15 juin 2020

2020-2021 : La saison rêvée du Grand T

Crise du coronavirus oblige, il n’y aura pas cette année l’habituelle présentation au public de la saison prochaine du Grand T. Pour compenser, mercredi 10 juin le théâtre a dévoilé en ligne sa programmation. Face aux incertitudes liées à l’avenir, la directrice Catherine Blondeau préfère qualifier cette saison 2020-2021 de « saison rêvée ». L’équipe a imaginé une brochure interactive agrémentée de vidéos et de dossiers de presse pour chaque spectacle programmé. Les spectateur.ices pourront ainsi avoir à domicile un avant-goût de la saison qui s’annonce foisonnante.

2020-2021 : La saison rêvée du Grand T

15 Juin 2020

Crise du coronavirus oblige, il n’y aura pas cette année l’habituelle présentation au public de la saison prochaine du Grand T. Pour compenser, mercredi 10 juin le théâtre a dévoilé en ligne sa programmation. Face aux incertitudes liées à l’avenir, la directrice Catherine Blondeau préfère qualifier cette saison 2020-2021 de « saison rêvée ». L’équipe a imaginé une brochure interactive agrémentée de vidéos et de dossiers de presse pour chaque spectacle programmé. Les spectateur.ices pourront ainsi avoir à domicile un avant-goût de la saison qui s’annonce foisonnante.

Après l’annulation de plus de cinquante-huit représentations, la fin de saison 2019-2020 a été remaniée afin de se clôturer dans le respect des précautions sanitaires et des jauges imposées aux salles de spectacle. Les équipes du Grand T ont donc imaginé une reprise artistique jusqu’à l’été avec drive-in théâtral sur le parking, tête-à-tête avec des artistes nantaises autour d’un café et rendez-vous improvisés dans le jardin. Le programme est en ligne sur leur site internet. Par ailleurs, la crise n’aura pas eu raison du jumelage du Grand T avec le quartier de la Bottière-Pin Sec. Les cuisines du Resto sont mises à disposition afin d’aider à la préparation et la distribution de repas solidaire à l’attention des plus démunis. Fabrication de masque avec les graphistes Bonnefrite et Fred Fivaz et entresorts artistiques dans l’espace public avec différentes compagnies sont également en cours.

Des temps forts

Mais revenons à cette « saison rêvée » pour 2020-2021. En plus d’être pour le moment « rêvée », elle revêt un second caractère exceptionnel puisqu’il s’agit de la dernière avant le début de deux ans de grands travaux qui vont transformer le Grand T à partir d’avril 2021. Cette saison ne comptera pas moins de cinquante-huit spectacles. L’artiste associée au théâtre nantais Caroline Melon aura l’honneur de l’ouverture mais également de la fermeture avec deux productions créées pour l’occasion. Suite pour transports en commun surprendra les usagers de la Tan quand Les jardiniers racontera le jardin du théâtre à l’occasion de L’Envol, la « fête de sortie » du Grand T.

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Destenouest
D’Est en Ouest de Josette Baïz

Josette Baïz

Soulignons les temps forts que représentent les festivals, au nombre de quatre cette année.

  • Le festival Les Avant Curieux consacré aux arts du cirque et de la rue se déroulera du 8 au 14 octobre et, pour sa deuxième édition, investira le Grand T mais également la caserne Mellinet et les rues alentour dans un joyeux désordre.
  • L’événement Africa 2020 met à l’honneur pendant six mois sur le territoire français les artistes du continent africain dans toutes les disciplines. C’est dans ce cadre que le Grand T et le TU-Nantes accueilleront du 1er au 11 décembre le festival de théâtre Les Récréâtrales. Ce dernier se déroule tous les deux ans à Ouagadougou au Burkina Faso depuis dix-huit ans. L’occasion de découvrir des auteurs, des musiciens, danseurs, acteurs, penseurs et artistes venus de nombreux pays du continent africain.
  • Le Grand T hébergera également deux spectacles dans le cadre du festival de danse Trajectoires du 14 au 28 janvier 2021 : Marry Me in Bassiani de (LA)HORDE et D’Est en Ouest de Josette Baïz.
  • Enfin, à l’occasion du festival Petits et Grands, du 14 au 18 avril, quatre spectacles spécialement destinés aux enfants investiront le Grand T.

