29 juin 2018

Hellfest 2018 : 13 lois qu’on retiendra de notre baptême en enfer

La 13ème édition du Hellfest a eu lieu du 22 au 24 juin dernier. Pour notre part, c’était notre première fois, notre baptême. Voici ce que nous avons retenu de ces 3 jours en Enfer.

Hellfest 2018 : 13 lois qu’on retiendra de notre baptême en enfer

29 Juin 2018

La 13ème édition du Hellfest a eu lieu du 22 au 24 juin dernier. Pour notre part, c’était notre première fois, notre baptême. Voici ce que nous avons retenu de ces 3 jours en Enfer.

Accrédités pour couvrir le festival, nous nous apprêtions (Anaïk Viollin, photographe, et moi) à vivre notre premier Hellfest. Et autant ne pas vous mentir, le métal, ce n’est pas notre monde. Au risque de vous effrayer, nous venons de planètes différentes, du rock pour elle et du reggae (?!?) pour moi.
Mais nous avions envie d’aller vivre ces trois jours pour expérimenter, ressentir, vivre et comprendre. Sans oublier que nous avions également envie de vous transmettre cette expérience unique.

Conclusion : c’était grandiose, fantastique, incroyable et inoubliable !

Les 13 lois

1) Pour se garer, tu galèreras
Dès notre arrivée à Clisson vers 19h le vendredi soir, malgré nos précédents passages sur d’autres festivals, nous avons été accueillis par un spectacle incroyable : des centaines de véhicules alignés sur le bord de la 4 voies, d’autres garées sur des embranchements et des ronds-points, des tentes plantées sur la moindre petite parcelle d’herbe… Clisson, ville d’environ 6000 habitants pendant l’année, accueille, le temps d’un week-end, plus de 160 000 festivaliers. De quoi créer un sacré bordel en terme de logistique… Après plus d’une demi-heure à tourner pour trouver une place, nous nous sommes finalement garés non loin de l’entrée du site, un sacré coup de chance !

2) La décoration et l’organisation tu admireras
Après avoir marché pendant une dizaine de minutes, nous avons atteint le site. Etant accrédités, nous y sommes entrés par l’accès VIP. Une fois de plus, nous ne nous attendions pas à être reçus de la sorte. Quelle mise en scène ! Une petite piscine surmontée d’un énorme crâne noir, une fontaine gigantesque et un bar magnifiquement décoré. Et ce n’était que l’espace VIP.

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Le mur d'eau

Anaïk Viollin

Une fois entrés sur le site, nous avons longtemps admiré la décoration et l’organisation. Tout est admirablement bien géré pour que les festivaliers vivent la meilleure expérience possible. Les six scènes sont réparties aux quatre coins de ce petit village, deux murs d’eau avec le logo hellfest écrit en goutte permettaient de se rafraîchir, des bars et des toilettes jalonnaient le parcours, une grande roue permettait de survoler le site, des poubelles au design très Hellfest étaient trouvables quelque soit le chemin emprunté…
Et il faisait encore jour. Car de nuit, tout s’embrase pour plonger tous les festivaliers dans une ambiance magiquement diabolique.

©Anaïk Viollin

3) Du Hip Hop, du Bowie et de la country aussi tu écouteras
Après la découverte du site, nous nous sommes dirigés vers la Warzone où se produisait Svinkels. Du rap ! Nous poursuivons notre chemin vers la Mainstage de laquelle des airs de country nous parviennent. De la country ? Quelques minutes plus tard, c’est « Heroes » de Bowie qui retentit dans tout le site. Qui plus est, dans la bouche de Johnny Depp, accompagné par Alice Cooper et Joe Perry (Aerosmith), les Hollywood Vampires.
Hé oui, à notre grande surprise, il n’y a pas que du métal au Hellfest !

©Anaïk Viollin

4) Tes bouchons d’oreille, tu chériras
Très rapidement, nous nous sommes mis en quête de trouver des bouchons d’oreille. Et dès que nous les avons récupérés, ils sont vite devenus nos meilleurs amis. Effectivement, au Hellfest, quasiment tout le monde porte des bouchons.
Ce qui, en néophyte, m’amène à m’interroger : n’est-ce pas dommage d’écouter la musique que l’on aime en étant quasiment obligés de se protéger les tympans ?

5) Un carnaval de déguisements tu croiseras
Le Hellfest, c’est un moment et un endroit où on se lâche, une sorte de carnaval où tout est permis ! Notamment en terme d’habillement, mais également de coiffure et de maquillage.
Il y a ceux qui se déguisent en poussin, en fée, en policier, en prêtre, en viking et j’en passe, et le costume traditionnel, le plus répandu, c’est d’être habillé en noir en arborant fièrement le t-shirt à l’effigie de son groupe préféré. A ce petit jeu, Metallica est devant les autres, mais loin derrière le merchandising du Hellfest, décliné en t-shirt, sweat-shirt, casquette, slip…, qui habille une grande majorité des festivaliers.

©Anaïk Viollin

6) Un marathon tu marcheras
Dans ce village éphémère, on marche beaucoup ! Mais vraiment beaucoup ! Pour rallier les différentes scènes, pour se ravitailler, pour se balader… Le site est tellement vaste que chaque changement de scène oblige à parcourir plusieurs centaines de mètres. Ce qui fait qu’au bout de la journée, nos pieds se rappellent à notre bon souvenir.

