25 novembre 2022

Westill, un festival de stoner convivial et ambitieux

Le 19 novembre 2022 s'est déroulée la 6e édition de Westill, un festival de metal stoner qui s'est tenu dans la salle du Champilambart à Vallet. Plusieurs groupes français et internationaux ont partagé l’affiche. À cette occasion, Fragil s’est entretenu avec les organisateur·ice·s, les artistes et les festivalier·ère·s, afin d’en savoir plus sur cet événement qui attire les passionné·e·s du genre.

Westill, un festival de stoner convivial et ambitieux

25 Nov 2022

Le 19 novembre 2022 s'est déroulée la 6e édition de Westill, un festival de metal stoner qui s'est tenu dans la salle du Champilambart à Vallet. Plusieurs groupes français et internationaux ont partagé l’affiche. À cette occasion, Fragil s’est entretenu avec les organisateur·ice·s, les artistes et les festivalier·ère·s, afin d’en savoir plus sur cet événement qui attire les passionné·e·s du genre.

« L’année dernière était une année exceptionnelle, car on n’attendait absolument pas 700 personnes, ça a été une super surprise », déclare Gauthier Pateau, organisateur du festival Westill. « Peut-être que ce succès était dû à un effet COVID, et que les gens étaient heureux de reprendre les concerts. Probablement aussi grâce à la présence de Monkey3. C’était la première fois qu’on pétait le score des ventes de billets ! » 

L’édition 2022 a confirmé cette évolution, avec une estimation à 750 places vendues dont 600 préventes, contre 521 en 2021. Une évolution qui a demandé un accroissement du nombre de bénévoles, estimé à environ 45 contre seulement une vingtaine pour la première édition de 2016.

Witchcraft, tête d’affiche de cette 6e édition.

Des chiffres qui permettent d’aborder l’organisation du festival plus sereinement, même si ce n’est pas la motivation principale de l’association : « Cette année, on a pris un risque (ndlr : financier) en faisant venir la tête d’affiche Witchcraft. C’est très important l’aspect financier, mais si on perd un peu d’argent, tant pis, ça fait partie du jeu. J’avais envie de voir Witchcraft et après concertation avec les autres membres de l’association, je les ai faits venir. On fait ça aussi par passion, pour voir les groupes qu’on a envie de voir. C’est le privilège d’être organisateur. »

Une affiche internationale

Cette année, en plus des suédois de Witchcraft, de nombreux groupes internationaux et français ont attiré les passionné·es : la seconde tête d’affiche Hangman’s chair, les italiens de Mr Bison, le groupe allemand Samavayo, les anglais Duskwood, et notamment les français Witchfinder et le groupe Rochelais MONAS, élu au tremplin organisé par Westill lors de la fête de la musique à Vallet pour faire l’ouverture. Seuls les suédois de Greenleaf n’ont pas pu venir.

Cette programmation internationale a attiré bon nombre d’auditeur·ice·s, comme Paul et Hyppolite, qui se sont déplacés de la région parisienne spécialement pour Westill :  « on est venus car on a repéré plusieurs groupes qui nous intéressaient. Au départ, c’était Greenleaf qui nous intéressait le plus, mais ils ont été annulés (rires) mais on aime aussi Samavayo et Mr Bison ».

Vue de la régie.

Il existe notamment une demande du public concernant des groupes locaux. Gauthier se rappelle  : « il y a eu une année où peu de groupes français étaient à l’affiche. On m’a fait la réflexion, et à juste titre, de ne pas oublier la scène locale. MONAS n’est pas de Loire-Atlantique mais de la Rochelle, ce n’est pas très loin. » 

Le point de vue des artistes

Le groupe MONAS a participé au tremplin organisé par Westill lors de la fête de la musique 2022 à Vallet. Ce concours les avait opposés à trois autres groupes venus de Nantes, Angers… Les votes ont été récoltés sur Instagram et la récompense en cas de victoire était l’ouverture du festival. 

MONAS en première partie de la programmation.

