« On n’est pas par hasard à Tissé Métisse. On a un socle commun de valeurs sur lequel on se retrouve » assure Michel Surget, l’actuel président de l’association Tissé Métisse.
Dans un contexte politique tendu et la montée de l’extrême droite, le festival nantais continue de défendre, pour la 33e année, le vivre ensemble et l’interculturalité en programmant 15 spectacles et de nombreuses animations et débats sociaux. Le samedi 13 décembre à la Cité des Congrés, c’est une nouvelle fois plus de 400 bénévoles, réparti.es sur la journée, qui permettront le bon déroulé du festival.
Une mobilisation bénévole fidèle et organisée
Une campagne de recrutement est lancée dès l’été – « On réécrit systématiquement aux personnes qui étaient bénévoles l’année dernière. » Elle est ensuite relayée par de nombreux circuits comme la plateforme gouvernementale « Je veux aider » et les réseaux partenaires associatifs ou radios. « Ça marche aussi par bouche à oreille, ajoute Michel Surget, mais on n’a pas trop de problèmes pour trouver des bénévoles. Ça arrive assez facilement. »
Ces 400 volontaires, de toutes générations confondues, sont réparti.es en deux types. D’une part, les bénévoles des associations partenaires : « Il y a des bénévoles qui arrivent directement par les associations elles-mêmes » explique Michel, c’est le cas des associations qui vont faire de la restauration par exemple. D’autre part, les bénévoles régulier.es ou ponctuel.les de Tissé Métisse qui seront affecté.es à l’organisation de l’événement.

Michel Surget et Daniel, deux piliers de l’association, se sont rencontrés au sein de l’Association des comités d’entreprises de Nantes et région aux débuts du Festival Tissé Métisse. Photo prise au Fonds documentaire de Tissé Métisse, sur l’Île de Nantes le 12 novembre 2025. © Amandine Masson
Pour encadrer l’ensemble des bénévoles de l’organisation, pas moins de 80 bénévoles référent.es sont désigné.es, rappelle l’actuel président de l’association : « C’est eux qui donnent les consignes aux bénévoles ». Comme Daniel, qui sera présent à la gestion de la salle 800 cette année. Avec son équipe, composée de 8 à 10 personnes, le syndicaliste CFDT et adhérent Tissé Métissé depuis sa création, orchestrera le placement et la circulation du public dans la salle, avant, pendant et après les spectacles, ainsi que le bon respect des consignes.
Installation, accueil du public à l’entrée ou en salle, approvisionnement et service aux bars, animations ou logistique… les missions sont nombreuses et adaptées à tous.tes.
Des missions variées et un objectif unique : profiter !
Avec des créneaux de mission de 4 heures en moyenne et l’attribution de tickets pour boissons et repas gratuits, les conditions d’accueil ont été pensées pour un rapport organisateurs-bénévoles gagnant-gagnant. « Je crois que c’est important pour le bénévolat de ne pas être considéré uniquement pour accomplir une mission, explique Daniel, mais aussi de voir un peu l’ambiance du festival et découvrir des choses qui y sont proposées. » Une stratégie payante puisque « il y a une grande partie des bénévoles qui reviennent sur plusieurs années. »
C’est le cas de Nina, 26 ans, qui a participé deux années de suite au festival, en 2023 et 2024, en tant que bénévole à l’espace bibliothèque du Fonds documentaire Tissé Métisse. Un emplacement « stratégique » pour la jeune diplômée en master Cultures, Patrimoine et Médiation car sa situation, en mezzanine à côté du bar, en fait un véritable lieu de partage. « Les gens sont toujours curieux parce que le fonds documentaire ce n’est pas super connu. Et c’est toujours agréable d’échanger avec les personnes à ce moment-là. » Une expérience réussie que cette originaire de Bouguenais aurait aimé renouveler cette année si elle n’avait pas dû déménager à Toulouse pour effectuer son service civique. « Peut-être que cette année j’aurais changé (de mission) quand même, pour des choses que je n’ai jamais faites comme le bar ou l’espace enfants. » Nina avait pu profiter pleinement du concert de Féfé, l’an dernier, après sa mission et découvrir de nombreux autres artistes. « C’était vraiment super bien ! »

Un moment attendu pour Nina avec le concert de l’artiste Féfé dans la Halle de la Cité des Congrés, en 2024. © Guillaume Kerhervé
Un événement militant et solidaire
Au delà du temps de divertissement festif, le festival a toujours existé comme un espace de valorisation de la diversité culturelle et de sensibilisation à toutes les formes de discrimination. Entre les spectacles et concerts, le public est invité à profiter d’expositions, de débats et d’animations pédagogiques autour d’enjeux sociétaux. La thématique de cette année s’articulera autour de la « Nationalité française et le Droit du sol ».
La première édition avait vu le jour en 1993, dans un contexte politique tendu autour des débats sur le droit du sol et les lois Pasqua. L’ACENER (Association des comités d’entreprises de Nantes et région), alors en charge de proposer des spectacles de fin d’année pour les arbres de Noël, décide de profiter de l’ouverture de la Cité des Congrès pour « faire une grande fête » dans ce lieu symbolique et inaccessible pour un grand nombre.
Si Michel, Daniel et tant d’autres bénévoles sont restés fidèles à l’association et son festival depuis tant d’années, c’est que la lutte contre les discriminations est toujours au cœur de ses actions face à l’actualité : « La motivation, elle est sur la question des valeurs. Et puis, je crois que la motivation, c’était aussi la montée du Front National et du Rassemblement National. Je pense qu’il était important qu’il y ait un festival qui marque aussi d’autres types de valeurs » confie Daniel.

L’une des tables rondes qui s’était déroulée lors du festival 2024. © Guillaume Kerhervé
Un festival « ouvert à tous »
L’association Tissé Métisse, dont les locaux sont situés quartier Bellevue, mène toute l’année des actions avec les habitant.es des quartiers populaires. « Il y a un gros travail avec l’Accoord pour faire à la fois participer ce public, mais aussi le faire venir. C’est ouvert à tous. Et puis, on travaille aussi avec d’autres associations ou des personnes individuelles sur les quartiers » précise son président.
« Permettre que cette diversité ne soit pas que affichée, mais qu’elle soit présente. »
« Il y a trop de sites sur Nantes qui ne sont pas forcément aussi accessibles aux milieux populaires, notamment des quartiers. Et je crois que la politique de Tissé Métisse a fait en sorte d’aller vers ces publics-là, pour qu’ils fréquentent aussi ces lieux-là et pour permettre que cette diversité ne soit pas que affichée, mais qu’elle soit présente » revendique Daniel.
L’accessibilité de l’événement se joue aussi au niveau de la billetterie avec 3 niveaux de tarifs adaptés et une billetterie solidaire à 4 euros, mise à disposition par les associations de terrain. « On vend entre 1 000 et 1 200 billets comme ça tous les ans. Ça correspond à un vrai besoin » rappelle-t-il.
Enfin, sur l’aspect culturel, l’association défend une émancipation et un brassage culturel, de la K-Pop au hip-hop. « Il y a des choses qui naissent dans les quartiers qui sont présentées à Tissé Métisse. » Cette année, le public pourra ainsi découvrir sur scène nombre d’artistes de la région, émergent.es ou confirmé.es comme le duo Samifati, la rappeuse Tinaa, le spectacle Legit, mais aussi la création nantaise Grand Bruit.
Plus d’informations
Festival Tissé Métisse
le samedi 13 décembre 2025 à la Cité des Congrés, Nantes
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