’occasion pour chacun et chacune de faire découvrir leur travail, tout en échangeant avec des curieux·ses et d’autres professionnel·les du milieu.

Pour le public, c’est un moment de découvertes : de techniques, de formats, d’ouvrages plus difficiles à trouver ailleurs. C’est ce que confirme Fred, un papa venu le dimanche avec son fils : “Je suis venu avec mon fils pour lui trouver des livres pour enfants avec des formats amusants. Finalement je repars avec de belles pépites, pour lui mais aussi pour moi! On a acheté 2 BD et aussi des dessins que mon fils veut collectionner. Juste avant nous étions sur la fresque participative, c’est une ambiance très familiale, sympa pour un dimanche.”

Cette année, le salon d’éditions a rassemblé plus d’une trentaine de maisons d’éditions venues des quatre coins de la francophonie (France, Suisse, Belgique) pour présenter leurs ouvrages. Il était possible de trouver des œuvres réalisées en risographie, des originaux à la main, des sérigraphies, et même de la gravure. En termes de format, le choix était également varié : des magazines, des BD, des fascicules, des brochures, des livres accordéons… De quoi montrer la grande richesse des maisons d’édition francophones.

Le Salon d’éditions, mine d’or pour les bédéphiles

Aidé par un beau soleil, ce dernier week-end de festival se clôture donc sur une ambiance festive et familiale, où curieux·ses et professionnel·les se rencontrent, échangent et surtout ont la chance de découvrir de nombreux univers : variés, colorés, et représentatifs d’un monde de la bande-dessinée curieux de tout, comme l’indiquait le sous-titre du Festival.

Le Festival Fumetti devrait revenir l’année prochaine, mais vous pouvez en attendant découvrir tous les événements de la Maison Fumetti sur leur site et leurs réseaux !

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Nantaise depuis 1 an, je suis passionnée par l’architecture, la ville et les arts graphiques. Je m’intéresse aussi aux initiatives citoyennes qui font bouger nos modes de vie !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017