• Simpsons complot
3 mars 2017

Infos et usages d’infaux

Fragil est récemment intervenu au Lycée Nicolas-Appert à Orvault pour sensibiliser des élèves de seconde aux risques de la désinformation, des rumeurs et autres théories du complot. Les rédacteurs du Gorafi n'ont qu'à bien se tenir !

Infos et usages d’infaux

03 Mar 2017

Fragil est récemment intervenu au Lycée Nicolas-Appert à Orvault pour sensibiliser des élèves de seconde aux risques de la désinformation, des rumeurs et autres théories du complot. Les rédacteurs du Gorafi n'ont qu'à bien se tenir !

Après le datajournalisme, l’info-intox ! Déjà intervenu au Lycée polyvalent Nicolas-Appert à Orvault dans le cadre d’initiations au journalisme de données, Fragil a été récemment sollicité pour sensibiliser des élèves de seconde aux risques de la désinformation, des rumeurs et autres théories du complot. Dans une société dominée par l’omniprésence de l’image et de l’information, l’un des enjeux forts de ces ateliers est de donner des clés de compréhension de la fabrication de l’information et des coulisses du traitement de l’image. Clés qui permettent aux jeunes d’avoir un regard critique sur leur consommation de l’information, sur leurs usages des outils numériques et sur leur relation à l’image. En initiant les participants à des outils de décryptage de l’information ainsi qu’à la production de contenus, les adolescents se placent en posture active dans la production d’information via les outils numériques. Au programme donc, échanges, jeux et mise en pratique pour mieux comprendre comment se construit et se diffuse une mauvaise information.

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Lors de la première séance, un échange sur des images marquantes, des théories du complot ainsi que des fakes a permis aux élèves de mieux appréhender les risques d’erreurs, de propagation des rumeurs et des fausses informations ou de manipulation qui sont multiples dans une société où l’information est partout, tout le temps, tout de suite. Plusieurs rumeurs ont même circulé dans la classe, afin de démontrer la circulation circulaire de l’info et la rapidité du buzz. L’analyse des paroles de Vent d’État, la chanson de Kery James ou les outils mis au point par l’agence Premières Lignes concernant les théories du complot sont une entrée en matière pour un sujet délicat. La désinformation touche particulièrement les jeunes : adeptes des sites d’info en ligne et des réseaux sociaux, et souvent peu enclins à vérifier leurs sources, c’est à cet âge que l’on remet en cause l’ordre établi et que l’esprit critique est en pleine formation. Alors en partant d’exemples qu’ils connaissent, c’est plus simple : la prédiction du 11 septembre par les Simpsons, l’Encyclopédie toute-puissante Wikipédia ou les fakes autour des attentats de Paris. L’humour – canulars, blagues potaches et hoax – est aussi une bonne manière d’aborder des sujets graves comme la désinformation des sites d’information sur l’IVG.

« Coïncidence : je ne crois pas ! »

La première séance se termine par quelques astuces pour créer sa propre infaux : à l’instar des sites parodiques qui fleurissent sur le net tels Le Gorafi, The Onion ou La Dèche du Midi… – et qu’ils sont peu à connaître – les élèves sont invités à choisir une info et à la détourner. Les règles du jeu étant de pointer le côté absurde d’une info et d’employer les codes journalistiques pour mieux égarer le lecteur. La plupart ont joué le jeu et les résultats sont parfois hilarants, parfois incongrus, toujours surprenants. Un échantillon ci-dessous.

La deuxième séance, grâce à une recherche Internet et à l’analyse des réponses d’un moteur de recherche, donne à la classe les outils essentiels pour déjouer les pièges de l’info en ligne. Fonctionnement des moteurs de recherche, sites de désintox, bonnes questions et pratiques…les secondes repartent avec un bagage substantiel. Le troisième et dernier atelier, pratique, joue sur la polysémie de l’image et part du principe que l’on peut faire dire beaucoup de choses à une image. Par groupes, les participants disposent d’une courte vidéo tournée au préalable par Fragil, et doivent en imaginer la voix off. Exercice périlleux, défi accepté !


Sans la musique (et l'art), la vie serait une erreur. Passionnée par le rock indé, les arts visuels et les mutations urbaines, Sandrine tente de retrouver l'émotion des concerts, de restituer l'univers des artistes et s’interroge sur la société en mutation.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017