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2 décembre 2016

Je lutte donc je suis

L'Université Populaire de Nantes organise, chaque mois, des conférences gesticulées. Ce concept créé par Franck Lepage s'est développé dans la région nantaise ces trois dernières années. Rémi Segret, militant engagé, en est à l'initiative. Rencontre.

Je lutte donc je suis

02 Déc 2016

L'Université Populaire de Nantes organise, chaque mois, des conférences gesticulées. Ce concept créé par Franck Lepage s'est développé dans la région nantaise ces trois dernières années. Rémi Segret, militant engagé, en est à l'initiative. Rencontre.

Alors voilà. Comme un schéma dont on fait le copier/coller par une simple manipulation sur le clavier, Fillon a été élu pour les primaires de droite comme Trump a décroché la palme de la présidence des États-Unis. D’un revers de main digne de Queen Elisabeth, il a tout balayé. Les sondages, les prédictions, les prévisions, les couvertures médiatiques, les bla-bla télévisés. A force de vouloir déclarer un vainqueur trop vite, de marionnettiser des politiciens reconvertis en bêtes de foire, on finit par se planter, bien comme il faut, lamentablement, le nez dans la boue et on nous traine sur des kilomètres sans nous accorder un temps de pause et de clarté. Un tohu-bohu particulièrement bien orchestré mais visiblement, très approximatif. Noyer le poisson est devenu une spécialité dans cette société du spectacle, confuse et arbitraire.

J’irai plus loin que l’horizon, c’est bien mieux que le bout de son nez Oxmo Puccino, Toucher l'horizon

Alors voilà. Nous, avec Fragil, on a voulu sortir de cet embrigadement oligarchique en s’intéressant à une initiative alternative pour nous faire réfléchir, et nous faire participer à cette réflexion de manière collective. Arracher ces œillères et cette camisole que l’on essaie de nous faire adopter par la force. Comme le dit si bien Oxmo Puccino : « J’irai plus loin que l’horizon, c’est bien mieux que le bout de son nez », défi relevé !
René Descartes disait : je pense donc je suis, Rémi Segret a lui décidé d’aller plus loin en faisant de son engagement une lutte quotidienne, une arme de révolte.
Au programme de ce jeudi 24 novembre : « Culture à toutes les sauces ? », une conférence gesticulée animée par Anaïs Vaillant, ethnologue questionnant les regards contemporains portés sur les cultures populaires et traditionnelles. Pour y assister, le prix est libre, un parti-pris qui fonctionne et permettant à tout un chacun de participer selon ses moyens. Nous nous sommes ainsi glissés dans les rangs, parmi quelques 130 personnes, pour assister à cette conférence peu commune (mais tendant à se développer), organisée par l’Université Populaire de Nantes dont Rémi est à l’origine.
Fragil en a donc profité pour le rencontrer et mettre en lumière ce projet d’éducation populaire.


Rendez-vous le jeudi 8 décembre à la Salle Bretagne pour la prochaine conférence gesticulée de Serge Maschéroni : « Les hommes naissent libres et égaux à part la majorité d’entre eux… »

Vidéo réalisée par Merwann Abboud

Wax Tailor : Worldwide music

Inrocks Festival 2016 : Incubateur de talents

Curieuse de tout et surtout de l'info, Romane (se) pose beaucoup de questions. Salariée de Fragil, elle écrit sur l'éducation aux médias et la musique actuelle !

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017