30 mai 2018

De la folie au miroir de la société

Le Concorde, mythique cinéma d’art et essai nantais, a projeté en avant-première « Nous, les intranquilles », un long métrage documentaire co-réalisé par Nicolas Contant et le groupe cinéma du centre Antonin-Artaud. Fragil y était pour vous !

De la folie au miroir de la société

30 Mai 2018

Le Concorde, mythique cinéma d’art et essai nantais, a projeté en avant-première « Nous, les intranquilles », un long métrage documentaire co-réalisé par Nicolas Contant et le groupe cinéma du centre Antonin-Artaud. Fragil y était pour vous !

Nous les intranquilles prend vie au centre d’accueil psychothérapeutique Antonin-Artaud à Reims avec le groupe cinéma et Nicolas Contant, co-réalisateurs.
Le groupe cinéma du centre raconte la maladie, la vie au centre, la thérapie et leur rapport au monde. Ils sont acteurs de leur film et décident en commun des idées qui seront dans le documentaire avec le co-réalisateur du long métrage .

Dans un premier temps ce sont les patients qui s’emparent de la camera pour fabriquer leur film et leur témoignage. Le film devient participatif et met en scène son élaboration en collectif.

Agrandir

nous3

Nous les intranquilles

Les personnages cherchent à donner une image humaine de la folie. Ils s’amusent des idées reçues pour mieux les subvertir. En s’emparant ensemble du projet artistique, ils montrent qu’un autre monde est possible.

Dans le déroulement du documentaire on voit la vie au centre, leur nombreuses activités thérapeutiques telles que le jardinage, et d’autre comme une manifestation à laquelle ils participent dans les rues de Reims.

Au centre Antonin-Arthaud, l’équipe soignante ne porte pas de blouse blanche et expérimente un mode de relation non hiérarchique entre patients et soignants. Au cours des réunions, tout le monde mange et discute ensemble.

Ce qui est intéressant c’est de voir ce qui peut se passer dans leur tête et de les comprendre en toute bienveillance, comme avec un patient qui montre son visage en y superposant d’autres.

Le documentaire prends la forme d’un kaléidoscope dans un subtil jeu de miroirs entre la société et ceux qu’on appelle les « fous » : le paysage qui nous est donné à voir est coloré, étrange, morcelé.

Nicolas Contant a confié aux patients le soin de se filmer eux-mêmes, plutôt que de « prendre » seul des images. Puis le montage s’est fait à plusieurs, et longuement, autour de la table du centre Artaud.

Le partis pris était risqué de se dévoiler face caméra, l’intimité dévoilée à l’écran échappant au voyeurisme. 

Ce film est touchant, plein de sensibilité et profond pour montrer qu’un autre monde est possible.

Agrandir

2136605

Nous les intranquilles

Les Liminanas à Stéréolux

Et si on dansait le Bollywood ?

Passionnée de théâtre et d’art, je vous en parlerai dans mes articles sans oublier tous les sujets de société qui me touchent : le féminisme, les discriminations et l’environnement.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017