15 juillet 2019

Hellfest N°14 : le retour de noces

Ça y est, le Hellfest est passé ! Et comme d’habitude, un petit debrief est de rigueur. Un petit mot d’abord sur l’ambiance et l’organisation : toujours au top. C’est un plaisir de déambuler sur le site et de se distraire dans ce « Disney Land du Metal ». Et la musique dans tout ça ?

Hellfest N°14 : le retour de noces

15 Juil 2019

Ça y est, le Hellfest est passé ! Et comme d’habitude, un petit debrief est de rigueur. Un petit mot d’abord sur l’ambiance et l’organisation : toujours au top. C’est un plaisir de déambuler sur le site et de se distraire dans ce « Disney Land du Metal ». Et la musique dans tout ça ?

Le premier jour

Une chouette découverte pour débuter la journée avec Stinky sur la Warzone. Il s’agit d’un groupe français de Nantes qui officie dans le hardcore old school. On voit tout de suite qu’ils sont habitués à l’exercice de la scène et qu’ils sont là pour se faire plaisir et faire plaisir au public. Une musique dynamique, rentre-dedans et hyper-efficace avec une chanteuse qui n’a rien à envier à personne.

Toujours dans la catégorie groupe français, Lofofora. Vétéran du metal fusion hexagonal, le groupe a proposé un concert carré tant au niveau de la musique que du chant. Il est vrai qu’ils ont la chance d’avoir, depuis les débuts du groupe, un frontman charismatique et communicatif : Reuno pour le nommer. Il maîtrise bien la scène et le public, et semble comme chez lui sur cette immense mainstage 2. Le sourire et la bonne humeur malgré « une envie de tuuuuuer ».

Pour finir cette journée du vendredi, ceux que l’on attendait avec impatience, Gojira. Groupe du Sud-Ouest de la France, dont la réputation a dépassé le seul cadre français depuis quelques années maintenant. Gojira a tout simplement donné un concert exceptionnel. La production des instruments était impeccable, la mise en scène terrible. La musique du groupe couplée avec un jeu de lumière envoûtant ne pouvait qu’amener le spectateur vers un autre monde, celui de Gojira. Le groupe a su proposer un mix entre une musique metal et des passages progressifs, le tout soutenu par ce jeu de lumière au millimètre. N’ayant pas vu jouer Gojira depuis 3 ans, ce concert m’a montré à quel point ce groupe a atteint un niveau international. Chapeau !!!

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Image datant d'un Hellfest précédent

Le deuxième jour

Pour commencer la journée, j’ai assisté au concert de Trépalium sur la scène du Altar. Un métal moderne très efficace, qui flirte parfois avec le groupe Pantera surtout au niveau du chant. Bon concert, bonne attitude. La journée commence bien.

J’ai ensuite enchaîné avec le groupe Punish Yourself. Il s’agit d’un groupe de metal/dance/punk. Il propose une musique entraînante et dansante qui a su séduire le public présent sur la scène du Temple. A noter, les musiciens portent des maquillages fluorescents qui doivent mieux rendre encore à la nuit tombée, ce qui n’était pas le cas, dommage.

A 16h, Archspire a débuté son concert et plus d’une oreille a saigné (de joie) ! Comme prévu, le groupe propose un death metal hyper technique, avec au moins dix changements de rythme dans chaque chanson. Le chanteur a un style de chant mitraillette. Impressionnant !

En début de soirée, Envy est entré sur la scène de la Valley. Ce groupe japonais d’emocore a fait évoluer son style de musique avec des passages chantés beaucoup plus calmes. Néanmoins Envy a proposé un concert très intense, pas forcément facile d’accès mais très puissant. Les musiciens sont dans leur musique et transmettent, physiquement, une énergie incroyable. On en redemande !

Vers 23h, Cradle of Filth (blackmetal horrifique) a débarqué sur la scène du Temple et a tout emporté sur son passage. Un groupe hyper carré et pro. Une mise en scène assez sobre mais en adéquation avec la musique. Bon concert. Bonne surprise.

Le groupe Sisters of mercy a fermé le bal du samedi soir avec un show en total décalage avec la programmation de la journée. Comme prévu, il ont joué une musique coldwave truffée de hits pour son public d’initié.

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Image datant d'un Hellfest précédent

Hellfest

Le troisième jour

On débute par trois découvertes complètement différentes les unes des autres. Tout d’abord, le groupe français Brutus, qui joue un rock tendu et dynamique entrecoupé par un chant planant assez proche de Bjork dans les mélodies. Ensuite, le groupe anglais, Employed to serve, qui propose un posthardcore original. Le concert a commencé dans un style hardcore simple qui s’est décalé petit à petit vers des structures plus alambiquées. Pour finir, le groupe belge Nasty qui assure un hardcore classique mais d’une efficacité qui ferait pâlir plus d’un groupe. Le groupe est carré musicalement et le chanteur joue bien son rôle de frontman. Il parle au public, va le chercher, descend dans la foule.

Ensuite, abordons les groupes établis. Philipp Anselmo (ancien chanteur de Pantera) and the illegals sur la scène de la Valley. Le groupe a débuté avec quelques titres du dernier album pour ensuite enchaîner sur des titres de Pantera. Quelle bonne idée ! Le public s’est métamorphosé et a montré un enthousiasme sans limite. En effet, pour un fan de Pantera, il s’agissait de 45 minutes de hits et donc de pur bonheur. « No way Punk ».

Comment ne pas parler du dernier live de Slayer sur le sol français ? Le groupe a donné un concert comme il sait les faire, très efficace et sans surprise. Slayer reste Slayer. Un setlist piochant dans l’ensemble des albums du groupe, avec toujours les classiques qui ont marqué leur carrière.

C’est Tool qui a fermé ce 14e Hellfest avec un concert ambigu. Ils ont joué pendant une heure des titres très planants et, pour le coup, assez compliqués à saisir pour un non initié à Tool. Puis, ils ont enchaîné trente minutes de titres plus accrocheurs et plus propres au style du groupe. Finalement, un concert en demi teinte. Ce n’est pas surprenant puisque Tool n’a plus rien à prouver et trace sa route. En résumé, ils n’étaient pas là pour vendre des disques mais pour proposer une expérience musicale totale, accompagnée de projections visuelles complètement délirantes.

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Image datant d'un Hellfest précédent

Hellfest

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S’intéresse autant à la musique qu'à la sociologie.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017