13 avril 2020

La culture Nantaise migre sur la toile : Radiokanaan, Radio éphémère pour confinement passager

Radiokanaan est disponible sur la toile depuis le début du confinement. Son créateur, l’artiste Iokanaan, nous berce à chaque épisode avec ses mots et sa sensibilité. Il laisse ensuite la parole à son invité du jour, choisi pour son engagement.

La culture Nantaise migre sur la toile : Radiokanaan, Radio éphémère pour confinement passager

13 Avr 2020

Radiokanaan est disponible sur la toile depuis le début du confinement. Son créateur, l’artiste Iokanaan, nous berce à chaque épisode avec ses mots et sa sensibilité. Il laisse ensuite la parole à son invité du jour, choisi pour son engagement.

Pour ne ne rien rater sur la culture virtuelle pendant le confinement, retrouvez nos deux premiers articles de cette série ici : Votre libraire Nantais en ligne &  Le Lieu Unique, « La vie at Home »

« A nous les studios. Mes chers et tendres, vous êtes en ligne sur Radiokanaan. Vous n’avez à peu près rien à faire. J’ai juste une voix qui souhaiterait pour quelques minutes bercer le lobe de votre oreille interne. »


Radiokanaan, Radio éphémère pour confinement passager

Belle découverte confinée que je vous propose de découvrir dans ce troisième article de La culture Nantaise qui migre sur la toile, un univers, une voix, des mots et des rêves. L’artiste se présente mieux que je ne l’aurais fait :

« Bonjour à toutes et à tous. Je m’appelle Iokanaan et je vous accompagnerai comme je le peux lors de ces jours de confinement, et pendant sûrement que vous faites je l’espère, les actes les plus inavouables. »

La voix franche et assurée de l’artiste nous fait voyager quelques instants dans son univers poétique. Entre deux émissions, il a accepté de répondre à nos questions.

Qui es-tu ?

Mon nom est Iokanaan. Je suis chanteur-musicien, auteur et comédien. Concerts, albums, pièces, films, c’est un bout de ma vie.

Que fais-tu à Nantes ?

Je ne crois pas faire à Nantes précisément plus d’actions que je ne ferais ailleurs. Seulement je les fais autrement, pour sûr. Du coup, qu’est-ce que je fous ici… Je crois que Nantes m’a appris à être sociable sur la durée. Non plus à rencontrer des gens en continu mais à entretenir certains liens amicaux dont je suis devenu très amoureux. Mais aussi à prendre mieux part dans le caractère politique d’une ville, à en comprendre et suivre chaque enjeu, et y tenir un rôle. Voilà, Nantes m’a beaucoup appris à tenir un rôle dans une ville. Et je déteste profondément ça. Nantes m’aura permis de le saisir.

Qu’est ce que Radiokanaan ?

Radiokanaan est une plateforme d’interviews de personnes venant d’horizons différents et qui ont en commun l’engagement profond avec lequel elles expriment leurs pratiques. Un engagement qui fait prendre du recul sur les choses qui nous entourent, sur une société bâtie telle qu’elle l’est aujourd’hui. Ce sont donc ici des personnes qui (elles le diraient avec de meilleurs mots que les miens) mettent leur âme dans ce qu’elles font, défendent l’existence et l’importance de la diversité ou encore permettent de reposer la question-même de l’altruisme, en tous cas donnent leur énergie dans le fait de questionner la manière dont nous risquons toujours de juger l’apparence de ce qui nous entoure sans en savoir réellement le contenu.

Comment est apparue l’idée ?

Rappeler à la rencontre des personnalités plutôt que « des gens », de l’individu avant le collectif, est une énorme source de réflexion chez moi. C’est même une croyance. Radiokanaan est arrivé en prévision du confinement, faire des entretiens depuis nos habitats, parce que nous avons ce temps, et qu’il faut rappeler que nos vécus et nos luttes existent.

Quels messages veux-tu passer ?

