12 octobre 2022

Valentin Gaborieau : “Chez Fragil, je me suis senti écouté et valorisé ”

Valentin Gaborieau n’a pas encore trente ans, mais sa route croise celle de Fragil depuis de nombreuses années déjà. Il revient sur son parcours au sein de la structure, de son volontariat en service civique à la présidence de l’association.

Valentin Gaborieau : “Chez Fragil, je me suis senti écouté et valorisé ”

12 Oct 2022

Valentin Gaborieau n’a pas encore trente ans, mais sa route croise celle de Fragil depuis de nombreuses années déjà. Il revient sur son parcours au sein de la structure, de son volontariat en service civique à la présidence de l’association.

Fragil: Peux-tu rappeler ton parcours au sein de l’association ?

Valentin Gaborieau: J’ai intégré Fragil en 2016, en devenant volontaire en service civique sur la partie éducation aux médias. En 2017, la question du renouvellement du bureau s’est posée. La présidente s’en allait, il y allait avoir un nouveau bureau, un nouveau conseil d’administration. J’ai d’abord été élu à la vice-présidence avant d’être propulsé président de l’association en juillet 2018. Ce n’était pas évident d’atteindre ce niveau de responsabilité un an seulement après la fin de mon service civique. Heureusement, j’ai été entouré et soutenu. J’ai occupé la fonction pendant plus de trois ans avant d’arrêter la présidence au début de l’année 2022. Faute de temps pour me déplacer à Nantes (NDLR : Valentin habite à Cholet), pour participer aux actions, aux réunions. Mais j’ai voulu rester impliqué dans Fragil. Désormais, je suis secrétaire adjoint de l’association.

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Valentin lors d'un atelier avec des élèves à Couëron

Fragil: Qu’est-ce que tu retiens de ton expérience chez Fragil ? As-tu senti une progression de tes compétences, au fil des années ?

Valentin Gaborieau: Lorsque je suis arrivé dans l’association, je m’intéressais déjà à l’actualité, à ce qui pouvait se passer sur Internet avec déjà quelques notions en tête sur la production de l’information. Je sortais d’une licence en information communication où j’avais étudié la différence entre les sources journalistiques par exemple. Mon passage chez Fragil m’a ensuite permis d’apprendre à transmettre ces connaissances auprès de publics très différents, d’identifier les besoins selon les âges et les situations et faire de la prévention pour le plus grand nombre. Je suis quelqu’un de plutôt réservé. Humainement, mon expérience associative m’a aidé à m’ouvrir, à rencontrer du monde. J’ai réussi à prendre des responsabilités et ça m’a vraiment plu. Chez Fragil, je me suis senti écouté, valorisé. Cet élan collectif a également servi de porte d’entrée pour mieux connaître Nantes, ses associations et ses quartiers. D’un point de vue technique, j’ai également progressé dans l’organisation, dans mon rapport à l’autre et la gestion de mes émotions.

Fragil: Avec ton recul, quel regard portes-tu sur l’éducation aux médias, son évolution, et les activités proposées par Fragil ?

Valentin Gaborieau: Je me suis intéressé au sujet après l’attentat qui a touché Charlie Hebdo, en 2015. Lorsque je suis arrivé chez Fragil pour effectuer mon service civique, l’association avait déjà pris le tournant de l’éducation aux médias. Quand j’ai intégré le conseil d’administration, on est cependant reparti sur de nouvelles bases, avec une nouvelle équipe. Forcément, une nouvelle dynamique s’est installée. Des personnes ont été recrutées, de nouveaux projets ont été insufflés. Aujourd’hui, la demande est toujours croissante, pour tous les publics, avec un travail à notamment répéter dans l’univers scolaire, générations après générations.

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Valentin Gaborieau

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017