10 décembre 2025

Entre incertitudes et promesses, Le Wattignies ne va pas bouger.

Lors d’un entretien consacré au devenir du site Le Wattignies, Fragil est allé à la rencontre de la responsable, Sarah Huvelin, à la mi-novembre. Elle nous dévoile, ses certitudes et craintes sur le projet d’hybridation commandité par SAMOA. Il permettrait au collectif de s’inscrire durablement dans la trame urbaine Nantaise tout en conservant son identité.

Entre incertitudes et promesses, Le Wattignies ne va pas bouger.

10 Déc 2025

Lors d’un entretien consacré au devenir du site Le Wattignies, Fragil est allé à la rencontre de la responsable, Sarah Huvelin, à la mi-novembre. Elle nous dévoile, ses certitudes et craintes sur le projet d’hybridation commandité par SAMOA. Il permettrait au collectif de s’inscrire durablement dans la trame urbaine Nantaise tout en conservant son identité.

« Le Wattignies ne va pas se déplacer ni disparaître, il va changer et on ne sait toujours pas quand ! », s’exclame fièrement Sarah, la responsable du site pour répondre aux inquiétudes des nantais.es.

Dans la soirée du mercredi 19 novembre, Fragil retrouve la responsable Sarah au comptoir du bar Le Wattignies. Elle se montre décontractée et souriante à l’approche des questions bouillantes qui animent le webzine.

Sarah Huvelin, responsable du site Le Wattignies et de la programmation du collectif Commun’Île au comptoir du bar. © Farnoud Pierre 19/11/2025

Une intégration aux projets immobiliers du quartier en recomposition

Sarah nous explique que Le Wattignies va s’intégrer dans un  « projet d’hybridation » sous l’impulsion de la Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique (SAMOA). Elle  précise aussi :  » il y aura des bureaux aux étages et nous serons au RDC « .

« Le site s’insère dans une opération immobilière tertiaire menée par SAMOA ». Et ajoute :  » la Société trouvait ça dommage d’abandonner Le Wattignies et juste le remplacer par des bureaux. » Sarah se dit également optimiste car le collectif Commun’Île  est consulté en amont pour préparer le projet : « On est intégrés dans le projet dès le début. On a participé aux auditions du  jury pour choisir avec la SAMOA, les promoteurs en 2024 et en février 2025 avec les architectes. »

« C’est un bon deal »

On peut lire aussi un soulagement sur le visage de Sarah : « c’est un bon deal, on se sent bien ici et on est très contents », affirme-t-elle par un rictus spontané.

Toutefois, elle a conscience que ces transformations irréversibles vont bouleverser leur stratégie commerciale et leur organisation interne : « La modernisation de l’espace du Wattignies, va changer le nombre et les espaces dédiés aux activités ». D‘autre part, elle insiste aussi sur l’équilibre des prix de vente : « on devra toujours se vendre à un prix de sortie raisonnable malgré l’opération immobilière ».

Une vision pérenne confrontée à une réalité très éphémère

Malgré ces perspectives réjouissantes, il n’y a encore aucune échéance qui ait été officialisée et la situation juridique du lieu reste précaire : « On signe une convention tous les ans avec la SAMOA pour un bail précaire et qui loue au propriétaire des lieux, la Mairie. » – explique Sarah.

Toutefois la responsable y voit l’opportunité de se projeter vers un futur rachat : « Après les travaux et la reconstruction du lieu sous l’égide du promoteur immobilier, on espère qu’il nous le vendra ». D’ailleurs, la responsable a déjà une idée pour obtenir le crédit :  » Pour l’obtention d’un prêt de rachat, on va se tourner vers une foncière économique sociale et solidaire (ESS). »

En revanche, une incertitude demeure dans l’équation, car il n’y a aucun calendrier détaillé à ce stade pour les changements à venir  : « On sait qu’on va devoir déménager mais sans aucune précision du délai, ni si on fonctionnera en copropriété avec les gens qui seront au-dessus ou si on sera en partage de volume ».

Infos utiles

Professeur d’histoire-géographie, Pierre observe avec curiosité les changements de sa ville natale. Entre ses promenades à Chantenay, sa passion pour le backgammon et ses racines iraniennes, il explore à sa manière l’histoire et la culture.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017