• Formation : fabrication de l'information à l'ère numérique
19 mars 2018

Formation : fabrication de l’information à l’ère numérique

Formation : fabrication de l’information à l’ère numérique

19 Mar 2018

Journée ressource : la fabrication de l’information à l’ère numérique

Sollicitée par la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRDJSCS) pour organiser une journée ressource autour des médias et du numérique, l’association Fragil a accueilli une vingtaine de stagiaires dans ses locaux du lycée Leloup-Bouhier à Nantes, le 15 mars 2018. Provenant toutes et tous de structures d’accueil et d’animation jeunesse, les participantes et participants à cette formation ont pu découvrir les méthodologies de mise en place d’ateliers liant journalisme et pratiques web.

L’éducation aux médias et aux pratiques numériques

Dans une actualité dévoilant jour après jour les enjeux du décryptage médiatique, lutter contre toutes les formes de désinformation passe par la compréhension des mécanismes de la fabrication de l’information. Cette journée ressource s’inscrit donc dans une des missions principales de Fragil, à savoir l’initiation aux pratiques journalistiques.

Les différentes pratiques d’écriture numérique

Le développement des nouvelles technologies de ces trente dernières années a bouleversé notre rapport à l’écriture. Par conséquent, le monde du journalisme a dû se réinventer pour assimiler et profiter au mieux des avantages conférés par le numérique. Datajournalisme, live-tweet, cartographie et frise chronologique interactives , référencement, articles multimédias… autant de nouvelles formes d’écritures, de nouveaux codes et de nouvelles compétences que les journalistes ont pu développer grâce, notamment, au web. Afin de permettre au plus grand nombre de décrypter ces nouvelles écritures, Fragil se propose d’animer des ateliers de formation pour tout type de public.

Revue de presse et live-tweet : des pratiques pédagogiques numériques

L’objectif de cette journée ressource de fabrication de l’information était d’initier les animateurs jeunesse aux nouvelles écritures numériques. A travers deux ateliers pratiques, les participantes et participants ont pu se confronter à deux manières de produire du contenu journalistique. Suite à cette journée, les stagiaires seront autonomes pour réitérer l’expérience auprès de leur public.

Réalisation d’une revue de presse numérique

La première partie de la journée était dédiée à l’initiation au journalisme et à la production d’un article en curation de contenu. En présentant le rôle du journaliste, puis en faisant le tour de ses droits et devoirs définis par la Charte de Munich, le formateur Merwann Abboud a amené les apprenti-journalistes à se questionner sur leur rapport aux médias à à l’information.

Comment faire une revue de presse numérique ?

Après avoir été sensibilisés au journalisme, les stagiaires ont pu être formés à la réalisation de leur première revue de presse. Comme pour toute curation de contenu, la méthodologie est la suivante :

– La sélection du contenu

Le journaliste doit rechercher et sélectionner des articles répondant à l’angle choisi pour traiter d’un sujet.

– L’éditorialisation

Par la constitution d’un plan répondant à l’angle, puis par l’organisation des différents contenus dans son plan.

– Le partage

L’objectif est d’être lu ! Partager sa revue de presse à ses lecteurs est essentiel.

Le défi

Les participantes et participants ont disposé d’une heure pour réaliser une production sur la thématique “Expulsion de réfugiés à l’université de Nantes”. A eux de trouver leur angle, et de sélectionner :

  • 3 articles de presse,
  • 3 tweets,
  • 3 illustration
  • 1 vidéo

La mise en page se fera en utilisant l’outil en ligne Sutori.

Formation : fabrication de l'information à l'ère numérique

Les participants et participantes en pleine construction de leur revue de presse numérique

Les revues de presse réalisées lors de l’atelier

Après une conférence de rédaction éclaire, les stagiaires ont choisi de traiter du sujet de la récente expulsion des réfugiés de l’Université de Nantes. En une heure, ils et elles ont pu organiser le contenu sélectionné et créer les articles suivants.

Les autres productions :
Dans le retro : les dernières expulsions
Le voyage à Nantes une histoire sans fin
Les soutiens cherchent des solutions
Approches partisanes sur l’expulsion des migrants
La France pays des droits de l’Homme ?

Lors de la restitution, les stagiaires ont présenté leur travaux au reste du groupe. Ces prises de paroles ont favorisé la prise de conscience de la diversité des angles possibles pour un seul sujet.

Initiation au live-tweet

La deuxième partie de la journée était dédiée au décryptage des différents réseaux sociaux et des pratiques liées. Après un tour d’horizon de Facebook, Twitter, YouTube, Instagram et Snapchat, les stagiaires ont pu découvrir une nouvelle forme de fabrication de l’information permise par le web : le journalisme en direct sur un réseau social.

Comment réaliser un live-tweet ?

Après une rapide présentation de la pratique par le formateur de l’après-midi, François-Xavier Josset, quelques conseils ont été donnés aux stagiaires pour les aider à réaliser leur reportage :

  • déterminer un #hashtag lié à l’évènement. Ce #hashtag devra impérativement revenir à chaque tweet. Il est le fil conducteur du live.
  • réaliser quelques tweets d’introduction pour annoncer l’évènement et inciter à suivre le live.
  • retranscrire les propos et faits-clé de l’événement. En étant précis dans les noms de personnes et de lieux.
  • ajouter du contenu extérieur à l’événement (liens, images) pour enrichir le live.
  • réaliser un tweet de conclusion pour fermer le live. Exemple : “Fin de cet atelier avec le @Magazine Fragil. Merci de nous avoir suivis ! #JourneeRessourceDRDJSCS”

Le défi

Les participants et participantes ont disposé d’une heure pour partir en reportage dans le quartier Chantiers Navals à Nantes. Par groupe de 3, équipés d’une tablette, ils et elles devaient réaliser un reportage en direct en utilisant uniquement Twitter. Chaque groupe, après avoir choisi un sujet, devaient produire les contenus suivants :

  • 10 tweets minimum
    • au moins une vidéo
    • au moins 3 photos
    • au moins 2 témoignages

Les live-tweet réalisés lors de l’atelier

Après une heure de reportage, les stagiaires ont pu présenter et débriefer leur production face au groupe. (La mise en page sur Sutori a été faite à posteriori par Fragil)

Les autres reportages :
#kulturefragilive
#livejemangeouanantes
#bouffeabouhier
#tousavelo
#poubellefragil

Cette journée ressource dédiée à la fabrication de l’information s’achève sur un bilan très positif. La richesse et la diversité des productions montrent une très bonne assimilation des bases du journalisme-web par les stagiaires. Désormais, ce sera à eux de transmettre ces pratiques auprès de leurs publics !

Le déroulé de la formation est à votre disposition :

Dans le Château de Nantes, y avait une expo rock, y avait une expo rock…

Gribouillis (hi)P(h)OP

Chargé de projets numériques et médiatiques chez Fragil depuis 2017, musicien, auteur, monteur... FX est un heureux touche-à-tout nantais. Il s'intéresse aux musiques saturées, à l'éducation aux médias, aux cultures alternatives et aux dystopies technologiques.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017