17 février 2020

Conférence sur les écrans, internet et les réseaux sociaux au collège Rosa Parks de Nantes

La soirée du jeudi 6 février 2020, Fragil animait une conférence sur les écrans, internet et les réseaux sociaux au collège Rosa Parks de Nantes

Conférence sur les écrans, internet et les réseaux sociaux au collège Rosa Parks de Nantes

17 Fév 2020

La soirée du jeudi 6 février 2020, Fragil animait une conférence sur les écrans, internet et les réseaux sociaux au collège Rosa Parks de Nantes

Les parents des élèves du Collège Rosa Parks de Nantes avaient rendez-vous dans la soirée du jeudi 6 février, peu après la fermeture du collège, pour une conférence sur le thème « Les enfants et les écrans, les adolescents, internet et les réseaux sociaux ». Le collège Rosa Parks a sollicité l’association pour mettre en place cette conférence qui répond à ses projets autour de l’éducation aux médias. Deux ateliers avaient été auparavant mis en place par Fragil au collège le 11 novembre sur le thème du cyber harcèlement.

Treize parents étaient présents ainsi que quatre adolescents.

La conférence, animée par Merwann, salarié chez Fragil, s’est découpée en deux grandes parties :

– d’abord, un état des lieux sur les usages et les nouveaux risques des écrans vis à vis des enfants

– puis un tour d’horizon des pratiques, usages et risques d’internet et des réseaux sociaux vis à vis des adolescents

Les enfants et les écrans

La conférence commence par plusieurs questions sur le nombre d’écrans présents à la maison, sur le temps passé en moyenne par un enfant et un adulte sur un écran etc.. Mais les adultes présents se montrent plutôt timides au début et les réponses ne se bousculent pas.

Au moment de la question « Concernant l’utilisation de ces écrans, quelles sont les règles que vous avez définies avec vos enfants ? », plusieurs parents répondent, une mère d’un enfant de 11 ans explique que les écrans le soir c’est seulement quand les devoirs sont finis et qu’ils sont limités à une à deux heures le week-end. Avec son enfant de 14 ans, un père explique lui que l’écran c’est « jamais le matin et jamais quand on parle ».

Sur les craintes, ce sont majoritairement des craintes liées à la santé et au contenu que les enfants pourraient trouver sur internet, ainsi une mère craint « qu’ils aient accès à des contenus inappropriés » tandis que deux autres parents pointent les conséquences sur la santé et notamment sur la vue, en plus du fait d’être « traqués ».

Les parents voient beaucoup moins d’avantages, celui qui est cité est celui dans un cadre éducatif par exemple.

Sur les dangers des écrans, ils sont en effet connus : obésité, dépression, troubles du sommeil, échec scolaire, exposition à des contenus inappropriés, problèmes relationnels voire addiction.

Sur les recommandations, c’est la « règle des 4 pas » de Sabine Duflo, psychologue, qui est reprise : pas d’écran le matin, pas d’écran pendant le repas, pas d’écran dans la chambre de l’enfant et enfin pas d’écran avant de se coucher.

La règle des 4 pas de Sabine Duflo

Il y a aussi la règle du « 3-6-9-12 » élaborée par le docteur en psychologie Serge Tisseron. Pas d’écran avant 3 ans, ou au moins les éviter le plus possible, pas de console de jeu portable avant 6 ans, pas d’internet avant 9 ans et enfin internet seul à 12 ans, mais avec prudence.

Après une brève intervention sur le contrôle parental, la discussion aborde les jeux vidéos.

Les ados, internet et les réseaux sociaux

A la question des jeux vidéos auxquels leurs enfants jouent, beaucoup de parents présents parlent de Fortnite, un autre parle de Minecraft tandis qu’un des enfant présent évoque GTA V. Pas étonnant en somme, vu la popularité de ces trois jeux.

La discussion sur les jeux vidéos permet d’aborder la notion de « Live », de plus en plus populaire, notamment avec la plateforme Twitch. Pendant ce temps, est abordé l’utilisation du micro par les enfants sur des jeux comme Fortnite, et les dangers que cela peut représenter puisqu’on parle à des inconnus et que certaines personnes peuvent avoir de mauvaises intentions. Les deux grandes menaces évoquées à ce sujet sont la pédophilie et la violence.

Après avoir discuté des jeux vidéos, le sujet de la pornographie est débattu. Sur ce que font les réseaux sociaux sur cette question, Merwann rappelle que sur Facebook les contenus pornographiques ne sont pas autorisés, tandis que sur Snapchat il n’y a pas de contrôle a priori et qu’enfin sur Twitter, c’est « porte ouverte », il n’y a aucune limite. Pour se rémunérer, les sites pornographiques utilisent les abonnements, la revente de données de leurs utilisateurs et la publicité. D’ailleurs, sur la publicité, il est évoqué les « pop-up », ces petites fenêtres qui s’ouvrent de manière parfois abusive sur nos écrans. Et notamment les pop-up qui font la promotion de sites pornographiques lorsqu’on regarde un film ou une série sur un site de streaming. La raison ? Les sites de streaming et de téléchargements illégaux utilisent une régie publicitaire qui les met en contact avec des sites pornographiques.

Retour sur les réseaux sociaux. Ils sont présentés en détails, et sur la question de qui possède un compte sur un réseau social, sans surprise c’est Facebook qui arrive en tête dans la salle. Réseau social qui, quoique vieillissant pour les plus jeunes qui maintenant préfèrent d’autres réseaux comme Tik Tok ou Snapchat, n’en reste pas moins le premier réseau social au monde en terme d’utilisateurs. Au moment d’aborder Tik Tok, une mère interpelle l’assistance sur la détention de ce réseau social par une entreprise chinoise, elle alerte sur la reconnaissance faciale pratiquée en Chine et les dangers que cela peut représenter pour les enfants inscrits sur Tik Tok quant aux usages de leurs visages. Une intervention teintée d’émotions, mais la reconnaissance faciale est finalement une pratique intrusive de plus en plus utilisée partout dans le monde. La France envisage d’ailleurs d’aller plus loin dans ce domaine et de permettre par exemple l’accès aux sites internet en rapport avec les services publics par la reconnaissance faciale (Pour en savoir plus sur la reconnaissance faciale en France, c’est ici)

« A votre avis, pourquoi les réseaux sociaux sont-ils gratuits ? », la question est posée à la salle. Une personne explique que c’est parce que nous sommes les produits en quelque sorte. C’est effectivement la revente de nos données personnelles qui par la suite servent à cibler les publicités selon les intérêts de chacun et chacune.

A la fin de la conférence, un des parents conseille de regarder le documentaire « Nothing to hide » sur les dangers de la surveillance de masse et l’idée que personne n’a « rien à cacher ». Le documentaire est disponible sur Youtube :

Une soirée riche en enseignement, un des parents a « trouvé ça très intéressant et très accessible ».

Jean Racine croise Marguerite Duras au Grand T

Les réseaux sociaux au collège : un atelier pour les enseignants.es de Rosa Parks

En service civique et originaire de Perpignan. Tout ce qui tourne autour de la politique m'intéresse, grand amateur de science fiction et de dystopies. J'écris principalement sur les ateliers d'éducation aux médias et au numérique.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017