28 octobre 2025

The Ascending en concert pour La Monstrueuse Galerie : quand la solidarité trouve sa voix

Vendredi 24 Octobre 2025 dans le centre-ville de Nantes, La Monstrueuse Galerie a accueilli le public pour un concert du groupe The Ascending. Un événement de soutien porté par Chloé Gravouille, sa gérante, dans le but de “sauver ce lieu d’art alternatif” unique à Nantes.

The Ascending en concert pour La Monstrueuse Galerie : quand la solidarité trouve sa voix

28 Oct 2025

Vendredi 24 Octobre 2025 dans le centre-ville de Nantes, La Monstrueuse Galerie a accueilli le public pour un concert du groupe The Ascending. Un événement de soutien porté par Chloé Gravouille, sa gérante, dans le but de “sauver ce lieu d’art alternatif” unique à Nantes.

Ce vendredi 25 Octobre 2025, rue de Strasbourg, une lumière singulière éclaire la nuit. Celle de La Monstrueuse Galerie. Chloé Gravouille, sa fondatrice, se prépare à accueillir le public pour un concert privé de The Ascending. Une initiative du groupe nantais. Très attaché à la galerie, il a tenu à se produire ce soir-là, pour soutenir le lieu aujourd’hui en difficulté.

Une galerie en crise

Un événement très particulier pour la jeune entrepreneure, qui malgré deux années prometteuses, voit depuis cet été la santé de sa galerie se dégrader. Après “un mois de juin compliqué”, avec des “visites en chute libre”, elle décide de tirer la sonnette d’alarme : “On subit tous.tes la conjoncture actuelle. En tant que jeune entreprise, les premières années sont cruciales. Alors, en septembre j’ai pris la décision de dire que ça n’allait pas pour la galerie, que tout pouvait s’arrêter demain.”

Un aveu difficile pour cette indépendante passionnée qui, à sa grande surprise, reçoit en retour, de nombreuses “démonstrations d’amour” du public, touché par son histoire. Des messages de soutien, d’encouragement mais aussi des dons sur sa cagnotte en ligne, forment peu à peu un véritable élan collectif.

Chloé Gravouille, gérante de La Monstrueuse Galerie @Paul Ruault

The Ascending répond à l’appel

En apprenant la nouvelle, les membres du groupe n’hésitent pas à lui écrire, eux aussi : “On aime beaucoup la galerie. Quand on a vu qu’elle avait besoin d’aide, on a proposé à Chloé d’organiser un petit concert de soutien”, raconte Eddy Kaiser, chanteur et guitariste du groupe.

Chloé accepte alors cette proposition avec beaucoup d’émotion : “C’est important de voir que la solidarité existe, surtout de manière aussi spontanée, sans rien attendre en retour. Il y a quelque chose de magique et ça m’échappe complètement…”

Un geste fort de la part d’un groupe “coup de coeur” pour cette jeune femme : “C’est un groupe qui me touche personnellement de par sa poésie, sa douceur et sa noirceur aussi. Un contraste percutant qui résonne avec la galerie.”

The Ascending, en concert acoustique au milieu du public de La Monstrueuse Galerie @Paul Ruault

Une soirée unique, pour tous et toutes

Pour le groupe, ce concert fait aussi événement : “C’est la première fois qu’on joue dans un endroit intimiste comme celui-là, c’est même pour ça qu’on a choisi la version acoustique”, explique Eddy, quelques minutes avant l’ouverture des portes. Il est rejoint par Alex Costitch, guitariste et claviériste du groupe, lui aussi très enthousiaste : “Depuis l’annonce, on avait hâte d’être ici !”.

Dans la rue, les fans et amateurs d’art patientent avec le sourire. Trois amies expliquent ce qui a motivé leur venue : “J’ai vu sur les réseaux que la galerie était en difficulté et avait lancé un crowdfunding*. C’est tellement cool comme concept, que j’avais envie de l’aider à vivre !” 

L’une d’entre elles raconte être déjà passée plusieurs fois devant la galerie. La troisième, n’habitant pas à Nantes, explique avoir découvert la galerie grâce aux réseaux sociaux, sans jamais trouver l’occasion de venir la visiter. Cette soirée était donc l’opportunité idéale pour elles d’entrer dans l’univers “atypique”, à l’esprit “cabinet de curiosités” de la Monstrueuse Galerie.

Créer pour résister

Être indépendante, pour Chloé, c’est pouvoir choisir. Choisir ses artistes, ses collaborations, sa ligne artistique. Une ligne audacieuse, née d’une “frustration” de ne pas trouver d’espace dédié à l’esthétique dark art et au street art. Un lieu où explorer des thèmes obscurs comme la mort, la mélancolie ou la spiritualité dans un esprit urbain et engagé. En 2023, motivée par l’envie de proposer une « vision radicale de l’art”, elle fait le pari de créer La Monstrueuse Galerie : un lieu réunissant l’art, le tatouage et la culture rock. Une sorte d’univers parallèle “où le Beau se fait étrange, mystérieux, et contestataire”.

Vitrine de La Monstrueuse Galerie, 13 rue de Strasbourg @Paul Ruault

“Qu’est-ce qu’on risque à risquer ?” Cette phrase, l’ancienne art thérapeute la répétait souvent à ses patient.es. Elle continue à la vivre aujourd’hui dans sa galerie. “C’est important pour moi d’aller au bout des choses. Si demain tout s’arrête, j’aurais tout tenté”, nous explique Chloé, “rechargée à bloc” avant de scander fièrement : “Longue vie à la Monstrueuse Galerie !”.

*Financement participatif (crowdfunding = « financement par la foule ») permet le développement de projets de tous types en s’appuyant sur les contributions financières du grand public.

Pour Louise, cette saison rime avec engagements dans les médias associatifs. Un nouveau rythme de vie en indépendante lui permet de s’investir davantage, et de se lancer comme rédactrice chez Fragil, le webzine nantais local et engagé.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017