Une programmation variée et dans l’air du temps

Les productions culturelles sont traversées par ce qui fait le monde. Cette année ne déroge pas à la règle et certains spectacles programmés résonnent fortement dans le contexte actuel. À l’image de Harlem Quartet d’Élise Vigier (du 13 au 17 novembre), « portrait de la communauté noire-américaine au temps des droits civiques », de Roman(s) National de Julie Bertin et Jade Herbulot (du 31 mars au 2 avril) ou de La Conquête de Nicolas Alline et Dorothée Saysombat (du 2 au 6 février), dans lesquels planent les fantômes de la France coloniale. Les questions de la crise climatique et sociale semblent également préoccuper un certain nombre d’artistes. Le Réflexe de Moro d’Alice May (du 8 au 12 février) questionnera l’avenir et la protection des enfants dans le contexte de la crise climatique quand Les Hauts Plateaux de Mathurin Bolze (du 6 au 8 janvier) invitera à l’élévation sur fond d’effondrement et de révolution.

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Harlemquartet
Harlem Quartet d’Élise Vigier

Elise Vigier

La saison 2020-2021 se clôturera sur une grande fête afin de dire au revoir pour deux années aux locaux du Grand T. Les 23 et 24 avril L’Envol se veut être un miroir des saisons qu’a connu le théâtre nantais depuis six ans. Au programme : « une kermesse à la bonne franquette, mêlant des bouts de spectacle, des impromptus, des cueillettes et des flonflons ». Une belle fête en perspective pour un nouveau départ.

Outre les spectacles des artistes associés Sébastien Barrier, Yohann Olivier, Anaïs Allais, Patrick Boucheron, Caroline Melon et Olivier Letellier, le Grand T s’ouvre à de nouveaux venus. Nous en avons sélectionné trois :

  • La compagnie Le P’tit Cirk présentera Les Dodos du 15 novembre au 12 décembre : du cirque, de la musique et de l’entraide. « Main à main, voltige aérienne, anneaux chinois et guitare en équilibre : sous son chapiteau, Le P’tit Cirk déplie la poésie acrobatique et musicale, simple et délicate, de la coexistence ».
  • Dans les cordes de Pauline Ribat du 19 au 21 janvier abordera la question du couple, de la sexualité et de l’irruption du numérique dans ces questions. La création de cette pièce s’appuie sur les témoignages de plus de 150 personnes de 15 à 70 ans ce qui permet à l’autrice et metteuse en scène une approche sensible et multiple de la réalité. Catherine Blondeau recommande ce spectacle aux adolescents pour les questionnements et les réponses qu’il apporte.
  • Enfin, Blanche-neige, histoire d’un prince de Marie Dilasser et Michel Raskine du 2 au 6 février bouscule le célèbre conte dans une version mêlant pop, trash, crise écologique, féminisme et déclin économique. Un spectacle déluré qui s’adresse également aux enfants à partir de 10 ans.

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blancheneige
Blanche-neige, histoire d’un prince de Marie Dilasser et Michel Raskine

Marie Dilasser et Michel Raskine

Malgré les incertitudes de la rentrée, la saison rêvée s’annonce donc remuante, bouillonnante et audacieuse. Nous espérons très fort que le rêve deviendra réalité.

Informations pratiques

Ouverture de la billetterie le 31 août pour les abonnements et le 7 septembre pour les ventes de places à l’unité (Billetterie ouverte du lundi au vendredi de 14h à 18h30 et le samedi de 14h à 17h30)

billetterie@leGrandT.fr

Grand T – 84 rue du Général Buat 44000 Nantes / 02 51 88 25 25

Après des études en sociologie, je décide de me réorienter vers le journalisme. C'est une révélation pour moi. Passionnée par la photographie et le reportage, je mets ma curiosité au service d'histoires à raconter.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017