Les Rochelais reviennent sur leur aventure : « on était spectateurs l’année dernière, on voit même nos têtes en gros plan sur les photos (rires). Là, passer cette année sur scène devant des têtes qu’on connaît comme les Lords, le dauphin, les copains du Macumba… et faire l’ouverture pour des groupes comme Witchfinder ou Witchcraft, c’est un honneur. On a vraiment l’impression d’avoir passé un cap, on peut se dire « ça y est, on est un vrai groupe »».

Plus expérimenté, le groupe Witchfinder était également présent. Après une année plutôt riche entre la sortie d’un album, de multiples concerts et plusieurs tournées, dont la plus récente avec UfoMammut, le chanteur / bassiste du groupe Clément nous livre son impression après leur set très apprécié par le public : « Westill c’est un festival qu’on voit beaucoup sur les réseaux depuis plusieurs années. On n’était pas disponibles l’année dernière mais pour 2022, cette date concordait avec notre planning. La salle sonne bien, les gens sont cools. D’ailleurs, quand on vient en région nantaise, on est toujours bien accueillis, que ce soit par les assos qui organisent, les Lords of the Valley… on est très contents d’être là. »

Witchfinder.

La tête d’affiche Hangman’s chair revenait d’une tournée d’un mois et demi avec Paradise Lost. L’année 2022 a été chargée pour le groupe, avec la sortie d’un album et plusieurs participations à des festivals de grande envergure tels que Hellfest, Brutal Assault, Alcatraz et Motocultor : « On ressort tout juste de la tournée Paradise Lost où on était un peu en mode “machines”. J’avoue que pour aujourd’hui, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre », reconnaît Julien Chanut avant leur concert. « Il nous reste encore quatre dates, dont celle-ci. Pour l’instant, tout se passe super bien, l’orga est chanmé, on s’occupe bien de nous, c’est cool. »

Julien, de Hangman’s Chair ©Jean-Baptiste Hautier

Bières artisanales et tartiflette, parties intégrantes du festival

Dès l’ouverture des portes à 14h45, avant même le premier concert, on entend déjà parler de la tartiflette parmi les premier·e·s arrivé·e·s. Si les festivalier·ère·s en parlent sur le ton de la légèreté, le sujet est abordé sérieusement par l’organisation : « C’est notre bouffe maison, on a déjà eu des reproches mais au moins, c’est notre bouffe », raconte Gauthier, reconnaissant que la tartiflette fait partie de l’image de Westill. 

Une déclinaison végétarienne était proposée, et même si le plat remporte effectivement un franc succès, les organisteur·ice·s sont à l’écoute du public : « Je pense que pour l’année prochaine, on va proposer autre chose car on grossit, on se rend compte que certaines personnes n’aiment pas le fromage, ou sont allergiques au lactose… on proposera peut-être autre chose, mais on veut garder notre tartiflette. »

Les bénévoles en action.

Et de rebondir astucieusement sur la question du bar : « Je travaille dans le vin en tant que maître de chai, mais je suis aussi un grand passionné de bières. On pourrait mettre une seule marque connue, comme le font certains festivals et se dégager une plus grosse marge, mais on choisit des bières locales. C’est notre ligne, ça restera dans notre évolution et on la maintiendra jusqu’au bout ».

En outre, cette 6e édition du festival Westill a offert une très belle journée aux festivalier·ère·s, comme peuvent le confirmer les grands sourires des photos prises par les photographes professionnels et les réactions enthousiastes après chaque concert. Ce cadre convivial et cette envie de mettre en avant des artistes de l’Ouest de la France est tout à l’honneur de l’association. Dans ce cadre propice à la découverte musicale et aux belles rencontres entre passionné·e·s, nous pouvons remercier chaleureusement les bénévoles qui se sont investi·e·s pleinement pour rendre cette journée mémorable.

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Friperies nantaises: le business grandissant

Amateur de musique, de littérature et d'art en général, auteur de fantasy. J'aime découvrir et partager ce qui me passionne.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017