9 décembre 2019

« Vivre, c’est déjà résister »

Le 6 novembre, le film « Le char et l’olivier : une autre histoire de la Palestine » sortait dans les salles. Récit bouleversant de ce que nous connaissons plus communément comme le conflit israélo-palestinien. Roland Nurier, réalisateur du documentaire, témoigne de l’Histoire de la Palestine, avec son regard, véritable, dénonciateur et touchant. Et les critiques font l’unanimité : documentaire pédagogique, il est une véritable prise de conscience d’une dualité clamée qui n’existe pas.

« Vivre, c’est déjà résister »

09 Déc 2019

Le 6 novembre, le film « Le char et l’olivier : une autre histoire de la Palestine » sortait dans les salles. Récit bouleversant de ce que nous connaissons plus communément comme le conflit israélo-palestinien. Roland Nurier, réalisateur du documentaire, témoigne de l’Histoire de la Palestine, avec son regard, véritable, dénonciateur et touchant. Et les critiques font l’unanimité : documentaire pédagogique, il est une véritable prise de conscience d’une dualité clamée qui n’existe pas.

Alimenté par le besoin de comprendre, passionné par le cinéma d’auteur et la géopolitique, Roland Nurier décide alors de mettre des images, des mots, des faits sur le « conflit israélo-palestinien », si présenté par les médias. Fort de nombreux voyages dans les territoires occupés palestiniens, il recueille des témoignages qu’il croise avec les analyses critiques d’experts reconnus. De quoi pouvoir enfin se forger son opinion propre.

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Roland Nurier, le réalisateur du documentaire "Le char et l'olivier"

DR

Ne vous détrompez pas !

Palestine et Israël. Destins de peuples opprimés, destin d’un peuple fracassé, destin contrôlé par la Communauté internationale. Le conflit israélo-palestinien est trop souvent mal interprété, incompris, mal enseigné voire tabou. Faire la lumière sur l’Histoire de la Palestine, loin des caméras et des commentaires désabusés des médias, paraissait indispensable. Roland Nurier l’a fait. Il documente et détrompe les spectateurs sur ce conflit sans cesse à la une de l’actualité depuis ses prémices, au cœur des déchirements géopolitiques de cette région du monde : le Proche-Orient.

« Un éclairage primordial basé sur des éléments factuels incontestables, pour se débarrasser des clichés et idées reçues ! »

Sa réception par la communauté cinématographique, les spécialistes du sujet et les spectateurs en disent long sur la qualité documentaire de ce travail dense, poignant par sa véracité. Au-delà d’un résultat pédagogique pour les plus novices d’entre nous ou simplement pour ceux qui comme beaucoup se sentent perdus par la complexité et la durée du conflit, ce documentaire ouvre les yeux, éveille, désabuse, et ainsi rend justice à une terre sacrifiée : la Palestine. « Arabes » disent-ils en Israël.

Le travail documentaire réalisé reprend l’Histoire, des débuts du sionisme de Theodor Herzl à nos jours, traversant les conflits, déclaration de Balfour, proclamation de l’Etat d’Israël, guerre des Six jours, chaque année, chaque mois, chaque jour, faisant place à un nouveau conflit. De fil en aiguille, d’idéologies en décisions politiques, l’Histoire nous rappelle les faits, les responsabilités de chacun. Paradoxe d’un exil d’une population discriminée, entraînant la persécution d’une autre : les Palestiniens.

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Capture d'écran du film "Le char et l'olivier"

DR

Dénonciateur, choquant et courageux

« Experts internationaux, historiens, diplomates des Nations unies, juristes en Droit International, représentants d’ONG mais aussi témoignages de simples citoyens », tous nous démontrent le rôle de la Communauté internationale, ou devrais-je dire la lâcheté, l’aveuglement, le profit de cette Communauté assistant les bras croisés au bafouage du droit international. « Garante des droits humains, de leurs droits égaux et inaliénables, de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde », les Nations Unies ont bel et bien reconnu la Palestine. Et pourtant ! Bafoués depuis plus de 70 ans, ces droits humains, droit à la dignité, droit à l’expression, tout simplement droit à la vie et à la liberté sont reniés en accord avec les « grandes puissances » de ce monde. Grandes puissances soutenant par leur non-action cet apartheid institutionnalisé.

Car non, le soutien alimentaire mensuel de l’ONU, les actions humanitaires de certains pays européens, les coopérations engagées avec la Palestine, ces actions ne constituent pas un soutien en soi mais une façon d’apaiser leur conscience et de permettre à une population de survivre et non de vivre.

« Vibrant d’espoir », une émotion indescriptible

Malgré cette souffrance, ces humiliations, tortures et emprisonnements constants, les images et témoignages nous montrent un peuple battant, qui malgré tout continue de chanter et danser la vie.

Roland Nurier s’attache à présenter des faits, une réalité. Sa note d’intention suffit à le comprendre « le film donne quelques clés à un public en demande d’éléments de compréhension afin de se forger sa propre opinion. Tout le contraire du « prêt à penser » délivré malheureusement par beaucoup de nos médias ! ».

Vous ne pourrez plus dire que vous ne comprenez pas !

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017