Si nous regardons ce virus se balader à travers nos corps, avec un gouvernement qui a besoin d’y cracher que c’est une guerre (une guerre contre la nature donc), et avec nos rythmes de vie complètement chamboulés, ce moment de confinement devient un endroit fabuleux de réinvention d’une société : créer de nouveaux outils parmi d’autres déjà existants pour mettre à l’honneur les personnes, connues ou non, qui n’attendent pas qu’une catastrophe naturelle ou sociale existe pour s’engager corps et âme dans leur combat et prendre en compte le vivant naturel autant que l’être social.Une personne peut se plaindre du monde dans lequel elle vit, seulement si elle n’a pas les outils pour comprendre le fonctionnement même de ce monde, sa plainte n’ira jamais loin. Le fait étant que chaque personne, et c’est là ma conviction, a un outil qu’une autre n’a pas. Le geste de parler et le fait d’écouter sont le moyen premier pour partager nos outils et de faire de nos différences une force fabuleuse. Écoutez ce que vous n’écouteriez pas naturellement, regardez ce que vous n’avez pas l’habitude de voir, offrez-vous le temps et la durée de découvrir ce que vous n’auriez jamais connu.

Comment vois tu l’avenir de Radiokanaan ?

Radiokanaan serait pas mal dans un genre de fourre-beaucoup-de-choses. Les entretiens qui y sont posés y deviendraient des archives précieuses, témoins d’une histoire, et serviraient après coup à quiconque veut découvrir les diverses et infinies formes d’engagements qui parcourent un monde. Je pensais y mettre aussi des livres audios, abordant autant la romance que des sujets sociaux et  écrits par des personnes qu’il me semble important de remettre à la saveur du présent et dont le discours permet une prise de recul fabuleuse, parfois théorique, poétique, économique, que sais-je encore, sur le fonctionnement d’une société telle qu’elle existe aujourd’hui. Peut-être que Radiokanaan, si l’idée dépasse l’instant du confinement, serait cette plateforme de réflexion sur laquelle les langages s’exprimeraient.

As-tu d’autres idées éphémères pour ce confinement passager ?

À cette seconde, j’en ai 4 658 autres précisément, et j’ai perdu la virgule quelque part. Pour vrai, des idées, ça existe de partout, et c’est parce qu’il y en a trop que j’ai un mal profond à en accomplir certaines. Ça pose la question de faire le choix ou non des facilités. « J’aimerais autant faire mes concerts chaque jour dans chaque nouvelle rue de chaque nouvelle ville, autant que diffuser avec 80 vidéoprojecteurs, chacun à la fenêtre d’un immeuble, des films immenses, des sujets de réflexion qui planeraient sur toute une cité, j’aimerais apprendre à construire seul un bateau et réinventer la mer, j’aimerais qu’on puisse se regarder sans bouger pendant plusieurs heures depuis nos fenêtres et qu’on réapprenne à parler sans dire un mot, mais je me borne aujourd’hui beaucoup à vouloir mettre en place des scènes de paroles et d’écoutes entre les individus. C’est à l’endroit du langage et de l’écoute du vécu de chacune et chacun qu’il y a pour moi véritablement une création nouvelle du monde et un éloignement avec l’étrange fascination de l’humain pour l’accession à des formes de pouvoir. 

Quels sont tes projets après le confinement ?

 Hurler et retourner sur scène.

 Que voudrais-tu dire aux Nantais ?

 Je voudrais avoir le numéro de la personne qui vit en face de chez moi. C’est un mec qui n’ouvre jamais sa fenêtre et qui regarde le vide depuis son double-vitrage. Il a l’air crevé !

As- tu quelque chose à ajouter ?

 J’ai revu l’intégrale des films de Kim-Ki Duk et de Terrence Malick. « Je suis amoureux de Juliette Binoche mais je l’ai vu dans Décalage Horaire qui est un film très décevant. »Les albums «Deadwing» de Porcupine Tree, «Aealo» de Rotting Christ, «Stories from the City, Stories from the Sea» de PJ Harvey et «Illicite» de Jacques Higelin sont immenses. ! Par ailleurs, il a neigé sur Yesterday.

Un grand merci à Iokanaan pour ses réponses et la photo. Nous le retrouverons donc sur scène avec grand plaisir, dès la fin du confinement. Alors n’hésitez plus, ouvrez grand le lobe de votre oreille interne et laissez vous bercer un instant !

Retrouvez ici tous les liens utiles en un clic :

Sa page Facebook et Instagram @iokanaan.art

Sa chaîne Youtube

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Confinés mais solidaires

« Street Scene » à Monte-Carlo : Le premier opéra américain

Baroudeuse à ses heures perdues, ce sont les rencontres qui l’animent. Son truc ? La photo et l’écriture, de formidables moyens d’expression et de créativité. Son baluchon se pose un instant à la rédaction, pour vous faire découvrir la diversité culturelle Nantaise.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017