12 octobre 2022

Dany Tougeron : « Cette confiance qu’on m’a accordée, c’est l’ADN de Fragil »

Volontaire en service civique chez Fragil d’octobre 2018 à mai 2019, Dany Tougeron a ensuite poursuivi ses études à l’IJBA, l’école de journalisme de Bordeaux de laquelle il est désormais diplômé. Aujourd’hui journaliste indépendant notamment pour Ouest-France, Libération, La Croix hebdo à seulement 24 ans, le Vendéen d’origine se confie sur « la première expérience professionnelle » de sa vie.

Dany Tougeron : « Cette confiance qu’on m’a accordée, c’est l’ADN de Fragil »

12 Oct 2022

Volontaire en service civique chez Fragil d’octobre 2018 à mai 2019, Dany Tougeron a ensuite poursuivi ses études à l’IJBA, l’école de journalisme de Bordeaux de laquelle il est désormais diplômé. Aujourd’hui journaliste indépendant notamment pour Ouest-France, Libération, La Croix hebdo à seulement 24 ans, le Vendéen d’origine se confie sur « la première expérience professionnelle » de sa vie.

« A l’époque, j’avais très envie de découvrir les coulisses du journalisme… »

Au printemps 2018, Dany suit une amie dans un atelier de journalisme animé par l’association Fragil dans un bâtiment de l’université. Pour lui, c’est à deux pas, il est en troisième année d’histoire sur le même campus. Initié aux bases du journalisme lors des sessions auxquelles il assiste, il souhaite désormais découvrir le milieu médiatique et approfondir ses compétences journalistiques. Cependant, sa licence en poche, il hésite, il ne sait pas sur quoi enchaîner, et, un soir, alors qu’il scrolle sur Facebook, il voit passer l’annonce pour un volontariat en service civique au sein de l’association Fragil. « C’était la veille de la deadline pour envoyer sa candidature. A l’époque, j’avais très envie de découvrir les coulisses du journalisme et plus largement le monde des médias. Fragil m’offrait cette opportunité de scruter un peu plus cet univers en participant notamment à des actions d’éducation aux médias. »

Il postule, passe l’entretien et est retenu par l’équipe salariée, convaincue par sa motivation et sa curiosité. Pendant huit mois, il fait équipe avec Romane Tirel, recrutée elle aussi pour un volontariat, et, ensemble, les deux participent très activement à la vie de l’association, que ce soit pour alimenter le magazine ou pour préparer, participer voire créer des ateliers d’éducation aux médias. Un souvenir indélébile pour Dany : « ce qui m’a marqué, c’est la liberté qu’on m’a donnée pour monter un atelier. C’était un peu stressant, je me souviens, j’étais devant plus de 150 personnes dans un lycée à La Roche sur Yon et j’avais quasiment créé cet atelier autour de l’impact du numérique sur l’environnement de A à Z. J’étais accompagné par François-Xavier sur ce projet et cette confiance qu’on m’a accordée, c’est l’ADN de Fragil ».

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Journaliste volontaire

Après ce volontariat exemplaire à tout point de vue, Dany a courageusement préparé les concours aux écoles de journalisme qu’il visait et a réussi à intégrer l’IJBA de Bordeaux avant de rejoindre des institutions telles que Ouest-France ou Libération. « Fragil m’a permis de mieux comprendre le milieu journalistique, le milieu médiatique en général, sa complexité, ses errements parfois, en aiguisant toujours plus mon esprit critique. »

Aujourd’hui, journaliste indépendant et animateur d’ateliers d’éducation aux médias, il reste disponible et proche de Fragil autant que son emploi du temps le lui permet. « Fragil a été, pour moi, une belle porte d’entrée en général. Et ce que je peux désormais apporter, c’est ma disponibilité quand l’association a besoin de moi que ce soit pour l’éducation aux médias ou en terme journalistique, comme par exemple pour les articles de ce magazine des 20 ans. »

Invariablement souriant, Dany a aiguisé sa plume et son esprit critique pendant son passage chez Fragil et quel honneur pour l’association de voir qu’il s’en sert désormais avec justesse et intelligence.

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L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017