7) Ton cashless tu rempliras, et l’alcool tu consommeras (avec modération ou pas)
Peu après notre arrivée sur le site, s’est posé le problème du cashless que nous devions approvisionner si nous voulions consommer. Et bien évidemment, nous voulions consommer. Il fallait donc s’approcher d’une borne cashless et, après avoir réussi à se connecter sur l’appli Hellfest, il fallait réussir à créditer son compte. Autour des bornes, de nombreux festivaliers râlaient contre ce nouveau mode de paiement qui, d’après eux, prenait trop de temps. Mais patience et longueur de temps font plus que force ni que rage : nous avons donc crédité notre compte et commandé les fameux pichets du Hellfest. Oui, parce qu’au Hellfest, on ne boit pas des verres de bière mais des pichets de bière… Et, même si la modération se doit d’être de la partie, je me dois d’avouer qu’une bière bien fraiche sous le soleil était plus que bienvenue.

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Le Hellfood

Anaïk Viollin

Cerise sur le gâteau, les dessoiffeurs, jeunes hommes armés d’un fût de bière en sac de dos, se promènent tout au long de la journée pour ravitailler les assoiffés.
Sans oublier, le large choix de restauration (de l’indien au libanais en passant par la galette et les crêpes) que le festival propose.

8) Devant les toilettes tu attendras (si tu es une femme)
Effectivement, comme le titre l’indique, c’est un problème plus féminin que masculin au Hellfest. Pour les hommes, de nombreuses pissotières sont régulièrement prévues sur le site. En revanche, pour les femmes, qui ont besoin de toilettes fermées, c’est beaucoup plus compliqué. Les files d’attente étaient tout simplement hallucinantes. Quelque soit l’endroit.

9) Beaucoup de sms tu enverras
C’est la loi quand on se rend à plusieurs dans un festival. On se perd et pour se retrouver, on s’envoie des sms. Cependant, la plupart du temps, ces sms ne partent pas, le réseau étant régulièrement surchargé. Dans ces cas là, il faut une fois de plus s’armer de patience ou errer sur le site en espérant croiser la personne recherchée (ça peut marcher)…

10) Des vrais de vrais Clissonnais tu rencontreras
Sur le chemin du festival, nous avons croisé Madeleine, 82 ans, et son fils Jean-Louis, 58 ans, tous les deux Clissonnais. Heureux de croiser des locaux, nous nous sommes arrêtés devant leur jardin (qui était très beau et sauvage, soit dit en passant). Ils prenaient le soleil en regardant défiler les festivaliers.

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Jean-Louis et Madeleine

Anaïk Viollin

Souriants, ils nous ont révélé qu’ils étaient ravis de voir autant de monde à Clisson, que le bruit les empêchait de dormir mais qu’ils étaient contents parce qu’ils savaient que la jeunesse profitait de la musique.
Après tout ce qu’on a pu entendre sur les riverains clissonnais, ce témoignage nous a vraiment fait plaisir.

11) L’engouement pour cette musique tu comprendras
Malgré mes réticences musicales, je me suis laissé emporter par l’énergie de certains concerts. Soit dit en passant, nous avons assisté à une quinzaine de live. Notre Top 5 :
Satyricon

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Satyricon_Hellfest 2018

Anaïk Viollin

Dead cross

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Dead Cross_Hellfest 2018

Anaïk Viollin

Heilung

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Heilung

United Rock Nations

Cro-Mags

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Cro-Mags_Hellfest 2018

Anaïk Viollin

Suffocation

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Suffocation_Hellfest 2018

Anaïk Viollin

12) En sécurité tu te sentiras (même si tu es une femme)
Malgré l’agressivité sonore des concerts, l’ambiance sur le site est étonnamment bon enfant. Malgré les litres d’alcool vendus pendant les trois jours, rares sont les débordements à déplorer. Tout ce joli monde se comporte avec altruisme et bienveillance. La majeure partie des festivaliers est joyeuse d’être là, de profiter de cet enchaînement incessant de distorsions et de voix rauques.
A l’heure où certains festivals cessent à cause du nombre de plaintes d’agressions sexuelles, il est intéressant de noter que le public « métalleux » est extrêmement respectueux d’autrui. Les femmes sont en totale sécurité dans et en dehors du site, quelque soit l’heure… Les hommes aussi ! En parallèle, le site du festival reste propre tout au long des trois jours. Un exploit !

13) A ton retour, le silence et le chant des oiseaux tu kifferas
Une fois sorti du site et de Clisson, le retour à la maison s’est fait en silence. Seul le son du moteur chatouillait nos tympans. Et une fois de retour au bercail, quel bonheur d’écouter le silence et le chant des oiseaux. Un plaisir décuplé par ce tonnerre métallique…

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Juliette Blond

Illustrations par Juliette Blond

Réalisateur de formation, Merwann s’intéresse à la musique, à la littérature, à la photographie, aux arts en général. De juillet 2017 à juillet 2023, il a été rédacteur en chef du magazine Fragil et coordinateur de l'association.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017